Science

Découverte d’un chewing-gum préhistorique

Au Danemark, la découverte d’un chewing-gum préhistorique, vieux de 5 700 ans, a permis de dresser le portrait de Lola, petite fille de l’époque paléolithique. Des fouilles sur le site de Stylholm, dans le Sud du pays, ont sorti de terre une pâte à mâcher datant du paléolithique. Les chercheurs de l’Université de Copenhague ont pu en extraire un génome humain, ancien, complet, et en déduire des caractéristiques très précises sur son propriétaire.

Découverte d'un chewing-gum préhistorique - Le blog du hérisson
©Theis Jensen / Université de Copenhague / AFP

Un trésor d’informations, d’une taille de 2 cm, qui avait conservé le précieux ADN d’un Homme préhistorique. 

Il n’est pas toujours désagréable de tomber sur un vieux chewing-gum dans la nature ! Les chercheurs de l’Université de Copenhague ne peuvent pas dire le contraire. Cette précieuse découverte, avait été si bien “mâchouillée“ par son propriétaire, qu’elle avait conservé de la salive, et donc de l’ADN. Suffisamment pour en prélever un génome complet.  

Ces dernières années, les études sur l’ADN ont particulièrement évolué, permettant une meilleure traçabilité des populations et de leurs migrations dans le temps et l’espace. Mais pendant longtemps, les recherches sont restées difficiles, car l’analyse portait surtout sur des restes organiques (os, dents). Pour extraire et étudier l’ADN, il faut broyer les éléments, et la rareté des découvertes d’extraits humains ne permet pas de gaspillage. 

Au contraire, on retrouve régulièrement des chewing-gums préhistoriques, qui se conservent très bien dans le temps grâce à leur composition en écorce de bouleau chauffée (sorte de mastic), et au lieu où ils sont retrouvés. En effet, sur le site de Syltholm, une bonne préservation a été rendue possible grâce à la boue, qui a figé dans le temps, les restes de nos ancêtres. Jusqu’à présent, l’étude des chewing-gums présentaient peu d’intérêts pour les chercheurs. Ce n’est donc plus le cas aujourd’hui ! 

A partir d’un chewing-gum mâché, les chercheurs ont pu dresser le portrait de Lola, petite fille du paléolithique, et de son mode de vie. 

La première découverte, c’est tout d’abord que le propriétaire de ce chewing-gum est une femme, plutôt une fillette, avec des dents de lait. Les chercheurs avaient déjà démontré que les hommes du paléolithique fabriquaient de la pâte à mâcher et qu’elle avait plusieurs utilités : pour les populations de chasseur-cueilleur, la pâte ainsi mâchée servait à coller les flèches sur les bâtons ; elle pouvait également aider à la digestion, servir d’antiseptique (pour soigner les dents) ou bien tout simplement, être mâchée pour le plaisir, comme aujourd’hui. 

L’étude du génome présent dans ce chewing-gum a révélé que Lola, ainsi nommée par les chercheurs, avait les yeux bleus (rien de surprenant pour une scandinave), les cheveux bruns et la peau foncée. Ces dernières caractéristiques sont plus surprenantes pour une habitante du Nord de l’Europe. Les chercheurs ont pu en déduire que cette fillette appartenait génétiquement aux populations de l’Europe de l’Est, qui auraient migré comme beaucoup d’autres auparavant, plutôt qu’à celles du centre de la Scandinavie.

A part mâcher du chewing-gum, quelles étaient les habitudes de cette petite fille de l’époque préhistorique ?

Sur ce fameux chewing-gum, en plus de l’ADN de la fillette, les chercheurs ont également pu extraire de l’ADN de microbes oraux et de plusieurs agents pathogènes humains. Comme l’explique Hannes Schroeder, chercheur à l’université de Copenhague, ces espèces sont principalement sans danger, “ mais certaines sont potentiellement très pathogènes comme le Streptococcus pneumoniae, qui est la principale cause de pneumonie. Nous avons également récupéré l’ADN du virus Epstein-Barr, responsable de la mononucléose infectieuse ”. “ Cela peut nous aider à comprendre comment les agents pathogènes ont évolué et se sont propagés au fil du temps, et ce qui les rend particulièrement virulents dans un environnement donné « .

La pâte contenait également de l’ADN d’espèces végétales, de la noisette, et animales, laissant supposer qu’ils avaient été mangés peu de temps avant que la fillette ne mâche son chewing-gum à la gomme de bouleau. Des ossements de canards ont d’ailleurs été retrouvés dans le même périmètre que le chewing-gum. Ces éléments confirment ainsi que la petite fille appartenait bien à un groupe de chasseur-cueilleur

Cette toute petite découverte en taille est une révolution dans l’étude de l’époque paléolithique. C’est la première fois que les chercheurs réussissent à pousser l’analyse ADN jusqu’à pénétrer le mode de vie des hommes du paléolithique, et à dessiner le portrait de Lola, une petite fille née il y a presque 6 000 ans.

Magali Ranson

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Lola d’après les analyses ADN ©Tom Björklund / Université de Copenhague

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