Environnement

Sauver la Grande Barrière de corail : un défi immense

Fantastique variété de coraux, faune et flore abondante, sublime eau turquoise : la Grande Barrière fait incontestablement partie des sept merveilles de la nature. Visible depuis l’espace, ce récif corallien situé au large de l’Australie constitue la plus grande structure créée par des organismes vivants sur notre planète. Mais voilà, entre changement climatique, pollution, pêche excessive ou étoile de mer dévoreuse de coraux, ce joyau inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO est en grand danger. En 2012, la National Academy of Sciences estimait que la Grande Barrière avait perdu la moitié de sa surface corallienne depuis 1985. L’hécatombe s’est accélérée suite aux épisodes catastrophiques de blanchissement de coraux ayant eu lieu en 2016 et 2017. Comment sauver la Grande Barrière de corail ? Quel avenir pour cet écosystème unique au monde ? Éléments de réponse.

Sauver la Grande Barrière de corail - Le blog du hérisson
©Frauke Feind

Une prise de conscience du gouvernement australien

En mars 2015, le gouvernement australien et l’État du Queensland ont présenté un plan d’action visant à protéger et préserver la Grande Barrière de corail jusqu’en 2050. Dans ce document nommé « Reef 2050 Plan », des solutions étaient proposées pour améliorer la qualité de l’eau, restaurer l’écosystème du récif et s’attaquer aux étoiles de mer dévoreuses de coraux. En revanche, aucune préconisation concrète n’était mentionnée pour lutter contre le changement climatique. Après les terribles vagues de chaleur ayant entraîné un blanchissement des coraux en 2016 puis en 2017, le gouvernement australien a pris des mesures fortes. 

En avril 2018, il s’est engagé à débloquer 500 millions de dollars australiens pour protéger la Grande Barrière de corail. Trois mois plus tard, le « Reef 2050 Plan» a été mis à jour en reconnaissant finalement l’impact du changement climatique sur l’écosystème récifal. Par ailleurs, six projets innovants susceptibles de sauver les coraux ont été retenus pour être testés. Une des propositions consiste à éclaircir les nuages avec des cristaux de sels marins pour mieux réfléchir le soleil. Une autre idée serait de protéger la mer de la chaleur grâce à un film biodégradable.

Des haut-parleurs pour sauver la Grande Barrière de corail

Pour maintenir l’équilibre de son écosystème, la Grande Barrière a absolument besoin de la présence de poissons. En effet, en se nourrissant de déchets organiques, ces derniers nettoient le récif et permettent la régénération des coraux en mauvaise santé. Cependant, depuis les grandes vagues de chaleur, les espèces de poissons qui ont déserté vers des eaux plus froides ne reviennent pas. La raison est simple : le son d’un récif en bonne santé agit comme une balise acoustique. Le manque de bruit dans les zones coralliennes frappées par le blanchissement empêche donc les poissons de retrouver leur chemin. 

En novembre 2019, la revue scientifique Nature Communications a publié les résultats d’une expérience d’enrichissement acoustique menée par des chercheurs britanniques et australiens autour de l’île Lizard. Ces derniers ont construit 33 parcelles récifales mortes, au sein desquelles ils ont installé des haut-parleurs. Pendant 40 jours, certains appareils ont diffusé le son de coraux en bonne santé, tandis que les autres sont restés silencieux. Les scientifiques ont alors constaté que la quantité de poissons avait augmenté de 50 % dans les zones couvertes par les haut-parleurs actifs. Encore mieux, les espèces attirées se sont installées dans le récif. Combiné à une restauration de l’habitat et à des mesures de conservation efficaces, ce dispositif pourrait accélérer le repeuplement de la Grande Barrière de corail.

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©csharker

Une lueur d’espoir après la ponte des coraux en 2019

Une fois par an, les coraux de la Grande Barrière se reproduisent de manière très synchrone entre octobre et novembre. Cette période de ponte en masse, qui ne dure que 48 à 72 heures, a toujours lieu après la pleine lune lorsque la température de l’eau est chaude. Au cours de ce spectacle extraordinaire, une immense quantité d’ovules et de spermatozoïdes sont relâchés simultanément pour donner naissance à une nouvelle génération de coraux. 

Selon les premières observations, la ponte 2019 a été excellente en comparaison avec les années précédentes. Pablo Cogollos, un biologiste marin basé à Cairns, estime même que c’est la meilleure depuis cinq ans. Cette nouvelle est une véritable lueur d’espoir pour repeupler la Grande Barrière de corail. À ce sujet, des scientifiques ont lancé un projet en 2018 pour récolter des ovules et des spermatozoïdes de coraux pendant la période de reproduction. Ce programme a pour objectif de cultiver des larves destinées à être réimplantées dans les zones abîmées du récif. 

Une aide précieuse venue d’un îlot de roches volcaniques

En août 2019, deux navigateurs australiens ont découvert un îlot de pierre ponce flottant dans l’océan pacifique. Selon le NASA Earth Observatory, il serait le fruit d’une éruption volcanique sous-marine à 40 m de profondeur près des îles Tonga. Poreux et léger, cet amas de 120 km2 se déplace sur l’eau et devrait atteindre la côte est australienne entre février et avril 2020. Les scientifiques estiment qu’il pourrait aider à sauver la Grande Barrière de corail

En effet, au cours du voyage, une multitude de coraux et autres espèces aquatiques risquent de s’accrocher à la roche volcanique. Les coraux transportés auront notamment le temps de se reproduire puisque leur période de ponte se déroule pendant le printemps austral. Concrètement, on peut dire que l’îlot va servir de radeau pour apporter des organismes marins en bonne santé vers la Grande Barrière. Ce phénomène est donc une véritable aubaine pour aider l’écosystème du récif corallien à se reconstruire.

Plus que jamais, la Grande Barrière de corail est en danger. Pour rétablir cet écosystème fragile, le gouvernement australien, les scientifiques et les écologistes cherchent des solutions. Tout ce travail est évidemment très important, mais l’environnement ne doit-il pas être l’affaire de tous ? Aujourd’hui, le réchauffement climatique est la principale menace pesant sur la survie du récif corallien. Alors, une question se pose : et si le meilleur moyen de sauver la Grande Barrière de corail était simplement une prise de conscience générale ?

Yoann Gorin

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