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Louise Michel, féministe et révolutionnaire

Connaissez-vous Louise Michel ? Fille née hors mariage, enseignante, écrivaine, elle n’a cessé toute sa vie, de se battre pour l’égalité, et surtout pour défendre les droits des femmes et des ouvriers. Découvrez la vie peu commune pour le XIXe siècle, de Louise Michel, féministe et révolutionnaire, figure majeure de la Commune de Paris.

Louise Michel, féministe et révolutionnaire - Le blog du hérisson

Une éducation libérale pour Louise Michel

Louise est née d’un riche châtelain et d’une servante en 1830, en Haute-Marne. Elle reçoit une éducation libérale, humaniste et une instruction solide. Elle est élevée, près de sa mère, par ses grands-parents paternels dans un milieu imprégné de la philosophie des Lumières. On lui fait lire Voltaire et Rousseau. À la mort de ses grands-parents, elle doit quitter le château de Vroncourt avec sa mère. C’est la fin de l’appartenance au milieu aisé que lui conféraient ses aïeux.

Carte postale du château de Vroncourt - Le blog du hérisson
Carte postale

Une institutrice et écrivaine

La tâche des instituteurs, ces obscurs soldats de la civilisation, est de donner au peuple les moyens intellectuels de se révolter. Mémoires, 1886

À 21 ans, elle suit des études à Chaumont où elle obtient le brevet de capacité lui permettant de devenir institutrice. Mais elle refuse de prêter serment à l’empereur Napoléon III, monté sur le trône un an plus tôt, alors que c’est obligatoire pour enseigner en France. Elle ouvre donc sa propre école en 1853 : une école gratuite et mixte, ce qui est inhabituel pour l’époque !
En 1856, elle part enseigner à Paris dans une institution. En parallèle, elle s’inscrit aux cours d’instruction populaire où interviennent des républicains convaincus. L’institutrice fréquente des intellectuels et rédige des articles dans des journaux d’opposition. Elle écrit également des poésies engagées et établit une correspondance avec Victor Hugo.

Une défenseuse des droits des femmes et des ouvriers

Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire.

Louise devient secrétaire de la Société démocratique de moralisation, une association qui défend les ouvrières et les ouvriers. Elle encourage les femmes à travailler et à vivre de leur travail. Elle lutte contre la prostitution. En effet, malgré la morale prédominante, Paris demeure la capitale de la prostitution. Enfin, la militante révoltée par la misère ouvrière, participe à la revendication des droits des ouvriers.
En 1871, elle devient présidente du Comité de vigilance républicain. Pour elle, l’émancipation du peuple passe par l’accès à l’instruction et l’éducation. L’institutrice fonde plusieurs écoles et organise une cantine gratuite pour les élèves. Toujours enseignante, elle participe aussi à des réunions politiques. Elle y rencontre Théophile Ferré, un révolutionnaire dont elle tombe secrètement amoureuse.

Une révolutionnaire humaniste

Chacun cherche sa route, nous cherchons la nôtre et nous pensons que le jour où le règne de la liberté sera arrivé, le genre humain sera heureux.

En mars 1871, après l’instauration de la IIIe République, un mouvement révolutionnaire, appelé la Commune de Paris, éclate. La féministe lutte auprès des Fédérés sur les barricades. Le mouvement veut abolir la prostitution et reconnaît l’union libre. La révolutionnaire est la première à arborer un drapeau noir, symbole du mouvement. Le drapeau est improvisé à partir d’un tissu de jupon noir et fixé sur un manche à balai. La militante est ambulancière, combattante, propagandiste et colleuse d’affiches. Mais la commune prend fin dans un bain de sang : la police tuera 20 000 Parisiens. Louise et ses compagnons sont recherchés par la police. Pour faire pression sur elle, la police arrête sa mère âgée. La militante se rend. Le conseil de guerre ne mettant pas à mort les femmes, elle est condamnée à la déportation à vie. Théophile Ferré est condamné à mort et fusillé.

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Arrestation de Louise Michel, le 28 mai 1871, peinture de Jules Girardet ©Wikimedia

Une déportée anarchiste

Louise est envoyée au bagne en Nouvelle-Calédonie, une colonie française. Nouméa est à 18 000 kilomètres, suffisamment pour éloigner le spectre de la révolution sociale. Sur le bateau, elle est accompagnée de Nathalie Lemen, militante féministe et une des premières syndicalistes françaises. Elle est institutrice pour les enfants des déportés puis à l’école communale des filles. Elle se forme aux idées anarchistes et fait sienne ce concept de liberté dans lequel la domination et l’autorité sont abolies. En 1878, la militante soutient la grande révolte Kanak contre les colons. Finalement, grâce à la loi d’amnistie totale votée en juillet 1880, elle revient en France.

Louise Michel, l’éternelle militante

Notre place ne doit pas être mendiée, mais prise.

De retour en France, elle reste surveillée par la police. Cependant, elle poursuit son militantisme en faveur de l’émancipation féminine, du droit des ouvriers et défend l’abolition de la peine de mort. En 1895, elle fonde avec Sébastien Faure, le journal ‘Le Libertaire’. Elle rejette les classes, l’église, l’école traditionnelle, l’entreprise et les partis politiques. La militante devient conférencière en France, et dans d’autres pays européens. Malade depuis plusieurs années, elle meurt en janvier 1905, d’une pneumonie lors d’une tournée dans le sud de la France, à Marseille. Une foule immense est présente lors de ses funérailles et l’accompagne jusqu’au cimetière de Levallois.

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Dessiné par Huguette Sainson, gravé en taille-douce par Cécile Guillaume ©La Poste

En 1946, la station de métro Vallier, située sur la commune de Levallois-Perret, est rebaptisée, Louise Michel. Environ deux cents établissements scolaires portent également son nom. Personnalité marquante de la Commune de Paris, éprise de liberté, Louise Michel, féministe, révolutionnaire et anarchiste eut une incroyable vie, dédiée au combat pour une société plus juste. En 2020, un navire de sauvetage en Méditerranée est également nommé Louise Michel, financé par l’artiste Banksy.

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Stéphanie Gorostégui

→ Au coeur de l’Histoire : Louise Michel et le bagne de Nouvelle-Calédonie

 

2 réflexions sur “Louise Michel, féministe et révolutionnaire

  • Entre nous, je ne connaissais pas Louise Michel ! Je te remercie pour cette belle découverte ; cet article est vraiment intéressant et explicite. Le combat de cette femme est honorable.

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