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Reconnaissance Faciale : 5 facettes à découvrir

Véritable révolution technologique, la reconnaissance faciale est apparue dans les années 70, venant modifier à jamais la face du monde dont nous vous faisons découvrir 5 facettes. Elle s’inscrit dans le prolongement de tous les systèmes d’identification des individus, dans le but premier d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Mais les applications vont à l’heure actuelle, bien au-delà de cette priorité : les entreprises et les individus l’utilisent pour leur propre besoin. On est face à une nouvelle manifestation d’intelligence artificielle. À ce stade, viennent se poser les questions cruciales du respect des libertés individuelles et de la fiabilité de ce système. Big Brother aurait-il un accès privé jusques chez nous ? Pouvons-nous faire confiance à cette technologie ? Si l’identification digitale ou palmaire rassure par l’immuabilité de ses empreintes, qu’en est-il d’un visage transformable à souhait, du fait de l’âge, du maquillage ou du mimétisme ? Les logiciels actuels sont-ils assez performants pour démasquer Maléfique sous les traits apparents de la Belle au Bois Dormant ? Comment ce système de surveillance est-il perçu et légiféré par les États ? Voici le portrait de face et de profil de cette nouvelle technologie.

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1. La Reconnaissance Faciale, c’est quoi exactement ?

• Comment ça fonctionne 

Concrètement ce dispositif nécessite : 

  • Une caméra qui photographie ou filme le visage et effectue des mesures biométriques, en prenant des points précis de celui-ci grâce à un logiciel ;
  • Un ordinateur, muni d’algorithmes puissants, qui comprend et interprète les points pour aboutir à la reconnaissance faciale proprement dite.

Elle se différencie donc du système de détection des visages qui repère simplement la présence ou non d’une figure sur l’image. C’est un système beaucoup plus poussé qui permet :

  • d’identifier un individu, en le comparant à d’autres, déjà introduits dans une base de données, afin de savoir qui il est ;
  • d’authentifier une personne en la comparant à “elle-même”, c’est-à-dire en vérifiant si elle correspond bien à ce qu’elle prétend être. Il faut donc au préalable que celle-ci soit enregistrée dans une base de données.

• Ça sert à quoi ?

Oui mais tout ça pour quoi ? La biométrie faciale connaît de multiples utilisations. Son principe est de confirmer l’identité d’un être humain. L’objectif à atteindre dépend ensuite de l’utilisateur. Les services de police s’en servent surtout pour retrouver quelqu’un et le corps médical pour poser des diagnostics poussés : ils bénéficient d’une reconnaissance faciale 3D qui prend en compte la texture de la peau, les expressions et le vieillissement des traits.

Pour une entreprise, le but poursuivi est souvent commercial, tandis qu’un particulier l’adopte comme un moyen de protection. L’idée est alors de verrouiller l’accès des biens et services (domicile, véhicule, compte bancaire, etc.) aux individus non concernés, en l’autorisant aux seules personnes habilitées. Généralement une reconnaissance faciale 2D suffit amplement.

2. Les différentes utilisations de la Reconnaissance Faciale

• Applications par les Services Publics

Les Services de Renseignements et de Sécurité utilisent de plus en plus cette source d’information virtuelle quasi instantanée, dont ils tirent parti  pour :

  • Traquer des individus recherchés par la Police ;
  • Retrouver des personnes disparues ;
  • Détecter les usurpateurs d’identité ;
  • Contrôler des comportements suspects.

Considérablement mise à profit aussi par les Services des Douanes, la reconnaissance faciale facilite le contrôle des passagers et renforce la sécurité des transports aériens. Certaines gares ont emboîté le pas des aéroports afin de fluidifier les files d’attente aux bornes de contrôle. Passeports et cartes d’identité sont les éléments principaux qui servent à leurs bases de données. 

• Applications Médicales

Acteurs fondamentaux dans la mise en place de cette nouvelle biotechnologie, l’Institut National de Recherches sur le Génome Humain (NHGRI) ou encore la société FDNA de Boston, grâce à son application Face2Gene, dépistent les dysmorphies faciales avec un pourcentage de réussite 20 % supérieur à celui des médecins. Avec ce genre d’appareils de mesures biométriques, les cliniciens détectent désormais, de manière plus sûre et plus rapide, certaines maladies génétiques liées à une malformation du visage. C’est le cas, par exemple, des syndromes de Digeorge, de Cornelia de Lange ou encore de Noonan, qui nécessitaient auparavant un parcours long et onéreux pour poser un diagnostic formel. 

• Applications dans le Cadre Privé et Commercial

Ouvrir une porte grâce à la reconnaissance faciale n’est plus seulement l’apanage des films futuristes et payer en “un clin d’œil” devient aussi réel au propre qu’au figuré. Le smartphone a permis de vulgariser ce système, les utilisateurs s’en servent pour le déverrouiller, effectuer leurs achats mais aussi pour se divertir.

Les entreprises ont bien compris la puissance de cette nouvelle intelligence artificielle, qui leur permet de mieux cibler leur clientèle. Certaines grandes marques proposent des essais virtuels de maquillage, de lunettes ou de vêtements à partir de la photo d’un portrait, importée par le client lui-même. Au Royaume-Uni, plusieurs centaines de stations-service personnalisent les publicités, qui défilent à la caisse et devant les pompes, en fonction du consommateur dont le visage a été filmé quelques secondes auparavant.

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3. Un système de mesure biométrique mondialement répandu

• Le continent asiatique en tête de cette nouvelle IA

La Chine bat tous les records. C’est la plus grande utilisatrice et consommatrice mondiale de reconnaissance faciale : aéroports, hôtels, passages piétons, distributeurs de papiers toilette, rien n’échappe aux vingt millions de caméras qui jalonnent le pays. Les chiens ont droit au même traitement de faveur pour être retrouvés ou soustraits à leurs propriétaires malveillants.

L’Inde souhaite s’aligner sur l’Empire du Milieu, après avoir testé avec succès ce système à New Delhi et retrouvé, en moins d’une semaine, près de 3 000 enfants portés disparus. Elle affiche clairement sa volonté d’aider la police, en manque d’effectifs, à assurer la sécurité nationale auprès d’une population très nombreuse.

Le Japon est le premier en terme de technicité. Son appli NeoFace extrêmement performante, peut calculer jusqu’à 230 millions de visages par seconde. En plus des métros, ce sont bientôt tous ses réseaux de transport en commun qui vont être équipés ainsi que les établissements publics.

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• Les différents visages de la Reconnaissance Faciale dans les autres continents

Les USA ne sont pas en reste non plus. Avec une seule photo, le FBI peut accéder à toutes les informations que l’internaute laisse sur le web, via l’appli Clearview. Le Canada a reconnu utiliser la même application dans le cadre de sa sécurité intérieure. La Russie a muni les policiers de sa capitale d’une appli sur leur téléphone, les alertant lorsqu’une personne recherchée est reconnue par une caméra de biométrie faciale.

En Europe, le Royaume-Uni diffuse largement cette pratique aux noms de la sécurité, de la promotion commerciale ou encore du divertissement des particuliers.

La France, très sensible sur la question de la Sécurité Nationale a déjà effectué des tests grandeur nature à Paris ou à Nice, cible d’actes de terrorisme lors du Carnaval. Des milliers de volontaires ont accepté cette expérimentation, signe d’un changement de mentalités dans la population elle-même. Avec son appli Alicem, l’État français affiche sa volonté d’étendre bientôt l’utilisation de ce système, aux internautes qui voudront accéder aux services publics en ligne.

4. Les Risques liés à ce mode de surveillance

• Risques juridiques

La protection des données informatiques est devenue un enjeu majeur depuis l’avènement de la biométrie faciale. La moindre fuite serait catastrophique et semble pourtant inévitable dans un monde où le hackage est largement répandu. 

Les États sont d’ailleurs dépassés juridiquement par cette nouvelle IA qui est allée plus vite que leur législation. La question des libertés individuelles est sur toutes les lèvres : désormais les autorités publiques semblent avoir un droit sur l’image des personnes, sans leur approbation. En France, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) confirme que leur accord préalable n’est pas nécessaire lorsque l’intérêt public est en jeu. Cependant elle se veut prudente et propose d’étudier l’utilisation de ce dispositif biométrique au cas par cas, pour décider de sa légitimité ou non. 

• Risques technologiques et sociaux

Les États ne possèdent pas tous la même technologie d’identification, les erreurs sont courantes, et particulièrement discriminatoires pour les femmes et certaines minorités ethniques, difficiles à reconnaître pour certains capteurs. Aux États-Unis, plusieurs villes importantes, comme New-York et San Francisco, ont interdit l’utilisation de la reconnaissance faciale dans les rues et par leurs services de Police.

Les risques sociaux ne sont pas à prendre à la légère non plus. L’application chinoise Zao, qui permet de transposer dans un film ou un montage vidéo, son visage ou celui d’une personne dont on a une photo, a déjà eu des répercussions importantes dans la vie privée et publique de milliers d’utilisateurs. L’impact est même énorme psychologiquement : certains ont eu leur vie détruite car, a priori on ne remet pas en question la véracité des images. Les gens y croient, un point c’est tout.

5. Comment gérer la Reconnaissance Faciale

• Prise de conscience de la part des autorités 

Actuellement, ce dispositif biométrique est impuissant face à la dissimulation d’un visage ou à certains logiciels l’empêchant d’entrer en action. Face à son application croissante dans les États, les gouvernements souhaitent trouver des lois adéquates et conformes au RGPD. Les nombreuses failles de ce système empêchent de lui conférer une crédibilité totale. 

Les 28 membres du Congrès américain confondus avec des criminels, par l’appli Rekognition d’Amazon, en sont une preuve terrifiante, parmi tant d’autres. Les autorités demandent donc une consolidation de cette technique et une protection poussée des bases de données. Pour les États, il est clair que ce système d’identification devient un sujet prioritaire en terme de cyber sécurité.

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• Vulnérabilité des individus 

Dans le cadre privé, les individus se prêtent volontiers au jeu de la reconnaissance faciale. C’est ainsi que les réseaux sociaux qui proposent ce genre d’applications, possèdent librement des milliers de photos de leurs utilisateurs : c’est un crédit à leur profit. L’appli russe, Face App, peut ainsi utiliser à vie les portraits de ses abonnés, qui ignorent pour la plupart toutes les conditions sous-jacentes.

Le consommateur est vulnérable et doit être responsabilisé face à une technologie qu’il croit maîtriser, mais qui le dépasse complètement. S’informer des risques sur sa vie privée, prévenir son entourage, sensibiliser les jeunes sont les réflexes qu’il va falloir adopter face à la démocratisation massive de la reconnaissance faciale.

Et vous, êtes-vous prêts à vous faire photographier partout ? Dévoilez ici votre vision de ce nouveau système d’identification : “Souriez, vous êtes filmés !”

Marie de Champeaux

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