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Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse

Dans un vibrant plaidoyer intitulé Sois jeune et tais-toi Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse, Salomé Saqué dresse le portrait d’une génération qui tente de prendre son indépendance mais se heurte à de nombreux obstacles inconnus de ses aînés. La journaliste engagée prône une solidarité entre les âges afin de faire face aux bouleversements qui menacent l’humanité toute entière.

Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse - Le blog du hérisson
©Sud Ouest

Clichés et critiques

Selon un flot de clichés et de critiques abusifs et éculés, les jeunes seraient paresseux, incultes, égoïstes, individualistes. Insuffisamment  engagés, infidèles face à l’emploi, ils seraient collés aux écrans et accros aux réseaux sociaux. Salomé Saqué relève également des titres peu amènes de la part des médias tels que :

Les jeunes salariés « individualistes et moins efficaces » (L’Express), Pénurie de main-d’œuvre, les jeunes sont-ils paresseux ? (RMC), Langue des jeunes : un rétrécissement linguistique (Valeurs actuelles).

Hériter ou mériter ?

Les jeunes demeurent dépendants plus longtemps du fait de l’allongement de la durée des études, la baisse des salaires d’entrée et la moindre qualité des emplois proposés. La journaliste de Blast en vient à tirer la conclusion qu’il vaut mieux « hériter que mériter » car le poids des inégalités à la naissance est plus fort que chez les générations précédentes. Le mythe de la méritocratie est ainsi mis à mal.

Emploi et chômage

Salomé Saqué relève que la situation économique de la France s’est lentement détériorée depuis les années 1970 et la fin des Trente Glorieuses. De ce fait, malgré une diminution, le chômage des jeunes reste plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale. Il existe en outre une plus grande précarisation de l’emploi que par le passé : CDD, stage, intérim, micro-entreprise. Les nouvelles générations se tournent de plus en plus vers la gig economy ou « économie à la tâche », notamment dans le secteur de la livraison à domicile.

Par ailleurs, d’un point de vue démographique, les 18-29 ans représentent une minorité, seulement 13,7 % de la population française, contre 26,7 % pour les plus de 60 ans. Si les « séniors » de plus de 45 ans se sentent victimes d’âgisme, les nouvelles générations ne s’avèrent pas pour autant mieux loties face à l’emploi. En effet, elles sont plus exposées au chômage et font précisément l’objet de discriminations basées sur leur jeunesse.

Logement et patrimoine

Le phénomène des Tanguy (tiré du personnage éponyme du film d’Étienne Chatiliez) ne cesse de croître actuellement. Selon l’Insee, en 2018, 46 % des 18-29 ans habitaient encore chez leurs parents, une proportion qui s’élevait aux deux tiers pour les 18-24 ans. La fracture générationnelle la plus forte concerne le patrimoine immobilier, car l’inflation dans ce domaine a favorisé les boomers aux dépens des trentenaires d’aujourd’hui, ce qui augmente le poids des héritages familiaux. Les générations précédentes avaient la possibilité d’acquérir un bien grâce au fruit de leur travail. Au contraire, l’accès des jeunes au logement est limité, en location comme à l’achat, ou bien, dans le meilleur des cas, la surface du bien est réduite.

Pandémie et sacrifices

Les nouvelles générations ont été frappées de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Faute de RSA ou de chômage partiel, elles ont subi les conséquences de la crise sur leurs revenus et leur vie. De nombreux sacrifices ont ainsi été faits : petits boulots supprimés, études gâchées, mobilités internationales annulées, diplômes dévalorisés. Les jeunes ont par ailleurs été meurtris de devoir interrompre leurs premières relations amicales, amoureuses ou professionnelles. Ils furent ainsi affectés sur le long terme par une détresse psychologique et des problèmes de santé mentale.

Environnement et climat

L’ultime différence générationnelle concerne la question de l’environnement car les jeunes souffrent davantage d‘éco-anxiété et font le constat amer du comportement de certaines entreprises face à la crise écologique. Les nouvelles générations se sont ainsi massivement mobilisées contre la réforme des retraites. Elles opposent l’allongement de la durée du travail aux conséquences néfastes du travail productif sur le climat, l’avenir de notre civilisation étant menacé. C’est pourquoi on observe une désertion du travail écocidaire chez une proportion croissante des fraîchement diplômés.

Face au dérèglement climatique et aux divers problèmes évoqués, Salomé Saqué invite, dans sa réponse à ceux qui critiquent la jeunesse, à cesser la guerre des générations et à transformer ensemble le travail afin de le rendre plus durable.

Georges Latchimy

Santé mentale, crise économique et écologique, l’autrice Salomé Saqué défend les jeunes | Speech

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