Environnement

Streaming vidéo : une catastrophe écologique ?

Et si notre usage des plateformes de streaming n’était pas sans conséquence pour la planète ? C’est la question que se posent les organismes de protection de l’environnement qui s’inquiètent de la pollution numérique qu’elles engendrent. Google, Netflix ou Amazon, les géants du web comptent, désormais, des centaines de millions d’utilisateurs qui binge-watch leurs contenus chaque jour. Mais alors, passer des heures sur YouTube a-t-il un rôle significatif sur notre empreinte carbone ? Et le streaming vidéo représente-t-il une catastrophe écologique ? Décryptons ensemble l’impact environnemental de notre consommation massive de vidéos en ligne.

Streaming vidéo : une catastrophe écologique ? - Le blog du hérisson
©Mollie Sivaram

Le streaming vidéo : une catastrophe écologique en devenir

Notre utilisation toujours plus poussée du web conduit à un accroissement de la pollution numérique. En 2020, elle représentait entre 2 et 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 2,5 % en France. Face à ces nouveaux enjeux, les plateformes de streaming sont pointées du doigt. Elles génèrent une grande partie du trafic Internet et contribuent à l’empreinte carbone du numérique.

D’après le simulateur de l’ADEME, regarder 1 heure de vidéo par jour pendant 1 an avec un téléviseur 4K produit 25 kg de CO2. Cela équivaut à un trajet en voiture de 116 km. De son côté, l’Agence internationale de l’énergie annonce des émissions plus faibles avec 36 g pour 1 heure de streaming, soit 13 kg annuels.

Comparée à l’industrie du textile ou de l’aviation, cette pollution invisible reste modeste, mais elle n’en est pas moins préoccupante. Si nous ne modérons pas notre façon de consommer du contenu, le streaming vidéo pourrait conduire à une catastrophe écologique.

Les causes de la pollution numérique engendrée par la diffusion de contenu

• Des équipements plus performants au détriment de l’environnement

D’après une étude menée par l’ADEME, nos appareils électroniques récoltent la palme d’or de la pollution numérique. Ils sont responsables à 79 % de son impact environnemental. La cause principale : leur fabrication extrêmement gourmande en matières premières et métaux. Sans oublier leur capacité à être particulièrement énergivores.

De plus, l’avancée technologique nous pousse sans cesse à renouveler nos appareils pour des équipements plus performants, et ce, au détriment de l’environnement. La taille de nos écrans augmente pour afficher une meilleure résolution d’image et plus de fonctionnalités. Ces prouesses technologiques sont une aubaine pour le streaming vidéo en très haute définition, mais aussi un désastre pour la planète. Car ne l’oublions pas, nos ressources ne sont pas inépuisables.

• Des data centers plus énergivores avec les vidéos en ligne

La deuxième cause responsable de l’impact environnemental des vidéos en ligne est la consommation énergétique des centres de données. Il en existe des milliers à travers le monde qui stockent nos films et émissions YouTube préférés. Seulement, ces hyperscales ont besoin d’un système de refroidissement permanent pour assurer leur fonctionnement et notre usage régulier de contenu audiovisuel les rend plus énergivores.

L’étude de l’ADEME montre que les data centers sont responsables de 16 % des émissions de CO2 relatives au numérique. Un chiffre qui ne fait pas l’unanimité auprès des scientifiques puisque leur empreinte diffère selon leur localisation géographique. La France limite son bilan carbone en recourant aux énergies renouvelables. Néanmoins, ce sont les États-Unis, l’Allemagne et la Chine qui possèdent le plus d’infrastructures, mais qui utilisent encore le charbon pour produire de l’électricité.

• Une empreinte écologique supérieure avec la 4G

Regarder un film en ligne n’a pas la même empreinte écologique selon notre connexion Internet. Lorsqu’une vidéo est diffusée, elle occupe une grande partie de la bande passante et provoque un pic énergétique supérieur avec le réseau mobile. Ainsi, 7 heures de streaming par semaine sur notre smartphone émettent environ 500 g de CO2 avec la 4G contre 200 g avec le wifi.

L’Autorité de régulation des communications électroniques nous met également en garde contre l’accroissement des besoins énergétiques du réseau mobile. Si en 2019, la 4G consommait 50 kWh d’électricité contre 5 kWh pour la fibre, le déploiement de la 5G n’aspire pas à la sobriété. Cette nouvelle génération augmente considérablement le trafic de données et réduit les temps de latence pour permettre la diffusion de contenu en très haute définition. De plus, elle encourage le renouvellement précoce de nos appareils malgré les enjeux climatiques.

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©Tech Daily

Le défi des plateformes de streaming pour promouvoir la sobriété digitale

Depuis le 15 novembre 2021, le gouvernement a mis en place une loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique (loi REEN). Son objectif : promouvoir la sobriété digitale et sensibiliser les utilisateurs des plateformes de streaming aux enjeux climatiques. En parallèle, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique propose une liste de recommandations à l’attention des services de VOD comme Netflix. Parmi elles, on retrouve :

  • inciter les abonnés à adopter un comportement éco-responsable en promouvant les solutions existantes ;
  • avertir de l’intérêt de baisser la résolution de l’image pour réduire l’empreinte carbone du streaming ;
  • aviser les viewers de la consommation énergétique et des émissions de gaz à effet de serre provoquées par les vidéos en ligne ;
  • élaborer, chaque année, une campagne de communication pour sensibiliser les consommateurs de films et séries sur Internet.

Bien que non obligatoires, ces recommandations aspirent à nous guider vers un cercle vertueux de consommation pour un usage du streaming vidéo plus écologique.

Les gestes à adopter pour une pratique du numérique responsable

À notre échelle, il est possible de limiter l’impact environnemental du streaming en adoptant les bons gestes au quotidien. Pour une pratique du numérique plus responsable, il est recommandé de :

  • limiter le poids d’une vidéo en baissant sa résolution ;
  • favoriser le mode audio au mode vidéo lorsque l’on écoute une musique notamment avec YouTube ;
  • désactiver la lecture automatique sur les réseaux sociaux et les plateformes VOD ;
  • privilégier la connexion wifi à la 4G/5G ;
  • télécharger les contenus pendant les heures creuses pour les visionner hors-ligne ;
  • éviter de renouveler nos équipements fréquemment et de les limiter en nombre.

Les détenteurs de site Internet peuvent également intégrer le simulateur d’empreinte carbone de l’ADEME à leur page d’accueil. Celui-ci permet de mesurer l’impact écologique de notre usage du web tout en le comparant aux industries les plus polluantes. Nous n’avons plus d’excuses pour adopter un comportement éco-responsable.

Bien que l’impact du numérique sur la planète soit encore faible, notre utilisation du streaming vidéo pourrait tendre à une catastrophe écologique. Les résultats des études menées sont tout de même à prendre avec des pincettes puisqu’ils sont essentiellement basés sur des estimations. De plus, ils ne prennent pas en compte la pollution engendrée par la production de films et séries. Il est de notre responsabilité d’adopter les bons gestes au quotidien. Car nous le savons, il nous reste 3 ans pour sauver la planète de la catastrophe.

Alexandra Benhadadou

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