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Bilan sur la réforme de l’orthographe de 1990

Au siècle dernier, l’Académie française a proposé une simplification de certaines règles orthographiques. Quel bilan sur la réforme de l’orthographe de 1990 pouvons-nous faire ? L’appliquons-nous correctement ? Lisez notre article pour le savoir.

Bilan sur la réforme de l’orthographe de 1990 - Le blog du hérisson

Lorthographe française a toujours été réputée comme étant complexe. Depuis que François Premier a rendu la langue française officielle par l’Ordonnance de Villers-Cotterêts – et même avant – celle-ci n’a cessé d’être soumise à de nombreux changements. Des changements dus à l’évolution normale d’une langue dite « vivante », et parallèlement, de réforme en réforme, les règles dorthographe, de syntaxe, de grammaire, etc., ont fait de notre langue celle que nous connaissons aujourd’hui. Mais la connaissons-nous vraiment bien ? Surtout depuis la fameuse réforme de l’orthographe de 1990 ?

En 1990 : qu’est-ce qui a changé ?

Dès 1988, le Premier ministre en place demande à l’Académie française, de se pencher sur « des retouches et aménagements correspondant à l’évolution de l’usage, et permettant un apprentissage plus aisé et plus sûr. »
Autrement dit, avec l’utilisation progressive de mots empruntés aux langues étrangères, quelques anomalies et l’apparition de nouvelles technologies apportant leur lot de termes inédits, on a pensé, dans les hautes sphères ministérielles, qu’un petit dépoussiérage s’imposait.
Ainsi, certains noms composés ont été soudés : vous pouvez donc, depuis 1990, faire un piquenique le weekend sur un terreplein en jouant du tamtam !
L’accent circonflexe n’est plus obligatoire sur le i et le u, sauf en cas d’homographie : on retient l’exemple du « petit jeune » qui n’est pas à confondre avec « le petit jeûne » si on tient à rester dans la bienséance !
On a aussi revu les accords du participe passé des verbes pronominaux et régularisé certaines anomalies comme le chariot qui devient charriot (oui, comme la charrette) ! Quant au tréma, il ne doit être présent sur la lettre u seulement quand celle-ci doit être prononcée.

Cette réforme de l’orthographe est-elle réellement appliquée ?

• Qu’en est-il de l’Éducation nationale ?

Quand on parle d’orthographe, on a tendance à penser à nos chères têtes blondes penchées studieusement sur leur manuel scolaire, et donc, par extension, à lÉducation nationale. Prend-on en considération ces changements dans les écoles ?
Depuis 2008, la nouvelle orthographe est la règle pour les nouveaux programmes de l’école primaire. Pour le collège, le professeur tient compte des rectifications approuvées par l’Académie française. En 2012, le Bulletin officiel du 3 mai précise que les rectifications de 1990 restent une référence, mais ne sauraient être imposées. En réalité, il semblerait qu’à l’époque, rien n’était exigé ! D’autant plus que les manuels scolaires utilisaient principalement l’orthographe traditionnelle, car les éditeurs prétendaient que la réforme était inutile et qu’elle bafouait l’Histoire de la langue.
Actuellement, c’est-à-dire une trentaine d’années après ce remaniement, les manuels de l’école primaire utilisent l’orthographe réformée, mais c’est plus délicat pour ceux du collège ou du lycée. En effet, les programmes étant basés sur des œuvres littéraires, on ne peut décemment pas changer l’orthographe utilisée par Victor Hugo ou Stéphane Mallarmé !

• Les pays de la francophonie ont-ils mieux appliqué cette réforme ?

Une enquête réalisée entre 2002 et 2004 par Liselotte Biedermann-Pasques auprès d’étudiants québécois, français, suisses et belges a révélé que ce sont les étudiants belges qui connaissent le mieux les rectifications. Ils sont suivis des Suisses, des Québécois, et enfin, des mauvais élèves français ! Il apparaît que parmi les changements les plus appliqués, celui sur le pluriel des mots composés vient en tête, tandis que la régularisation de certaines anomalies comme « ognon » au lieu d’ » oignon » n’est jamais respectée.

Mais alors : que devons-nous faire ?

• Quid des dictionnaires ?

Certains d’entre eux ont adopté la nouvelle orthographe depuis 2002, tandis que d’autres éditeurs préfèrent l’intégrer progressivement. Ainsi, dès 2009, le Petit Robert s’est montré soucieux d’intégrer la nouvelle orthographe en effectuant des changements d’envergure. De son côté, Larousse a édité L’anti-fautes d’orthographe à destination des collégiens et des lycéens. L’ouvrage permet d’écrire 65 000 mots sans fautes !

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• Quid des correcteurs informatiques ?

À l’heure où j’écris ces lignes, mon correcteur orthographique n’a absolument pas réagi lorsque j’ai écrit « nénufar », ni lorsque j’ai tapé « nénuphar » sur mon clavier. Quand, plus haut, j’ai tapé ma phrase qui vous proposait un pique-nique sur un terre-plein le week-end en jouant du tam-tam, je n’ai rencontré aucune réaction de celui-ci, pas plus que maintenant, alors que je viens de l’écrire en appliquant l’ancienne orthographe. J’ai aussi expérimenté d’autres mots réformés : à chaque fois, les deux orthographes, l’ancienne et la nouvelle, ont été acceptées.

Donc, amis de la langue française, on peut se détendre, car il semblerait qu’à l’heure actuelle, on peut faire encore comme on veut ! On peut être moderne en éminçant son ognon sur un nénufar, ou se montrer plus réfractaire à la nouvelle orthographe (plus si nouvelle que ça finalement) en continuant à écrire conformément à l’usage du siècle dernier !

Maryline Cloutier

Bilan sur la réforme de l’orthographe de 1990

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