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Viande cultivée : que mangerons-nous demain ?

Une nouvelle technique scientifique permet de produire des steaks et des filets en laboratoire, sans avoir recours à l’abattage d’animaux. Peut-être considérez-vous cela comme un progrès ou au contraire une hérésie ? Si vous vous demandez “ Que mangerons-nous demain ?”, cet article répondra à toutes les questions que vous vous posez sur la viande cultivée.

Viande cultivée : que mangerons-nous demain ? - Le blog du hérisson
©Agriculture Cellulaire France

Qu’est-ce que la viande cultivée ?

L’agriculture conventionnelle doit faire face à de nombreux défis environnementaux : émissions de gaz à effet de serre, disponibilité en eau… Une solution pour continuer à manger de la viande tout en réduisant l’impact environnemental est l’agriculture cellulaire. Elle a mis au point une technique qui rend possible la consommation de produits d’origine animale sans élever ni abattre des animaux, grâce à la culture de cellules musculaires dans des bioréacteurs. C’est ce qu’on appelle la viande cultivée.

Comment est-elle fabriquée ?

La viande cultivée est développée à partir de cellules musculaires d’un animal (comme un bœuf ou un poulet, par exemple), dans un laboratoire.

La méthode de fabrication de ces nouveaux aliments nécessite d’abord de ponctionner des cellules souches musculaires sur un animal vivant. C’est un prélèvement indolore. Ces cellules sont ensuite placées dans un milieu nutritif dans une grande cuve stérile appelée bioréacteur. À l’intérieur, des capteurs contrôlent et régulent différents paramètres comme la température, le pH ou la teneur en oxygène. Le milieu nutritif du bioréacteur contient des micronutriments et des facteurs de croissance afin que les cellules se multiplient pendant 5 à 7 semaines.

Viande cultivée : que mangerons-nous demain ? - Le blog du hérisson
©Agriculture Cellulaire France

Quels sont les avantages de la viande de culture ?

Ce procédé de culture cellulaire offre plusieurs avantages :

  • Le bien-être des animaux sur lesquels sont prélevées les cellules souches est respecté, car ils sont élevés dans de meilleures conditions que dans les élevages intensifs.
  • Les risques de contaminations par des bactéries pathogènes (E. Coli, salmonelles, etc.) responsables d’intoxications alimentaires sont réduits, grâce à la croissance des cellules musculaires en milieu stérile.
  • Une offre d’aliments correspondant aux attentes des consommateurs devrait être réalisable en adaptant, par exemple, le taux de matière grasse.

Est-ce vraiment plus écologique ?

Les partisans de l’agriculture cellulaire mettent en avant le plus faible impact environnemental de leur technique de production par rapport aux méthodes traditionnelles. Selon la Food and Agriculture Organization, les élevages seraient à l’origine de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Grâce à la diminution du nombre d’animaux à élever, les conséquences négatives de la production d’aliments d’origine animale seraient atténuées.

Différentes études ont cherché à estimer les conséquences environnementales de l’agriculture cellulaire. La consommation d’énergie nécessaire à la production à échelle industrielle n’a pas encore été évaluée de façon unanime. Les répercussions écologiques de cette production dépendront en grande partie de l’utilisation d’énergies décarbonées ou non dans son processus de fabrication.

Cette nouvelle technologie alimentaire est néanmoins susceptible de présenter un autre avantage sur le plan environnemental. De nombreuses parcelles de terre arable sont aujourd’hui destinées à la culture de céréales pour nourrir les animaux d’élevage. En remplaçant la viande traditionnelle par de la viande cultivée, le nombre d’élevages d’animaux et les besoins en alimentation animale seront diminués. Des parcelles seront alors disponibles pour des cultures destinées à l’alimentation humaine.

La viande cultivée a-t-elle le même goût que la viande traditionnelle ?

La viande traditionnelle est composée de cellules musculaires, mais aussi de cellules adipeuses, de tissu conjonctif, de nerfs et de vaisseaux sanguins. C’est cet ensemble qui lui confère ses qualités nutritionnelles (notamment l’apport en fer et en vitamines) et ses qualités sensorielles (son goût, sa texture, etc.).

Les produits carnés issus de l’agriculture cellulaire sont destinés à être hachés et transformés. En effet, les cellules musculaires cultivées ne permettent pas pour le moment d’obtenir la structure en trois dimensions d’un muscle classique. Le rumsteak in vitro n’existe pas encore !

Les entreprises lancées dans la course à l’alimentation cellulaire sont toutefois en phase de recherche pour proposer des aliments qui se rapprocheraient le plus possible des rôtis et autres morceaux que nous trouvons en boucherie.

La viande cultivée est-elle déjà dans nos assiettes ?

Il est possible de trouver la nourriture de demain dans certaines assiettes ! Deux pays ont déjà ouvert la voie à la vente de viande cultivée : Singapour, en décembre 2020 et les Etats-Unis, en juin 2023.

En Europe, la commercialisation de ces produits pour l’alimentation humaine n’est pas autorisée pour deux raisons :

  • Jusqu’à présent, le milieu de culture est issu de sérum fœtal bovin. Ce sérum, traditionnellement utilisé pour la recherche médicale, pose des problèmes éthiques et économiques pour la production à grande échelle.
  • La multiplication des cellules dans les bioréacteurs implique l’utilisation d’hormones de croissance. Or, depuis les années 1990, l’utilisation d’hormones pour la viande destinée à la consommation humaine est interdite en Europe.

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Quel est le prix d’un steak cultivé en laboratoire ?

En 2013, Mark Post, professeur à l’université de Maastricht, prouvait la faisabilité de la viande in vitro en présentant un burger à base de steak cultivé en laboratoire à 200 000 €. Le coût de fabrication a depuis baissé, mais il est encore supérieur au prix des produits traditionnels en raison de deux explications :

  • La viande cultivée n’est pas fabriquée en quantités industrielles, ce qui empêche de réaliser des économies d’échelle.
  • La viande classique est vendue à un prix relativement faible, car elle bénéficie de subventions de la part des États.

Quelques entreprises pionnières travaillent déjà à développer cette nourriture de demain. D’autres investissent massivement dans ces nouvelles technologies, car elles sont persuadées que ce marché est en expansion. Reste à savoir si les consommateurs accepteront ces nouveaux aliments. Et vous, êtes-vous prêts à déguster un steak de viande cultivée ?

Émilie Caugant

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