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La Fête des Morts dans le monde

En France et dans une majeure partie de l’Europe, la mort est associée à un événement douloureux. Chaque année, il est coutume de déposer des bouquets de fleurs sur les tombes pour commémorer la disparition des défunts. Bien que ce rituel soit commun à de nombreuses cultures, il n’est pas appréhendé de la même façon aux quatre coins du globe. En réalité, il est même synonyme de joie dans certains pays. Cet article vous présente une liste non exhaustive de célébrations de la fête des Morts dans le monde ainsi que les croyances et traditions diverses qui lui sont associées.

La Fête des Morts dans le monde - Le blog du hérisson
El dia de los Muertos ©Karla Gil

France : le Chrysanthème, fleur de la Toussaint, est à l’honneur

La Toussaint est une fête religieuse catholique qui honore tous les saints (et les martyrs de l’Église) qui a lieu le 1er novembre. La fête des Morts, quant à elle, est officiellement célébrée le 2 novembre pour rendre hommage à tous les morts.

Cependant, ces deux commémorations sont souvent confondues, car les croyants choisissent de se rendre au cimetière le 1er novembre, jour férié en France et dans de nombreux pays européens.

À cette occasion, les familles se recueillent sur les tombes des défunts et y déposent des chrysanthèmes. Ces offrandes avaient été sélectionnées pour leur floraison tardive et leur résistance au gel lors du premier anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918. Progressivement, elles sont aussi devenues des symboles du deuil.

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Chrysanthèmes au cimetière ©Josef Babij

Mexique : la Catrina entre en scène pour El dia de los Muertos

La fête des Morts au Mexique est un moment joyeux et très populaire. Elle est même inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Les festivités durent généralement du 31 octobre au 2 novembre.

De grands défilés sont organisés pour El dia de los Muertos. Les Mexicains revêtent leurs plus beaux costumes folkloriques, comme celui de la Catrina qui représente un squelette féminin orné d’élégants habits et très souvent, d’un chapeau.

Ils se rendent au cimetière pour y nettoyer les tombes des proches disparus et leur offrir des cempasúchil (roses d’Inde) ou œillets d’Inde, mais aussi pour partager de la nourriture ou de l’alcool.

Des autels sont aménagés dans les maisons. On y retrouve des fleurs, des têtes de mort en sucre, le pan de muerto (pain des morts – brioche parfumée), des photos du défunt, ses aliments favoris ainsi que des cierges, de l’encens, etc. Enfin, un chemin de pétales est dressé pour guider l’âme vers l’autel créé en son honneur.

Guadeloupe : les familles se réunissent pour la nuit des illuminations

Tout comme en France métropolitaine, la Toussaint est un jour férié. Mais avec près de 60 000 Indiens qui habitent en Guadeloupe, les rituels se mélangent…

De nombreux chrétiens et laïques se rejoignent pour célébrer la fête des clindindins, nom créole donné aux lucioles. Ils se réunissent au cimetière le 1er novembre et dans une ambiance bienveillante, passent une bonne partie de la nuit à partager les souvenirs des êtres disparus autour de leurs tombes. Des milliers de bougies, symboles de résurrection, sont alors allumées.

Le Semblani est une cérémonie hindouiste qui a lieu au même moment. Les familles indiennes décorent leurs maisons avec, là aussi, des bougies qu’elles dispersent tout autour. Elles apportent ensuite un repas composé de sept colombos qu’elles déposent au pied d’une chapelle privée. Enfin, elles se retirent un instant pour laisser le défunt profiter de ses mets.

Finalement, les deux fêtes sacrées se coordonnent à merveille.

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Milliers de bougies au cimetière ©Thomassin Mickael

Haïti : la fête des Guédés rend hommage aux esprits vaudou

À Haïti, c’est la fête des Guédés qui est célébrée le 1er et 2 novembre. Plusieurs personnages de la mythologie vaudou, comme le Baron Samedi, sont appelés à se manifester lors de cérémonies. Les participants portent parfois des lunettes noires. Ils sont, pour la plupart, habillés en blanc, noir et mauve et leurs visages sont poudrés. Ce sont des représentations de Guédé Nibo, le protecteur des morts-vivants.

Les Haïtiens boivent du rhum local, fument et s’abandonnent au rythme des tambours… Des chants et des prières s’ajoutent aux rituels. Certains se laissent aller à des paroles obscènes et des danses érotiques. Selon leurs croyances, les Guédés ne craignent rien, car ils ont déjà vécu.

Alors que d’autres tombent en transe et se roulent par terre, quelques vaudouisants vont jusqu’à manger du verre, des piments crus et enduisent leurs parties génitales de piment et de rhum.

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La fête des Guédés à Haïti ©Hector Retamal

Sicile : la Festa dei Morti ravit les enfants et les plus gourmands

Les habitants de la Sicile, et plus particulièrement ceux de la région de Palerme, célèbrent la Festa dei Morti (fête des Morts) dans la bonne humeur. On reconnaît des similitudes avec le réveillon de Noël, sauf que cela se passe dans la nuit du 1er au 2 novembre.

La tradition veut que les jeunes reçoivent des cadeaux de leurs ancêtres disparus cette nuit-là. Au petit matin, les enfants doivent retrouver les jouets et friandises cachés dans la maison. Puis accompagnés par le reste de la famille, ils sont emmenés au cimetière pour rendre visite à leurs proches. C’est une façon d’aborder la mort avec les enfants par une approche plus douce.

Tout au long de cette journée, les petits comme les grands sont invités à savourer des pupi di cena (personnages en sucre – danseurs ou chevaliers), des ossa et fave dei morti (biscuits en sucre blanc) ainsi que des frutta martorana (fruits factices en pâte d’amande).

Salvador : la fête de la Calabiuza rassemble ses habitants pour un défilé de rue

Dans la ville de Tonacatepeque, à 20 kilomètres de la capitale San Salvador, est célébrée la fête de la Calabiuza. Le soir du 1er novembre, un grand défilé et festival se déroule dans la rue envahie par les habitants dont le corps est peint en blanc et noir.

Ces derniers chantent et dansent en suivant les nombreux chars. Parmi les personnages mythologiques de la culture salvadorienne, on retrouve :

  • Siguanaba, un esprit qui trompe les hommes en se présentant sous la forme d’une jolie femme aux cheveux longs, vue de dos, mais dont le visage est en fait celui d’un cheval ou d’un crâne ;
  • Justo Juez de la Noche, un fantôme sans tête ;
  • El Cadejo, un spectre malveillant qui ressemble à un chien à pattes de cerf et incite les humains à faire de mauvais choix…

Sur la place centrale, les locaux viennent communier et manger la traditionnelle mixture faite de courge et de miel. Le Día de los fieles difuntos (fête des Morts) a lieu le lendemain, c’est-à-dire le 2 novembre. Là aussi, les habitants se rendent au cimetière pour rendre visite à leurs proches disparus, fleurir leurs tombes et partager un repas.

Philippines : les âmes des défunts se joignent à la fête pendant 24 heures

Aux Philippines, pays asiatique qui recense le plus de catholiques, les habitants bénéficient de plusieurs jours de congés avant et après le 1er novembre. Ils peuvent ainsi visiter les tombes de leurs proches à la Toussaint ou le 2 novembre, fête des morts nommée Araw ng mga Patay.

Les Philippins se rendent au cimetière pour nettoyer les sépultures, les repeindre et les décorer d’offrandes, généralement des fleurs et des bougies, mais aussi des cigarettes ou le plat préféré du proche disparu.

La tradition veut que les visiteurs y passent la nuit lors d’une veillée de 24 heures. Les familles s’installent autour des tombes, pique-niquent, chantent, dansent, jouent aux cartes… Elles honorent les morts en partageant un moment de joie !

Lorsque les participants rentrent chez eux, ils allument des bougies qu’ils laissent devant la porte d’entrée. Ainsi, les âmes des défunts sont invitées à franchir le seuil de la maison.

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Des fleurs et des bougies sur un autel ©Danie Bliind

Bolivie : les Ñatitas, crânes humains, sont exhibés afin d’attirer la chance

Bien qu’il y ait des similitudes avec la fête des Morts au Mexique, les Boliviens ont leurs propres rituels.

Leur cérémonie d’accueil consiste à recevoir les âmes qui, selon la tradition, arriveraient le 1er novembre à midi et repartiraient le lendemain à la même heure. Pour cela, les familles dressent des autels colorés composés de divers éléments symboliques comme une photo du défunt, son plat préféré, des gâteaux, des fleurs, des feuilles de coca, un verre d’eau ou d’alcool et les célèbres tantawawas, petits pains qui représentent la personne décédée.

Les adeptes des traditions aymara continuent les festivités avec la Fiesta de las Ñatitas, signifiant la fête des petits nez plats. Celle-ci se déroule le 8 novembre. C’est le jour de sortie des crânes humains que de nombreuses familles boliviennes conservent précieusement chez eux le reste de l’année.

Ces petits nez plats sont alors exhibés et parés de multiples accessoires : fleurs, foulards, guirlandes, lunettes de soleil… On leur offre à boire, à manger et parfois, à fumer. Choyés et vénérés au sein du foyer, les Ñatitas procureraient la santé et la prospérité.

8 réflexions sur “La Fête des Morts dans le monde

  • Macedoine

    Merci pour ce super article. J’ai trouvé les photos très belles. Elles permettent de se faire une vraie idée sur les différentes cultures!

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  • Un tour du monde très original ! J’ai appris plein de choses, j’ai adoré. Comme quoi tout est question de point de vue et d’éducation culturelle.

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  • Merci pour cet article et le partage. Une liste avec différentes façons de célébrer ce jour qui est une fête pour certains et une commémoration pour d’autres.

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  • Article super intéressant, c’est marrant de voir toutes ces différentes cultures qui célèbres ces quelques jours de manière différente

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    • Merci pour ton commentaire. Effectivement, la Fête des Morts n’est pas fêtée partout pareil et ce n’est pas obligatoirement qu’un moment de tristesse.
      Christophe

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