Environnement

Possible disparition du Gulf Stream

Et si le film de science-fiction Le jour d’après était en train de devenir réalité ? C’est la question que l’on se pose à la lecture de l’étude du Potsdam Institute for Climate Impact Research publié le 5 août 2021. Un scénario catastrophe qui devient de plus en plus probable et pour cause, nous apprenons dans ce rapport la possible disparition du Gulf Stream. Son arrêt engendrerait alors la fin du système climatique tel qu’on le connaît avec des conséquences dramatiques aussi bien pour la planète que pour la vie sur Terre.

Possible disparition du Gulf Stream - Le blog du hérisson
©Aniket Argya

Du ralentissement à la possible disparition du Gulf Stream

Plusieurs travaux ont déjà été menés sur le sujet et tous partagent un même constat : le Gulf Stream perd de la vitesse. Depuis le milieu du XXème siècle, celui-ci ne cesse de ralentir avec un déclin marqué depuis 2005. Un rapport sorti en février 2021 dans la revue Nature Geoscience confirmait une fois de plus cette tendance tout en précisant que le courant avait atteint son point le plus bas depuis 1000 ans.

Plus récemment, une étude publiée le 5 août 2021 et dirigée par Niklas Boers met en lumière les causes de cet effondrement. Ainsi, il a pu être établi que le ralentissement n’est pas dû à un changement naturel, mais au réchauffement climatique provoqué par l’homme. Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques ont analysé des données récoltées sur une période de 150 ans concernant les températures et la salinité de l’eau de l’Atlantique Nord.

Quel est le rôle du Gulf Stream ?

Le Gulf Stream est un courant marin qui sert de régulateur climatique à notre planète et plus particulièrement à celui de l’Europe et de l’Amérique de Nord. Par un système s’apparentant à un tapis roulant, les eaux chaudes de l’équateur circulent à la surface de l’océan Atlantique en direction du nord, tandis que les eaux froides rejoignent le sud en empruntant les profondeurs. Ce phénomène que l’on nomme AMOC (circulation méridienne de retournement de l’Atlantique) permet de redistribuer la chaleur émise par le soleil sur notre planète. De ce fait, l’Europe occidentale bénéficie d’un climat tempéré alors que l’Amérique du Nord, situé sur la même latitude, connaît un climat continental. Sans cette répartition de la chaleur, les écarts de température sur Terre seraient autrement plus importants.

Les causes de l’affaiblissement de l’AMOC

C’est la différence de densité des eaux, engendrée par l’écart des températures et de salinité, qui permet aux courants de l’océan Atlantique de circuler correctement. Cependant, depuis plusieurs décennies leurs écoulements montrent des signes de dysfonctionnement, au point où les scientifiques évoquent la possible disparition du Gulf Stream. Le dérèglement de l’AMOC est principalement causé par la fonte des glaces en Arctique. Cette eau douce qui s’écoule des glaciers et se déverse dans les océans est moins dense que l’eau salée. Trop légère, elle reste alors en surface au lieu de descendre dans les fonds marins. Pour ces mêmes raisons, les fortes précipitations, dont la fréquence ne fait qu’augmenter, jouent également un rôle important dans le déséquilibre de l’ensemble de cette circulation.

Les conséquences d’un effondrement du courant marin de l’Atlantique Nord

• Des répercussions sur le climat

Le ralentissement que subit l’AMOC a déjà commencé à avoir des répercussions sur notre climat. Les météorologues affirment que la canicule de l’été 2015 est liée à la vague de froid sans précédent qui a traversé l’Atlantique Nord. L’explication provient des variations de la pression atmosphérique qui transporte l’air chaud de l’équateur en Europe. D’après la communauté scientifique, ce ne sont que les prémices de conséquences bien plus catastrophiques.

En effet, si le Gulf Stream venait à disparaître ou tout simplement continue à faiblir, il faudrait s’attendre à des dérèglements climatiques importants et fréquents qui causeraient la dégradation de notre environnement. Il serait à prévoir une forte montée des eaux, notamment au niveau des côtes américaines, ce qui mettrait en péril des villes telles que New York ou Boston. L’Europe, quant à elle, serait sujette à des tempêtes et à des températures extrêmes, oscillant entre vagues de chaleurs et froids glacials. Loin de ne toucher que l’Europe et l’Amérique du Nord, l’effondrement de la circulation des eaux de l’Atlantique aurait un impact mondial. Par un effet de conséquences en cascade, on peut s’attendre à une perturbation des moussons dans les tropiques, une fonte accélérée des calottes glaciaires, un dérèglement du système climatique de la forêt amazonienne et même des sécheresses permanentes en Afrique.

• Un impact majeur sur toutes formes de vie terrestre

Si cette instabilité persiste et se développe, la disparition du Gulf Stream est à envisager très sérieusement, affirment les scientifiques. L’arrêt de ce courant marin chaud aurait des répercussions catastrophiques sur le système météorologique mondial, mais également sur certaines espèces animales. En effet, de par la luminosité, la salinité, la température de l’eau et les nutriments qu’ils apportent, les courants océaniques sont essentiels à la vie marine. Par conséquent, l’arrêt du Gulf Stream affecterait le plancton, base de la chaîne alimentaire en mer. Il aurait aussi un impact sur les poissons et les mammifères marins, acteurs importants dans la diminution des émissions de gaz à effet de serre. Puis il finirait par avoir une incidence sur chaque être vivant sur Terre.

L’origine de l’instabilité du courant provenant lui-même du réchauffement climatique, nous voilà pris au piège d’un cercle vicieux.

Depuis plusieurs années déjà le Gulf Stream est en perte de stabilité. En cause, les émissions de CO2 que nous rejetons dans l’atmosphère. À l’heure actuelle, les scientifiques sont incapables de prédire quel niveau de gaz à effet de serre déclencherait la disparition du Gulf Stream. Le point de bascule peut donc être atteint à tout moment. Ainsi, seul un effort collectif et mondial sera en mesure d’inverser cette tendance et d’éviter que l’AMOC ne s’arrête à jamais. Et pour commencer, pourquoi ne pas essayer de réduire son empreinte carbone en passant au zéro déchet ?

Florence Cazali

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *