Science

Retour vers le passé grâce à l’ADN fossile

Qu’est-ce que la paléogénétique ? Cette discipline hybride, assez récente, est en train de révolutionner notre connaissance de l’Histoire. Un grand explorateur et archéologue tel que Roy Chapman Andrews aurait sûrement été ravi de pouvoir séquencer l’ADN d’êtres vivants datant de plusieurs millions d’années. Cette science signe un retour vers le passé grâce à l’ADN fossile, ou comment on en apprend davantage sur l’origine des espèces via la génétique.

Retour vers le passé grâce à l’ADN fossile - Le blog du hérisson
©Vincent Moncorgé / LookatSciences – Plateforme nationale de paléogénétique (CNRS-ENS Lyon)

Le point de départ : le séquençage du premier génome humain

Pour comprendre l’avancée qui concerne aujourd’hui le monde de l’archéologie, un petit retour en arrière s’impose. Ainsi, tout commence en 2001, à partir du séquençage du premier génome humain. Cette technique de biologie moléculaire permet de « lire » le message caché contenu dans nos gènes. Seuls les généticiens avertis sont capables de décrypter cet alphabet génétique complexe. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce séquençage de génome d’être humain révèle beaucoup de choses. Il permet de mieux comprendre le point de départ de la vie, nos origines et offre de nouveaux espoirs, comme la possibilité de guérir de nombreuses maladies. La révolution est désormais en marche, les scientifiques ont la possibilité de décrypter la totalité de l’information génétique d’un individu, grâce à un minuscule fragment d’os par exemple. La paléontologie et l’archéologie se rencontrent sur le plan moléculaire et cela ouvre un champ des possibles encore jamais imaginé.

L’archéologie moléculaire pour comprendre les espèces disparues

Cette découverte fabuleuse ne marquait en réalité que le début de cette évolution scientifique. En effet, le séquençage d’ADN ne se limite pas aux cellules vivantes, il permet également d’accéder à l’information génétique de n’importe quel individu, vivant ou ayant existé. Un homme de Néandertal pourrait-il voir son génome séquencé ? La réponse est positive. Cette technologie de pointe qui s’appuie sur l’ADN fossile a notamment permis de revoir la généalogie de l’Homme et d’y intégrer une nouvelle espèce qui était passée complètement à la trappe jusqu’à maintenant. En 2010, la paléogénétique met en lumière l’existence de l’Homme de Denisova, dont on retrouve la trace dans notre ADN ! Cette ouverture sur le passé permet de reconstituer avec davantage de précision des mouvements migratoires, d’identifier des métissages d’espèces et de comprendre pourquoi certaines ont disparu et pas d’autres. Cette archéologie moléculaire s’étend aussi aux espèces animales et végétales.

L’ADN fossile dissipe les idées reçues

Outre les progrès formidables qui concernent la connaissance de l’histoire du monde du vivant, cet ADN fossile replace la science au cœur de tout. La paléogénétique rebat les cartes, propose certaines explications, dissipe quelques suppositions ou idées reçues bien ancrées dans notre société. Elle appelle à l’humilité, rappelle que les chercheurs ont parfois pu se tromper et se tromperont sûrement encore. On sait désormais que le virus de la peste existait déjà au Néolithique et qu’il a décidé de se manifester fortement au XIVème siècle. La génétique expose la complexité de l’évolution du monde et prouve une fois de plus que l’être humain, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’est que le résultat de métissages divers. Un dernier exemple pour illustrer cela : la découverte de l’homme Cheddar, un Sapiens dont le squelette a été retrouvé dans ce village britannique connu pour son fromage, a perturbé bon nombre de personnes. Son examen génétique a permis de montrer qu’il avait la peau noire et les yeux bleus. Son portrait-robot demeure donc éloigné de l’image que l’on se fait du « Britannique type ».

La paléogénétique ne va cesser de révéler des informations surprenantes, mais il faut garder à l’esprit que cette discipline est avant tout le fruit d’une étroite collaboration entre les archéologues et les généticiens. Les différents savoirs se complètent pour tenter de reconstituer un passé qui ne nous appartient plus, grâce à cette ressource précieuse qu’est l’ADN.

Estelle Colson

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