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Vendée Globe : une course pas comme les autres

Le Vendée Globe, est une course pas comme les autres, une course autour du monde à la voile, qui prendra cette année le départ en huis clos sans public, situation sanitaire et reconfinement obligent. Cette compétition mythique en solitaire et sans escale, ni assistance, débutera aux Sables d’Olonne en Vendée le 8 novembre à 13 heures 02.

Vendée Globe : une course pas comme les autres - Le blog du hérisson
Départ du Vendée Globe ©Le Télégramme

La plus grande course à voile autour du monde

Le Vendée Globe est la plus grande course autour du monde, réalisée à la voile, en solitaire, sans escale et sans assistance. Son prédécesseur fut le « Golden Globe » en 1968 qui faisait naviguer les participants aux Caps de Bonne Espérance, Leewvin et Horn. A cette époque, neuf navigateurs s’engagèrent dans l’aventure et un seul parvint à revenir à Falmouth en Cornouailles Anglaise, Robin KnoxJohnston, qui, après 313 jours de mer, le 6 avril 1969, arrivait enfin à destination. Ce sera Philippe Jeantot, double vainqueur du BOC Challenge, un tour du monde en solitaire avec escale, qui, vingt ans plus tard, émettra cette idée de réaliser un tour du monde en solitaire, mais sans escale. Le Vendée Globe voit alors le jour, avec son premier départ le 26 Novembre 1989 et 13 marins engagés. Une première édition qui durera trois mois et dont ils ne seront que sept à rentrer aux Sables d’Olonnes.

Une course extrêmement difficile

167 concurrents ont pris le départ de ce que le grand public appelle « l’Everest des mers » au cours des 8 éditions de cette course hors du commun. Un défi, que seuls 89 d’entre eux, sont parvenus à relever en franchissant la ligne d’arrivée. Un chiffre qui, à lui seul, exprime la difficulté extrême de cette course qui confronte les navigateurs au froid glacial, aux vagues immenses ainsi qu’aux ciels pesants du grand sud.

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Parcours du Vendée Globe 2020 ©Média bateaux

Un voyage climatique

Le Vendée Globe fait descendre l’océan Atlantique, traverser l’océan Indien ainsi que le Pacifique avant de remonter de nouveau ce dernier pour parcourir 40 075 kilomètres, ce qui correspond à la circonférence de la Terre ainsi que la distance de référence autour du monde. Les navigateurs partent des Sables d’Olonnes à l’automne, naviguent au cœur des mers du Sud pendant l’été austral pour revenir en Vendée en hiver.

Une consécration pour de nombreux marins

Le Vendée Globe c’est un voyage au bout de soimême, confient les participants. Une course qui a consacré de grands marins comme Titouan Lamazouen en 1990, Alain Gautier en 1993, Christophe Auguin en 1997 et bien d’autres. Des hommes de la mer qui ont surmonté seuls, les éléments et les difficultés. A ce jour, c’est Armel Le Cléac’h, Finistérien, natif de Saint-Pol-de-Léon, qui détient le record de cette épreuve en 2017, avec un monocoque, en 74 jours 3 heures 35 minutes et 46 secondes. Une course qui n’a été gagnée à deux reprises que par un seul marin, en 2001 et 2009, Michel Desjoyeaux.

Savoir composer avec les éléments

Les navigateurs qui se lancent dans cette aventure exceptionnelle, doivent composer avec le vent, les vagues, la houle, les glaces. Un périple climatique au cours duquel ils doivent savoir s’adapter en permanence, changer de caps sans jamais oublier le but ultime. Des navigateurs qui se doivent de trouver le bon équilibre loin des dépressions afin d’éviter les vents les plus forts, profiter de la météo pour avancer entre Bonne Espérance et le Cap Horn avant de contourner l’anticyclone des Açores. Il leur faut également passer d’un hémisphère à l’autre, franchir une zone de convergence intertropicale où les masses d’air humides et chaudes portées par les alizées se rencontrent et occasionnent un air instable. Une étape où se mêlent grains orageux et périodes calmes. Autant de situations qui demandent concentration, professionnalisme et intuition.

Une course totalement en solitaire

Le Vendée Globe est dans sa définition, simple, faire le tour du monde en solitaire et sans escale, ni assistance. Un trio facile, un homme ou une femme, marin, un tour du monde et un bateau. Aucune aide, une solitude totale pour une course pendant laquelle il n’est possible de compter que sur soi-même et ses compétences. Aucune escale, signifie que les concurrents n’ont aucunement la possibilité de s’arrêter au cours de leur périple, pour une quelconque raison technique. Les solitaires ont cependant l’autorisation de s’arrêter, par exemple dans une crique, mais en aucun cas de mettre pied à terre au-delà de la limite qui les sépare du niveau de la plus grande marée haute. Et pas d’assistance ce qui signifie que les marins ne doivent naviguer que selon leurs intuition et connaissances. Ils se doivent également de réparer leurs avaries tous seuls et être en capacité de se soigner également seuls en cas de blessure ou de maladie. Une dernière situation pour laquelle, ils peuvent avoir recours à distance, à l’aide du médecin de la course, Jean-Yves Chauve. En ce qui concerne l’assistance technique, il leur est formellement interdit d’accueillir qui que ce soit à bord ou d’accoster un autre bateau. Les marins n’ont le droit que de consulter l’architecte du bateau ou l’équipe technique, en vue de trouver la meilleure solution. Une réparation que le concurrent devra réaliser seul avec les moyens dont il dispose à bord. Le Vendée Globe est donc bien une course extrême.

Des bateaux très puissants

Les bateaux du Vendée Globe sont des monocoques qui mesurent tous 18,28 mètres de long pour 4,50 mètres de tirant d’eau. Ces navires sont les plus puissants du monde et peuvent grâce à leurs nombreuses toiles, dépasser les 30 nœuds au portant. Ce sont des bateaux exceptionnels entre les mains de marins qui le sont tout autant, de par leurs connaissances de la mer, leurs compétences en matière de navigation et leur courage pour affronter une course aussi exigeante.

Des dates marquantes

Le Vendée Globe a été marqué par des évènements comme le naufrage en 1996 de Raphaël Dinelli, dans l’océan Indien, qui sera sauvé par l’anglais Pete Goss, concurrent le plus proche qui navigue alors contre le vent dans une mer difficile. En 1997, Tony Bullimore, alors qu’il navigue dans une mer énorme au sud de l’Australie, chavire et reste à l’envers, il trouve refuge sans vivre, ni lumière, dans une poche d’air de son bateau. Dans le même temps, Thierry Dubois, chavire également mais son bateau parviendra à se redresser, les deux marins naviguaient alors près l’un de l’autre, à peine 15 miles de distance. Repérés par un avion de la marine australienne, Thierry Dubois et Raphaël Dinelli seront finalement sauvés 4 jours plus tard. 1997, le 7 janvier, sera également l’année de la disparition de Gerry Roufs, dont l’épave de son bateau sera retrouvée le 16 juillet de la même année.

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Armel Le Cléac’h, vainqueur du Vendée Globe en 2017 ©Archives Ouest-France

Une œuvre d’art comme trophée

Le trophée du Vendée Globe est en bronze argenté signé par Philippe Macheret. Il représente un globe terrestre qui entoure un élégant gréement, le tout reposant sur un socle en forme de winch. Une œuvre d’art fabriquée par la Fonderie d’art Macheret, ce trophée représente l’aboutissement de longs mois de travail. Chaque vainqueur le conserve à vie.

Trophée du vainqueur de la course réalisé par la fonderie Macheret - Le blog du hérisson
Trophée du Vendée Globe ©Fonderie Macheret

Les skippers 2020

Fabrice Amedeo, Romain Attanasio, Alexia Barrier, Yannick Bestaven, Jérémie Beyou, Arnaud Boissières, Louis Burton, Didac Costa, Manuel Cousin, Clarisse Clemer, Charlie Dalin, Sam Davies, Sébastien Destreneau, Benjamin Dutreux, Kevin Escoffier, Clément Giraud, Pip Hare, Boris Hermann, Aari Huusela, Isabelle Joschke, Jean le Cam, Stéphane Le Diraison, Miranda Merron, Giancarlo Pedote, Alan Roura, Thomas Ruyant, Damien Seguin, Kojiro Shairaishi, Sébastien Simon, Maxime Sorel, Alex Thomson, Armel Tripon et Nicolas Troussel.

Tous des navigateurs aguerris, désireux de relever le défi de cette course hors du commun pour un parcours qui les feront affronter les éléments, leur force, leur détermination, leurs connaissances mais aussi et surtout eux-mêmes. Car le Vendée Globe c’est avant tout une course avec et contre soi-même.

Le Vendée Globe, symbole du triomphe de l’homme sur les éléments, de son courage face aux difficultés qu’il doit surmonter seul, est ainsi une course mythique pour tout navigateur. Cette nouvelle édition 2021 est particulière mais rien n’altèrera son départ, qui sera retransmis en direct sur www.vendeeglobe.org et sur de nombreuses chaînes de télévision. Un évènement qui chaque année est suivi par tous les amoureux de la mer qui partagent à distance les épreuves auxquelles les skippers doivent faire face, avec autant d’admiration que de fascination.

Marie-Christine Magnaud

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