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L’aromathérapie en milieu hospitalier

L’aromathérapie représente une alternative dans la gestion des pathologies et des effets secondaires des médicaments. Néanmoins, l’utilisation des huiles essentielles doit être raisonnable, car elles sont potentiellement toxiques. Par conséquent, l’intégration de l’aromathérapie en milieu hospitalier nécessite la mise en place de procédures strictes.

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Généralités sur les huiles essentielles

Les huiles essentielles sont des essences végétales définies par l’AFNOR (Association Française de Normalisation) et la Pharmacopée Européenne. On estime que 100 millions d’Européens les utilisent. Cela expose les consommateurs à des risques de mésusage en raison d’un manque de connaissances.

► Définition et étiquetage

Les huiles essentielles sont considérées comme des « préparations » à base de plantes selon l’article R5121-1 du Code de la Santé Publique (CSP).

Une huile essentielle est un produit obtenu à partir d’une matière première végétale, soit par entraînement à la vapeur, soit par des procédés mécaniques à partir de l’épicarpe des Citrus, soit par distillation sèche. (AFNOR NF T75-006)

La distribution des huiles essentielles est réglementée par des lois et des décrets. Certaines sont destinées à la vente en pharmacie, d’autres sont soumises à prescription médicale obligatoire.

Des règles d’étiquetage doivent être appliquées pour garantir la qualité et la traçabilité des composés chimiques. Les flacons mentionnent :

  • Le nom scientifique de l’espèce botanique écrit en italique.
  • Le chimiotype (chemotype) qui désigne le profil chimique.
  • La partie de la plante extraite.
  • Le pays d’origine et la provenance (culture biologique ou non).

► Méthodes d’extraction et composition chimique

Les huiles essentielles sont des extraits naturels obtenus par distillation à la vapeur d’eau de plantes aromatiques. La composition finale varie en fonction du pays de production, de l’année de la récolte et du procédé de fabrication. Les principales méthodes d’extraction incluent l’expression à froid du zeste de fruit des Citrus et la distillation à la vapeur d’eau (hydrodistillation) des drogues végétales.

Les huiles essentielles sont composées d’une douzaine de familles chimiques telles que les oxydes, les éthers et les esters. Cette composition chimique confère des propriétés thérapeutiques mais peut entraîner des effets indésirables graves. Elles agissent sur la circulation sanguine, les voies respiratoires, le système nerveux et la sphère digestive.

Prenons le cas de la lavande vraie (Lavandula angustifolia). Elle possède des propriétés sédatives, anti-inflammatoires, calmantes, apaisantes et régulatrices cardiaques. Comme toutes les huiles essentielles, sa marge de sécurité est faible. Il y a un risque de convulsion ou de problèmes hépatiques en cas de surdosage.

Il est également possible de traiter les maux de l’hiver avec des huiles essentielles.

Flacon d'huile essentielle de lavande - Le blog du hérisson
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► Toxicité

Il existe environ 3000 huiles essentielles connues renfermant en moyenne 150 à 250 composants, parfois plus. De nombreux composés chimiques présents dans les huiles essentielles peuvent la rendre délétère ce qui conduit à des contre-indications et des précautions d’emploi. Cette toxicité est due à une première utilisation (toxicité aiguë) ou apparaît après quelques semaines (toxicité chronique).

Les risques majeurs associés aux huiles essentielles sont :

  • la dermocausticité ;
  • la phototoxicité ;
  • l’hépatotoxicité (suite à une utilisation prolongée à forte dose) ;
  • la néphrotoxicité ;
  • le potentiel cancérigène ;
  • la neurotoxicité ;
  • la foetotoxicité ;
  • les réaction allergiques ;
  • les interactions médicamenteuses (menthe et antiépileptique, citron et fluidifiant sanguin, gaulthérie et salicylate de méthyl, cannelle et asthme).

L’aromathérapie clinique dans la pratique

Le terme aromathérapie nous vient de René-Maurice Gattefossé, parfumeur et chimiste. C’est le pionnier de l’utilisation des huiles essentielles à des fins thérapeutiques. Dans la pratique, les protocoles de soin en milieu hospitalier sont établis selon des normes rigoureuses afin d’assurer la sécurité et le bien-être des patients.

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► Les bienfaits de l’utilisation des huiles essentielles

Depuis 1995, de nombreuses études ont été publiées sur les bienfaits de l’utilisation des huiles essentielles en milieu hospitalier. À ce propos, le choix du modèle de diffuseur atmosphérique et d’un mélange aromatique harmonieux est crucial. Ces nouvelles avancées ont été évaluées dans des services d’oncologie, de gériatrie et de soins palliatifs.

Les protocoles d’aromathérapie clinique sont standardisés et intégrés aux stratégies thérapeutiques. Lorsqu’ils sont correctement suivis, les avantages sont :

  • une amélioration de la qualité de vie et de la santé des patients ;
  • une réduction de l’anxiété ;
  • une diminution des effets néfastes de certains anticancéreux ;
  • une stimulation cognitive chez les personnes âgées.
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► Mise en place en milieu hospitalier

L’aromathérapie est utilisée pour répondre aux besoins spécifiques de chaque service clinique. D’une part, les services de gériatrie qui ont des patients majoritairement polymédicamentés sont plus à risque de développer des effets secondaires. D’autre part, les patients atteints de la maladie d’Alzheimer retrouvent un confort de vie grâce à la stimulation olfactive.

L’importance des odeurs dans la maladie d’Alzheimer est de plus en plus mise en évidence, car la mémoire olfactive est la plus résistante. Philippe Robert, directeur du Centre Mémoire de Ressources et de Recherche à Nice

Dans certains cas, l’aromathérapie est également utilisée pour gérer les odeurs désagréables (Institut de Cancérologie de Lorraine) en milieu hospitalier. D’autres réflexions abordent la difficulté de la prise en charge de la douleur en association avec les thérapies médicamenteuses classiques.

Chaque établissement de soin rédige des protocoles reproductibles adaptés à ses différents services. La planification d’une activité d’aromathérapie clinique nécessite une coordination multidisciplinaire entre psychologue, médecin, infirmier et pharmacien.

Les six critères de sélection pour une bonne mise en place en milieu hospitalier comprennent :

  • l’accessibilité ;
  • la qualité ;
  • la disponibilité ;
  • la sécurité ;
  • la tolérance olfactive ;
  • l’action thérapeutique.

La mise en place de ces protocoles est un processus long et complexe qui nécessite :

  • l’implication et la formation du personnel ;
  • l’organisation des équipes ;
  • l’identification des besoins du service ;
  • la connaissance des aspects légaux ;
  • l’acquisition d’un matériel adapté ;
  • un budget adéquat.

Le professeur Annelise Lobstein a dédié toute sa vie à la recherche et à l’enseignement sur les plantes et la santé. Elle a créé le premier diplôme universitaire d’aromathérapie clinique en France.

Voici une liste non exhaustive des hôpitaux pratiquant l’aromathérapie clinique :

  • l’Institut de Cancérologie de Lorraine ;
  • le Centre de Soins Palliatifs en région Rhône-Alpes ;
  • le Centre Hospitalier d’Annonay ;
  • le Centre Hospitalo-Universitaire d’Angers ;
  • l’Hôpital de Loewel à Munster ;
  • les Hôpitaux Civils de Colmar.

Chaque année, la Fondation Gattefossé récompense les équipes hospitalières pour leurs travaux scientifiques et cliniques sur les huiles essentielles.

En milieu hospitalier, elles sont employées seules ou en combinaison. Parmi les pratiques courantes, on notera :

  • l’utilisation de la gaulthérie couchée avec du katafray dilué dans une huile végétale pour les douleurs articulaires ;
  • le mélange de la lavande fine et du tea tree pour les mycoses cutanées ;
  • l’application d’hélichryse sur des hématomes ;
  • l’utilisation d’un mélange de lavande, d’orange douce et de camomille noble pour calmer l’anxiété ;
  • l’inhalation de menthe poivrée ou de citron pour les nausées ;
  • l’atténuation des démangeaisons provoquées par la chimiothérapie ;
  • la réduction des rougeurs dues à la radiothérapie avec un mélange de niaouli et de gel d’aloe.

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Contrairement à l’Asie, l’aromathérapie en milieu hospitalier est encore peu développée en Europe. Cependant, à la lumière des preuves documentées et des pratiques sur le terrain, il est évident que cette approche complémentaire aux thérapies conventionnelles contribue à la guérison. Son avenir est prometteur dans les établissements de soins, en particulier en ce qui concerne ses bienfaits sur le cerveau et la mémoire.

Cyrille Magnac

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