Déchets, de la poubelle à l’usine de tri

Les déchets ménagers ne représentent que 9 % de la quantité totale des détritus produits en France. Cependant, afin d’éviter leur dispersion dans la nature, ils sont soumis à une vigilance stricte. Ainsi, les collectivités orchestrent le tri des ordures. Comment la collecte s’organise ? Comment fonctionne un centre de tri ? Venez découvrir le cheminement des déchets, de la poubelle à l’usine de tri.

Points de collecte des déchets

► La déchetterie

Elle se caractérise comme un endroit capable de recevoir presque tout type de détritus. Plusieurs bacs sont disponibles pour le recyclage : gravats, métaux, cartons, incinérables, encombrants, mobilier, bois, verre. Un grand bidon facilite la récolte des huiles usagées. Un bac permet d’amasser les appareils électriques et électroniques et du petit électroménager (DEEE : Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques). Une aire dédiée au compostage accueille les résidus d’origine végétale : tailles de haies, pelouses, feuilles et branches d’arbres. Le dépôt de certains rebuts reste interdit. Voici le type de débris indésirables : les produits contenant de l’amiante, les pneumatiques, les extincteurs, les bouteilles de gaz. Les articles dangereux comme les explosifs (cartouches de chasse, fusées de détresse), les produits inflammables, se trouvent également bannis. Les médicaments et les seringues doivent être rapportés en pharmacie. Cette liste demeure non exhaustive.

► Le ramassage des déchets ménagers

Le ramassage des poubelles domestiques s’effectue par camion. Le cycle de collecte s’opère de manière alternative. Certaines communes proposent la récupération des ordures ménagères (restes alimentaires) lors des semaines dites impaires. Puis les semaines paires, se déroule l’enlèvement des détritus triés et recyclables. Il s’agit des poubelles jaunes contenant les journaux, cartons, bouteilles plastiques, boîtes de conserves.

► Les conteneurs publics

Ils servent à récolter le verre, le papier, le carton et des vêtements au profit d’associations. Les enseignes de grande distribution recueillent les piles, ampoules et cartouches d’encre usagées.

Fonctionnement d’une usine de tri

En France, nous disposons de centres de tri. Ces équipements extraient les parties des détritus qui peuvent être réutilisées. Elles constituent les matières premières pour le recyclage.

La réorientation des immondices s’effectue par la combinaison du tri manuel et automatique. Des systèmes mécaniques réalisent un triage automatique et des agents poursuivent avec un tri manuel. Pour celui-ci, deux méthodes peuvent être appliquées : positive ou négative. Le mode positif consiste au prélèvement de la partie valorisable. Le rejet de la partie indésirable s’applique au mode négatif.

Voici les différentes séquences dans une usine de tri.

► Réception des déchets

L’acheminement des ordures réutilisables s’achève au centre de tri via les camions poubelles. Le dépôt des sacs jaunes transparents appelés aussi « housses de collecte » se déroule dans une zone de transit. Un chargeur transporte les sacs et les déverse dans une trémie. Un tapis roulant convoie les housses de collecte vers une « ouvreuse de sacs ». Cette machine est munie de lames tranchantes pour déchirer les pochons. Une régulation du flux des sacs évite une obstruction à l’entrée de la déchiqueteuse.

► Tri des ordures

Après l’ouverture des pochons, des opérateurs effectuent un pré-tri. Il s’agit de repérer et d’enlever les sacs lacérés et les cartons de grande taille et de les disposer dans leur bac respectif. Puis, les détritus volumineux non valorisables par les cribles (vêtements, débris de fer, poêles, récipients, objets en plastique) sont également retirés et mis au rebut.

Les déchets cheminent au travers de trois filtres successifs.

1. Premier filtre : un système mécanique (crible rotatif ou trommel)

Le trommel est un cylindre composé sur sa première partie de petits trous. Ceux-ci permettent l’évacuation des petits détritus inférieurs à 12 cm de diamètre. Sur sa seconde partie, des orifices plus grands autorisent le passage de débris mesurant jusqu’à 30 cm.
Pour des dimensions supérieures à 30 cm, les ordures continuent leur périple vers une ligne de triage manuel. Dans cette zone de tri, des opérateurs prélèvent les journaux, revues, magazines et cartonnettes.

Définitions :

• Corps creux (flacons) : bouteilles plastiques, aérosols, canettes et boîtes de conserve ;
• Corps plats : journaux, revues, magazines, bandes dessinées, livres, papiers et cartonnettes.

2. Deuxième filtre : le crible balistique

Grâce à un plan incliné qui secoue les immondices, un crible balistique sépare les cartons ou papiers des boîtes ou bouteilles vides. Un mouvement régulier de bas en haut permet aux petits papiers et petits cartons d’escalader la pente. Ils prennent la direction d’une cabine de tri manuel. Simultanément, les bouteilles plastiques et les boîtes de conserves dégringolent vers le bas. Celles-ci avancent sur un tapis jusqu’à la prochaine étape : l’overband.

3. Troisième filtre : l’overband

Il s’agit de la troisième étape du triage, elle est dévolue aux corps creux et à l’extraction de l’acier. L’intégration d’un dispositif Overband assure la récupération de l’acier. Ce métal fait partie des métaux ferromagnétiques (ou des matériaux qui s’aimantent). Pour extraire ces boîtes métalliques, un électroaimant exerce une forte attractivité et attire les conserves et les canettes. Elles sont matérialisées par des billes rouges sur le croquis. Ces matières métalliques empruntent un chemin différent.
Le traitement des résidus qui subsistent sur le tapis roulant (billes grises sur le dessin) s’effectue par un tri à la main. En effet, les opérateurs retirent les bouteilles plastiques et les briques de liquides alimentaires :

• ­PET* foncé (bouteilles plastiques foncées) ;
• ­PET clair (bouteilles plastiques transparentes) ;
• ­Briques ELA** (briques de lait, de soupe, de jus de fruits).

*PET : PolyÉthylène Téréphtalate **ELA : Emballages des Liquides Alimentaires

► Conditionnement des déchets recyclés

Chaque résidu trié finit dans une alvéole dédiée. Ensuite, les matières recueillies subissent une compression via un équipement mécanique. Elles sortent réduites de la machine sous forme de ballots. Une presse à paquets compacte l’acier. Pour obtenir 20 kg d’acier, il faut 220 boîtes de conserve. Une aire de stockage reçoit et abrite les éléments tassés. Par ailleurs, la récupération et le réemploi des canettes, bouteilles et boîtes de conserve évitent de produire des gaz toxiques. En effet, l’incinération des immondices provoque des émanations de dioxine.

La composition de nos poubelles varie au cours du temps. Les éléments qui les constituent indiquent notre façon de consommer. Les emballages et les produits électriques et électroniques deviennent de plus en plus présents. La transformation des ordures en matières premières réutilisables évite le gaspillage des ressources naturelles. Par exemple, le réemploi d’une tonne de papier carton équivaut à la préservation de 1,5 tonne de bois. Le tri sélectif demeure un geste éco-citoyen qui doit être pérennisé par les nouvelles générations.

Yann Le Rest