Gourin, le berceau des Bretons d’Amérique

Au cœur de la Bretagne, dans la région des Montagnes Noires, se cachent des trésors du patrimoine et de la culture bretonne, parmi les plus authentiques et les plus méconnus. Je vous emmène à Gourin, petite bourgade du Morbihan, dont l’histoire surprenante nous mènera outre-Atlantique. Alors suivez-moi, et découvrez Gourin, berceau des Bretons d’Amérique.

Gourin, capitale des Montagnes Noires en Bretagne

En Bretagne, dans les Montagnes Noires. Des montagnes en Bretagne ? Mais oui, au bout du Massif armoricain se dresse (si l’on peut dire) cette petite chaîne montagneuse qui s’étire d’ouest en est, sur environ 60 kilomètres, au cœur de la Bretagne intérieure. Culminant à 318 mètres au Roc’h Toullaëron (commune de Spézet), les Montagnes Noires sont constituées de schiste. Cette roche, longtemps exploitée dans les carrières de la région, produisait les ardoises si caractéristiques des toitures des maisons bretonnes.
Les Montagnes Noires sont un paradis pour les randonneurs.

Au centre-ville de Gourin, place de la Victoire, vous tomberez sur la statue de la Liberté. Oui, vous avez bien lu ! Je vous en dis plus dans quelques lignes.
Un peu plus loin, baladez-vous dans le parc du château de Tronjoly et admirez le classicisme de cette bâtisse typique du XVIIIe siècle.

À 16 km au sud de Gourin, ne manquez pas le splendide site de la chapelle Sainte-Barbe, au Faouët. De cet édifice étonnant, construit à flanc de falaise, se dégage une atmosphère unique.

À 20 km à l’ouest de Gourin, voici un site incontournable : le parc et le château de Trévarez, à Saint-Goazec. Cet étonnant château, unique en Bretagne, dévoile, de ses fenêtres, un panorama exceptionnel sur la vallée de l’Aulne, jusqu’aux lointains sommets des Monts d’Arrée.
Le château de Trévarez et son parc de 85 hectares s’animent régulièrement pour accueillir des expositions, des festivals de plantes, et des animations de Noël qui attirent des milliers de curieux chaque hiver.

Gourin, haut lieu de la crêpe et de la musique bretonne

Revenons à Gourin pour une pause déjeuner. Au menu : des crêpes, évidemment ! Crêpes salées à la farine de blé noir (sarrasin) et crêpes sucrées à la farine de froment (blé tendre), cette spécialité fait partie du patrimoine culinaire de la Bretagne depuis le XIXe siècle.
Amateurs de crêpes, ne manquez pas la grande « Fête de la Crêpe » de Gourin. Depuis plus de 30 ans, crêpières, crêpiers et gourmands se retrouvent chaque dernier week-end de juillet sur le site du château de Tronjoly. Au programme : dégustation, bien sûr, initiation à la fabrication des crêpes, et … concours mondial de la plus grande crêpe !

Un autre incontournable de la culture bretonne, c’est sa musique et ses danses traditionnelles. Là encore, Gourin est l’endroit idéal pour découvrir cette facette du patrimoine culturel breton.
Depuis plus de 60 ans, la ville accueille le « Championnat de Bretagne de musique et de danses traditionnelles ». Les meilleurs couples de sonneurs (un joueur de biniou et un joueur de bombarde) s’y affrontent en différentes catégories, tandis que danseuses et danseurs (de 6 à 99 ans) concourent individuellement devant un jury d’experts.
Et bien sûr, comme toujours en Bretagne, le week-end se termine par un grand fest-noz.

Gourin, berceau des Bretons d’Amérique

Comme beaucoup de communes de France, Gourin possède une rue de la Libération, menant à une place de la Victoire. En son centre se dresse, logiquement, un Monument aux morts. Mais aussi, plus surprenant : une statue de la Liberté, un bronze de 3 mètres de haut.
Pourquoi cet hommage aux États-Unis d’Amérique au milieu d’un petit bourg du centre Bretagne ? Parce que Gourin a été pendant près d’un siècle le point de départ d’une vague d’émigration inédite des Bretons vers l’Amérique du Nord.

► L’Amérique, l’Amérique, ils voulaient l’avoir

Dès la fin du XIXe siècle, des hommes, des femmes, parfois même des familles entières, quittent les Montagnes Noires, à l’époque région rurale, surpeuplée, où les petites fermes aux terres pauvres et l’industrie ardoisière déclinante peinent à faire vivre la population.
En sabots, parlant à peine le français, ces pionniers embarquent en 3ème classe sur les paquebots transatlantiques. Leur Eldorado : l’Amérique (Canada et USA). Réputés disciplinés et durs à la tâche, les Bretons trouvent des emplois dans les fermes, les usines. Après la Seconde Guerre mondiale, on les retrouve en force dans les cuisines des restaurants de New-York, Miami ou la Californie.
Si les premiers Bretons d’Amérique rentrent au pays au bout de quelques années (les poches remplies de dollars), leurs successeurs finissent par s’installer définitivement aux USA.

► Nos cousins d’Amérique

Les historiens estiment que près de 115 000 Bretons ont émigré outre-Atlantique entre 1880 et 1970. Fait surprenant dans cet exode, c’est la surreprésentation des migrants partis de Gourin et sa région (Roudouallec, Langonnet, Le Saint, Guiscriff, …), une poignée de petits villages qui a perdu jusqu’à 10 % de sa population au plus fort de l’émigration (années 1950-60).
Aujourd’hui, presque toutes les familles de Gourin et ses environs peuvent se vanter d’avoir des « cousins d’Amérique ». C’est ainsi qu’un lien fort a perduré entre Gourin et les États-Unis. En témoignent des associations comme « Bretagne TransAmericA » et « Breizh America » qui œuvrent à faire connaître cette histoire et à maintenir les liens entre l’Armorique et les descendants de la diaspora bretonne.

À voir chaque été au château de Tronjoly, l’exposition « Ces Bretons d’Amérique ». Et, bien sûr, le clou de votre visite : la statue de la Liberté, offerte par Air France, reconnaissante aux Gourinois pour leur contribution à son chiffre d’affaires !
Un selfie devant la statue de la Liberté, en souvenir de votre séjour… en Centre Bretagne, étonnant non ?

Amateurs d’un patrimoine naturel et culturel, vivant et authentique, réservez vos prochaines vacances : on vous attend à Gourin, le berceau des Bretons d’Amérique.

Kenavo !

Véronique Hamon