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Joséphine Baker au Panthéon, c’est oui !

Joséphine Baker est née en 1906, à Saint-Louis dans le Missouri. Vous allez dire : 1906 ? Ça date ! Pourquoi dérouiller la machine à remonter le temps ? Quel intérêt ? Que vient faire cette danseuse à scandale quasi nue, objet de tous les fantasmes, et affublée d’une ceinture de bananes autour des reins, à la une d’un webzine d’informations et d’actualités ? Eh bien, figurez-vous que le Conseil de Paris a activement milité pour que Joséphine Baker entre au Panthéon. Pour mieux saisir, Le blog du hérisson vous propose de plonger dans l’univers de la Vénus noire, du music-hall et des années folles. De New-York à Paris, découvrez  cette artiste légendaire, danseuse innovante, égérie de la haute couture, muse des cubistes et des surréalistes, agent secret pour la France libre, militante des droits civiques pour la cause noire (LICA). Entre misère et paillettes, ségrégation et émancipation, résistance, utopie et désillusion, l’âme de Joséphine danse et roule des yeux. Joséphine Baker au Panthéon, c’est oui ! Pour mieux comprendre ce sacre, suivez l’incroyable épopée de cette star hors du commun. Vous en sortirez… transformés !

Joséphine Baker au Panthéon, c’est oui ! - Le blog du hérisson

Freda Josephine McDonald de Saint-Louis, Missouri

8 mars 2021, Journée internationale de la lutte pour les droits des femmes. Devinez qui est à l’honneur ? L’immense artiste, Joséphine Baker. Icône noire qui a marqué le XXème siècle par sa formidable ascension artistique, son implication, son éternel optimisme et sa soif de liberté. Durant 50 ans, des années 20 aux années 70, la talentueuse danseuse, Joséphine Baker éblouit la scène et lutte sans rémission contre racisme et ségrégation. Mais qui est-elle et d’où vient-elle ? Freda Josephine McDonald est américaine d’origine espagnole, afro-américaine et amérindienne. Elle habite à Saint-Louis dans le Missouri. Son père est probablement Eddie Carson. Un musicien de rue qui abandonne sa famille un an après la naissance de Joséphine. Une fois sa mère remariée, il faut nourrir la fratrie dont Joséphine est l’aînée :

J’ai eu une enfance très dure à Saint-Louis. Pendant la guerre de sécession, Saint-Louis avait été du bon côté. C’était une ville de l’Union mais ça restait un lieu dur pour les Noirs avec une très forte ségrégation. C’était un environnement très pauvre. Il y avait l’ébauche d’une classe moyenne noire mais ma famille n’en faisait pas partie.

Joséphine petite fille, danser et amuser la galerie

Danser ! Vibrer pour vivre ! Gesticuler jusqu’à la transe ! Transpirer pour oublier l’hiver si rude du Missouri ! Grimacer par défense, défiance et ironie ! Incarner l’esclavage et toute l’angoisse de la misère au rythme de son corps ! Des pas qui viennent de la nuit des temps et qui la possèdent. Des pas qui l’accompagnent dans les travaux domestiques qu’elle effectue pour une population blanche aisée. Elle est assujettie dès l’âge de 7 ans. Aucune erreur n’est permise. Une fois, la petite fille casse des assiettes après les avoir lavées à l’eau bouillante. Pour la punir, sa patronne lui immerge les mains dans le liquide brûlant. Elle subira bien d’autres tragédies, bien d’autres abus.

Malheureuse, Joséphine implore Dieu. Elle, qui transcende toujours la disgrâce par l’espièglerie, craque pour de vrai. Cette fois, la fillette n’a pas le cœur à amuser la galerie. Elle veut mourir et en finir. Mais Dieu n’est pas réceptif. C’est à un bien autre avenir que les anges la destinent. À 13 ans, Joséphine se marie avec Willie Wells. Dans la même année, elle le quitte pour rejoindre un trio d’artistes admis dans la troupe itinérante des Dixie Steppers. Les pas, toujours les pas ! Le rythme, toujours le rythme ! En 1921, à Philadelphie, l’adolescente de 15 ans se remarie avec Willie Baker, et se produit au Standard Theater pour 10 $ la semaine.

De Broadway à New-York au Théâtre des Champs-Élysées à Paris

À 16 ans, Joséphine quitte son deuxième mari. Remontée à bloc, elle veut être elle-même, juste être elle-même, c’est-à-dire danseuse, un point c’est tout. Elle tente sa chance seule, et frappe à la porte du destin face à un New-York qui s’ouvre timidement à l’Amérique noire. Quelques blancs plus curieux que d’autres s’aventurent et s’encanaillent le soir dans les cabarets de Harlem. Trop petite, trop jeune, trop maigre, trop foncée, elle sera tout d’abord reléguée au rang de costumière puis très vite :

  • danseuse au Daly’s 63rd Street Theater, à Broadway ;
  • danseuse dans la comédie musicale “Shuffle Along”, premier spectacle intégralement joué par des noirs ;
  • danseuse pour les Chocolate Dandies ;
  • danseuse au Plantation club.

C’est ici que tout bascule. Son fabuleux destin croise celui de Caroline Dudley Reagan, femme de l’attaché commercial de l’ambassade américaine à Paris, Donald J. Reagan. En pleine effervescence “Jazz danse”, la “Revue nègre” du Théâtre des Champs-Élysées recrute. Caroline Dudley Reagan est en quête de danseurs estampillés noirs.

• Jazz, Charleston et culture noire

Au début des années 20, le Théâtre des Champs-Élysées est entaché par la période à scandales des ballets russes. Il cherche un nouveau souffle et le trouve dans la “négrophilie” ou “Art nègre”. C’est la fin de la Première Guerre mondiale. Chacun a perdu un être cher.  L’âme et le cœur meurtris, on veut exorciser un mal insoutenable. Les spectacles de music-hall et de cabaret s’enhardissent et s’ouvrent à un plus grand public. Les dancings parisiens s’enthousiasment pour le jazz et le charleston. C’est la grande époque du Jazz danse et de la culture noire. Le monde a besoin d’une overdose d’excentricité, de fantaisie, d’exotisme, de sauvagerie originelle, sans barbarie. La “Revue nègre” saisit l’étincelle et souhaite s’approprier la flamme.

• La “Revue nègre”, une troupe noire américaine

À New-York, en véritable impresario, Caroline Dudley Reagan réussit à monter une troupe noire de 12 musiciens (dont Sidney Bechet) et 8 choristes (dont Joséphine Baker), en partance pour Paris. Joséphine, la pauvre petite négresse, l’adolescente malmenée,  réalise que c’est la chance de sa vie :

  • survivre ;
  • dépasser sa condition ;
  • être elle-même ;
  • aller au bout d’elle-même ;
  • les pas, le rythme, les pas, le rythme et les pitreries communicatives ;
  • regarder toujours plus haut ;
  • viser le ciel ;
  • croire en son étoile.

Le 25 septembre 1925, la troupe embarque sur le paquebot transatlantique Berengaria via Cherbourg, en France. Joséphine est scotchée dans la cale, terrifiée par l’emprise de la peur et du doute. Elle est si jeune, si seule ! Sidney Bechet la rassure : « Ne t’inquiète pas petite sœur, Paris se moque bien de la couleur de ta peau. Tu verras. »

• J’ai deux amours, mon pays et Paris

Dès son arrivée, Joséphine est conquise par Paris. Elle évolue librement au milieu de la foule. Quelquefois même, des gens lui sourient. Un parfum de conquête et un vent de folie l’étourdissent. Les rues étroites de la capitale, ses terrasses de café, ses voitures qui klaxonnent pour un oui pour un non, ses amoureux qui s’embrassent n’importe où. C’est donc ça la liberté, sa liberté.

Joséphine : Un jour j’ai réalisé que j’habitais dans un pays où j’avais peur d’être noire. C’était un pays réservé aux Blancs. Il n’y avait pas de place pour les Noirs. J’étouffais aux États-Unis. Beaucoup d’entre nous sont partis, pas parce que nous le voulions, mais parce que nous ne pouvions plus supporter ça… Je me suis sentie libérée à Paris.

Joséphine, symbole de la libération des mœurs en Europe

• Les starting-blocks

La première représentation de la “Revue nègre” est programmée juste une semaine après l’arrivée des artistes, à l’emblématique Théâtre des Champs-Élysées. Sa marque de fabrique :

  • célébrer une culture noire authentique, loin des pesanteurs colonialistes ;
  • scénariser des artistes exclusivement noirs ;
  • proposer de l’inédit et de la folie (chorégraphies originales, numéros burlesques et scénographies déjantées) ;
  • populariser les expériences artistiques de type moderniste.

Pourtant, à J-3, c’est la catastrophe. Le public français veut goûter de l’Afrique, de l’inné, du primitif, du fantastique. Or la troupe ne se libère pas ! Trop blues-américain, trop prude, trop coincée par des années d’humiliation et de ségrégation. C’est l’échec !

En désespoir de cause, Daven, le directeur du Théâtre, embauche un nouveau metteur en scène, Jacques-Charles, un nom dans le music-hall. Son regard se tourne vers Joséphine. C’est la plus spontanée, la plus drôle, la plus surprenante, la plus naturelle, la plus sexy, la plus osée du groupe. Elle n’a pas froid aux yeux. Et surtout, l’Afrique vit en elle au rythme de ses pas, au rythme de son cœur, au rythme de la rue, de la violence, du froid et de la misère. Elle est Joséphine Baker, afro-américaine, petite fille espiègle aux mille facéties, adolescente volontaire, jeune femme libre et osée. Elle est Joséphine Baker, prête à prendre tous les risques face à ce public. Jacques-Charles lui confie “La Danse sauvage” en duo érotico-suggestif avec le comédien noir Joe Alex. Elle improvisera et se produira seins nus ! Il est trop tard pour quoi que ce soit d’autre.

• “La Danse sauvage” de la “Revue nègre”

Le 2 octobre 1925, à 19 ans, elle passe en première partie de la Revue nègre au Théâtre des Champs-Élysées devant une salle bondée, en manque de démesure. Le gratin parisien est là, critiques, artistes, gens du monde : Robert Desnos, Francis Picabia, Blaise Cendrars… Joséphine sent que la gloire est à sa portée. Subjuguée par le rythme des tambours de “La Danse sauvage”, elle bout, s’élance et se livre convulsivement aux caprices de la musique qui la submerge.

Joséphine : J’avais la fièvre partout jusque dans les dents et les yeux. Il me semblait que lorsque je bondissais je sautais au ciel et quand je retombais à terre il m’appartenait tout entière… Je n’ai pas la prétention d’être jolie. J’ai les genoux pointus et les seins comme un garçon de dix-sept ans. Mais si mon visage est maigre et laid, si les dents me sortent de la bouche, mes yeux sont beaux et mon corps intelligent.

La “Revue nègre” retient son souffle. Le théâtre plein à craquer exacerbe le talent inné de Joséphine. Les Parisiens n’ont jamais vu ça. Elle est d’ailleurs ! Ce n’est ni du ballet, ni du burlesque, pas plus une danse tribale. Elle est tout à la fois : pitre, séductrice, langoureuse, frénétique, indigène ou américaine. Tout frémit dans son être, les souffrances de l’enfance, la plaie béante de la ségrégation, la destinée des siens de l’autre côté de l’océan, l’amour du rythme et des pas et surtout, la présence de Dieu. Elle est l’esprit du temps, l’évasion, le rêve, l’oubli, le souffle salvateur de la jungle, le renouveau artistique dont l’Europe a besoin ! Ses jambes s’entrecroisent, ses yeux roulent comme des billes, son charleston est complètement déjanté. Elle capte l’attente du public et sert du Joséphine, de l’endiablé, de l’extravagant, de l’afro-américain de la rue, du cabaret et des bas-fonds ! Son style répond à tous les fantasmes, grâce, classe et humour en prime. Il y en a pour tous les goûts. Mélange de sauvagerie et de modernité, le style Baker fait l’effet d’une bombe. C’est un triomphe. La Revue nègre” est lancée ! C’est le début d’un tourbillon de spectacles, de numéros, de représentations, d’une vie nocturne où plumes, paillettes et gloire irradient la gaieté retrouvée. Joséphine en devient le symbole.

• Une déferlante en Europe, de la valse au charleston

Le milieu artistique parisien adore Joséphine. Simenon devient son secrétaire et… son amant. Poiret l’habille. Colette lui écrit des lettres. Calder sculpte son corps en statuette de fil de fer (Musée national d’Art moderne). Cubistes et  surréalistes chérissent sa griffe et  ses formes. Picasso la surnomme Nefertiti. Henri Matisse la prend pour modèle.  La haute couture en fait son ambassadrice. Elle est l’incarnation de la modernité jazzy noire américaine qui enthousiasme les Parisiens et qui est intimement liée au mouvement dit de “Renaissance de Harlem” ou “Renaissance nègre”. Ce mouvement prône l’émancipation des Noirs américains et regroupe des intellectuels, des mécènes et des artistes comme Alain Locke, Marcus Garvey, Arthur Schomburg, Louis Armstrong, Duke Ellington ou Fats Waller. Le Cotton club ou l’Apollo Theater sont leurs refuges mythiques. Joséphine est une militante acharnée de ce courant.

Après une tournée triomphale de deux années qui mène la “Revue nègre” d’Allemagne en Roumanie, de Suède en Italie, Joséphine Baker devient la première femme noire à accéder au rang de star en Europe. Le public arrive de partout pour apercevoir cette danseuse de couleur au déhanché frénétique qui transgresse les normes et pulse la vieille Europe de la valse au charleston.

Successivement Joséphine devient :

  • la plus sulfureuse des danseuses de music-hall ;
  • la coqueluche et l’inspiratrice des Folies Bergère ;
  • une chanteuse de jazz et d’opérette ;
  • une actrice ;
  • une icône de la mode et de la haute couture ;
  • l’incarnation d’une modernité libre ;
  • le symbole de la libération des mœurs en Europe.

• Des critiques aussi foudroyantes que la gloire

Joséphine, c’est un peu comme Bardot quelques décennies plus tard : c’est trop, c’est trop !

La vieille Europe lui réserve quelques coups bas :

  • la capitale de l’Autriche, Vienne, fait sonner ses cloches et intime aux fidèles de rester chez eux afin de boycotter la venue de cette femme de couleur et sans pudeur. Des tracts sont distribués où on peut lire : « Puisse cette créature immorale être punie comme elle le mérite !”
  • le critique du figaro, Robert de Flers, membre de l’Académie française :  « la “Revue nègre” est un lamentable exhibitionnisme transatlantique qui nous fait remonter aux singes en moins de temps que nous n’avons mis à en descendre. »

Pour la critique, Joséphine est soit une vision moderne et américaine de Cendrillon, soit une diablesse, l’incarnation du mal, un vecteur de décadence, une sauvage inculte, subversive et impudique.

Qu’on le veuille ou non, la plus grimaçante des icônes, le sexe-symbole du tout Paris, la plus parisienne des américaines, la danseuse au corps nu et à la seule ceinture de bananes  déchaîne les foules, fait la folie dans les night-club et baigne dans la blancheur de sa gloire. Elle loge rue des Batignolles, dans un hôtel tout blanc, se repose dans une chambre toute blanche pourvue d’une literie toute blanche. Une femme de chambre et un garçon d’étage tout blancs sont à son service.

Baker, agent secret et héroïne de la République

La vie en Europe n’est pas parfaite mais Baker s’y est forgé un destin en marge de tous les préjugés. Elle tient le haut de l’affiche. La vedette fréquente toutes les grandes scènes européennes, est de toutes les soirées, de tous les palaces. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle est la mondaine idéale pour les services secrets de renseignements français. Fidèle à la France et à la République, elle les convainc de son dévouement et recueille dans les salons les confidences d’officiers allemands. Elle prend tous les risques, use de son charme, de son intelligence et alimente les services de renseignements sur les positions, les mouvements et les installations des troupes ennemies.

Puis, elle rejoint le mouvement du Général de Gaulle pour la France libre. Sa dévotion est sans limites. Ses partitions recèlent des notes secrètes, ses corsages des missives capitales, ses autographes des messages codés. Sa demeure, le Château des Milandes, cache des Juifs dans le grenier, des armes dans la cave. L’actrice fait don de l’intégralité de ses cachets à l’armée française.

La France lui témoignera sa reconnaissance. Joséphine, héroïne de la République reçoit les lauriers :

  • Chevalier de la Légion d’honneur ;
  • Croix de guerre 1939-1945, palme de Vermeil ;
  • Médaille de la Résistance française avec rosette ;
  • Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre ;
  • Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945.

Joséphine Baker et Martin Luther King, pour les droits civiques des Afro-Américains

Après la Guerre, Joséphine Baker se rend plusieurs fois aux États-Unis. Elle arrive sûre d’elle, de sa notoriété et de son triomphe. Elle, qui a subi le racisme, défend la communauté afro-américaine : des procès, des déclarations à la presse, des rencontres avec des chefs d’entreprise, etc. Elle impose des clauses dans chacun de ses contrats interdisant toute discrimination à l’entrée des salles de spectacle.  Elle découvre avec effroi que rien n’a changé. Être ensemble, alliés contre l’ennemi, n’a servi à rien. Le racisme et la ségrégation battent leur plein. Le Ku Klux Klan hante encore les lieux et ses souvenirs. Les hôtels lui ferment leurs portes. Les restaurants refusent de la servir et la presse est impitoyable. Avec son mari blanc, elle choque les clients venus du Sud. John Edgar Hoover, président du FBI, l’accuse même de sympathie avec les communistes. Son combat en faveur des droits civiques des Afro-Américains est vain et piétiné. Elle est en danger et doit partir, quitter une fois encore ce pays, son pays, profondément meurtrie et humiliée. Ici, elle n’est qu’une “négresse” !

La France l’accueille avec compassion, la soigne de ses blessures et lui restitue sa place tout en haut de l’affiche. Il lui faut attendre l’année 1963, soit près de 40 ans après son départ, pour rejoindre Martin Luther King. Ce jeune pasteur a pris la tête du mouvement des droits civiques et organise la marche de Washington contre la ségrégation, pour l’emploi et la liberté des Afro-Américains. En août 1963, Bob Kennedy lève l’interdiction de visa qui frappe Joséphine.  Sans plumes, sans strass, sans paillettes, habillée en combattante de l’armée française, Joséphine va accomplir ce qu’aucune femme noire n’a réalisé jusque-là.

Aux côtés de Martin Luther King, elle déclare :

Vous voir réunis aujourd’hui est un baume pour les yeux ! Unis comme le poivre et le sel comme vous devez l’être, comme j’ai toujours voulu que vous soyez ! Comme tous les peuples de la terre l’ont toujours voulu. Vous êtes enfin un peuple uni. Vous êtes à la veille d’une victoire totale. Continuez, vous ne pouvez pas échouer. Le monde est avec vous.

Par ces mots ineffaçables, c’est la consécration. Joséphine Baker entre définitivement dans l’histoire des peuples et renforce son statut de première star noire internationale.

Le château des Milandes et la tribu “Arc-en-Ciel”

Joséphine et son mari, Jo Bouillon, adoptent 12 enfants, d’origines, de races et de confessions différentes. Leur volonté ? Démontrer que la fraternité et la solidarité sont possibles entre toutes les cultures. Chaque Noël, le célèbre Château des Milandes se transforme en immense sapin. Certains parlent d’utopie. Conviction, réplique Joséphine. À elle seule, l’artiste fait la promotion de la Dordogne et du Périgord noir. Le village des Milandes devient un site touristique unique au monde : hôtels, golf, tennis, musée de cire, bureau de poste, station essence, ferme, héliport, etc.

La générosité sans limites de Joséphine Baker et son côté “flambeuse” courent à sa perte. Certains artisans n’hésitent pas à lui facturer 3 fois les mêmes prestations. Sourde aux mises en garde, la faillite sera prononcée en 1968. Joséphine lance un appel au secours. Deux femmes réagiront :

  • Brigitte Bardot (soutien financier et appel télévisé aux dons) ;
  • Grace de Monaco (appel aux dons, hébergement à vie, remise en scène).

Joséphine remonte sur les planches. À Bobino, la diva célèbre ses 50 ans de carrière. Le succès est instantané. À la fin de la quatorzième  représentation de sa rétrospective, Joséphine Baker est hospitalisée et décède deux jours plus tard, à l’âge de 68 ans. Elle repose à Monaco.

Afin de souligner les combats de cette femme libre, avant-gardiste et engagée, qui était à la fois artiste, féministe, résistante,  militante contre le racisme et l’antisémitisme,  un document a circulé sur les réseaux pour que Joséphine Baker rejoigne le Panthéon. De nombreuses personnalités du monde politique, artistes et journalistes ont soutenu la campagne “Osez Joséphine”.  Le Panthéon est dédié aux personnalités marquantes de l’histoire de France. C’est un lieu de mémoire collective et de fierté nationale. Actuellement, 5 femmes et 82 hommes sont panthéonisés.

Etsie Tessari

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