Environnement

Les grues changent leurs habitudes, pourquoi ?

Dans le Sud-Ouest de la France, s’il y a bien une chose que l’on attend dans l’année, c’est le passage des grues cendrées dans le ciel. Rythme immuable de la nature, le vol de ces grands oiseaux migrateurs a marqué mon enfance, comme celle de beaucoup d’autres passionné(e)s de la nature. Encore aujourd’hui, leur cri inimitable enchante mon coeur et me rappelle que la nature est forte et belle. Cependant, les grues changent leurs habitudes, pourquoi ?

Les grues changent leurs habitudes, pourquoi ? - Le blog du hérisson

Qui sont les grues ?

Les grues cendrées, grus grus, sont de grands oiseaux pouvant atteindre les 1.30 m de hauteur. Leur envergure dépasse les 2 m de large ! Sa démarche délicate est dûe à ses longues pattes d’échassier. Ses autres caractéristiques sont un plumage gris cendré, d’où lui vient son nom, un cou aux bandes noires et blanches, et une tête fine ornée d’un chapeau rouge. Son allure élancée en fait un oiseau majestueux.

Vivant en groupe, elles se nourrissent de graines, d’herbes, de jeunes pousses, de quelques vers et mollusques qu’elles trouvent dans les zones humides, et en été, ne se refusent pas de petits vertébrés qui parcourent les champs cultivés.

D’où viennent-elles et où vont-elles ?

Ces grands oiseaux sont des migrateurs, c’est-à-dire qu’elles voyagent de manière saisonnière pour maximiser leurs chances de se reproduire en s’établissant dans des zones plus propices à la nidification et plus riches en nourriture.

Les grues cendrées vivent principalement dans le nord de l’Europe : Suède, Finlande, Norvège, Estonie, Lettonie, Lituanie, nord de la Pologne et de l’Ukraine, une partie de la Russie.

S’établissant dans des zones humides pour nidifier à partir de la mi-mars, le couple monogame utilise souvent son ancien nid qu’il réaménage. La femelle pond ensuite un à deux œufs, que le couple va couver alternativement pendant un mois. Le petit est nidifuge, il va être nourri par ses parents seulement quelques jours dans le nid. Ensuite il sort, en compagnie de ses parents, chercher sa propre nourriture. Il est capable de voler à deux mois, et pourra suivre ses parents lors de la migration d’automne.

En septembre, les grues se rassemblent dans des lieux précis, les mêmes d’année en année. Des milliers d’individus attendent le bon moment pour s’envoler. Les recharges énergétiques faites, elles s’envolent en groupe de quelques dizaines à plusieurs centaines ! Les grues volent plutôt de jour, elles s’arrêteront la nuit pour se reposer et reprendre des forces.

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Pourquoi voyagent-elles aussi loin et comment font-elles ?

Comme nous l’avons vu précédemment, les grues voyagent pour la survie de leur espèce. Dans le nord de l’Europe, le climat et le stock de nourriture sont adaptés à leur reproduction du mois de février à septembre. En revanche, l’hiver serait trop rude pour les jeunes de l’année, et trop pauvre pour assurer une ressource alimentaire suffisante pour tous les individus. Dans le sud de l’Europe, l’hiver est bien plus doux et leur offre un lieu de vie idéal.
Ce voyage représente environ 2500 km. Pour les grues cendrées “de l’ouest”, leur itinéraire traverse la France en diagonale du nord-est au sud-ouest. Elles passeront au-dessus des Pyrénées pour retrouver le centre espagnol et les côtes nord-africaines, leurs villégiatures d’hiver.

Pour nous qui avons les deux pieds sur terre, le premier signe du passage des grues, c’est leur cri si caractéristique ! On les entend arriver de loin, il n’y a plus qu’à regarder le ciel pour apercevoir leur vol en V ou en Y, en permanence en mouvement. En effet, cette forme est parfaitement aérodynamique. Le premier oiseau “fend” l’air et aspire les suivants, qui reproduisent le même effet sur l’oiseau suivant. Mais pour que chacun fasse sa part et ne dépense pas toute son énergie, le premier individu du vol est régulièrement remplacé par un autre. Parfois, le vol entier se réunit et tourne sur un courant d’air ascendant ou descendant, soit pour reprendre de la hauteur, soit pour chercher leur lieu de repos pour la nuit.

Le changement climatique a-t-il une incidence sur ces oiseaux ?

Les grues, grandes migratrices par excellence, changent leurs habitudes. Elles s’adaptent à des hivers plus doux, des étés plus secs, des épisodes de chaleurs plus intenses, au manque d’eau, à la raréfaction de leur habitat. Le sud de l’Europe est touchée de plein front par le changement climatique et devient moins hospitalier pour ces grands oiseaux. Les ornithologues remarquent que les lieux d’hivernation traditionnels sont moins fréquentés, et que les grues restent en France et parfois même en Allemagne pour passer l’hiver. Les périodes de migrations sont plus étalées, et le retour vers le nord est plus rapide. La migration des oiseaux représente pour eux une énorme dépense énergétique et un danger constant. Beaucoup restent sur leur lieu d’hivernation tant que les températures sont clémentes et la neige absente.

Devons-nous nous inquiéter de ce changement d’habitudes ? Les animaux s’adaptent, changent de mode de vie, modifient leurs habitudes pour survivre… Ne devrions-nous pas prendre exemple sur eux ?

Graziella Eloy

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