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Matrimoine : des lieux à voir toute l’année

L’édition 2023 des journées du matrimoine s’est déroulée les 16 et 17 septembre dernier, et au-delà des événements mis en place durant cette période, il est encore possible de se plonger au cœur du matrimoine français avec ce tour d’horizon des lieux à voir toute l’année.

Matrimoine : des lieux à voir toute l’année - Le blog du hérisson
©Gilber Franco

Qu’est-ce que la journée du matrimoine ?

Version féminine de la journée du patrimoine, la journée du matrimoine a été créée en 2015 à l’initiative de l’association HF Ile de France, association promouvant l’égalité entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture. Elles se déroulent chaque année le week-end de la troisième semaine de septembre, tout comme les journées du patrimoine. Événement national qui tend à s’étendre à d’autres pays européens, ces deux jours sont l’occasion de découvrir à travers des événements gratuits et éphémères, le travail et l’héritage des femmes dans le secteur artistique et culturel. Expositions, visites, conférences, projections, spectacles, qu’il soit contemporain ou historique, ces journées font la part belle au talent féminin.

Quelle est l’origine du nom matrimoine ?

Terme dérivé de l’ancien français, le mot matrimoine est apparu en 1155 sous les termes matremuine, puis matrimoigne, avant de prendre sa forme finale en 1408. Ce mot était surtout utilisé pour désigner les biens hérités de la mère lorsqu’un couple se mariait. Aujourd’hui, tout comme le mot autrice par exemple, cette dénomination est remise au goût du jour, après avoir été effacée pendant la masculinisation de la langue française s’étant opérée du 17 au XIXe siècle en France comme l’indique notamment le quotidien Libération.

Les chiffres du matrimoine

Pour pouvoir observer les réalisations des femmes dans les musées les plus célèbres, il faut être attentif. Le Louvre et le musée d’Orsay comptent respectivement une trentaine et 296 peintures de femmes sur l’ensemble de leurs collections permanentes. Parmi les artistes les plus iconiques, on peut noter les œuvres d’Anne Vallayer-Coster, Élisabeth Vigée Le Brun ou encore Hortense Haudebourt-Lescot au Louvre, et Rosa Bonheur, Berthe Morisot, ou Camille Claudel au musée d’Orsay. Au Petit Palais, c’est 0,4 % de la collection totale qui est issue d’une femme artiste, soit 200 pour 50 000 œuvres. Le bon élève ? Le Centre Pompidou, réunissant 18,5 % d’œuvres de femmes dans sa collection (surtout des artistes contemporaines), le musée organise aussi régulièrement des expositions ponctuelles telles que elles@centrepompidou, l’exposition Elles font l’abstraction ou encore des initiatives tels qu’un MOOC intitulé Elles font l’art. Le musée d’Orsay s’est également associé à AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions), afin de promouvoir le travail de 40 femmes ayant exercé au XIXe et XXe siècle.

Dans d’autres domaines artistiques également, la représentation des femmes avance mais demeure encore très lente comme l’indique l’édition 2023 de l’Observation de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication, car bien que la majorité des étudiants des écoles d’art soient des étudiantes, leurs œuvres demeurent moins visibles, moins acquises et/ou moins programmées.

Tour d’horizon du matrimoine français

La maison de Colette

Maison natale de la romancière et journaliste Colette, la bâtisse est située dans l’Yonne, à Saint-Sauveur-en-Puisaye, rue Colette, bien sûr. Totalement visitable, l’édifice construit au XIXe siècle et classé monument historique a accueilli Colette de sa naissance en 28 janvier 1873 à son départ à dix-huit années plus tard suite à un endettement familial et à l’hostilité globale de la population sur place. Obsédée par l’idée de remettre la main sur la maison de son enfance, cette dernière revient d’ailleurs souvent dans les œuvres littéraires de l’autrice, c’est grâce à l’un de ses lecteurs, François Ducharne, que Colette réussira à l’acquérir de nouveau et qu’elle en restera sa propriété jusqu’à sa mort. Mise en vente en 2006, la maison est achetée par l’association « La Maison Colette » en septembre 2011 pour une ouverture en mai 2016. Aujourd’hui, la demeure est utilisée pour de nombreux événements et expositions, notamment dédiés au travail d’autres femmes à travers l’histoire, la dernière exposition en date étant dédiée à Lise Deharme le 30 septembre dernier. La maison prévoit également d’accueillir de nombreuses archives dédiées à l’autrice dans les combles récemment aménagés. De nombreux meubles et objets sont aussi exposés grâce aux dons ou aux achats faits par l’association. Également visitable, le musée Colette, situé proche de la Maison Colette, à l’initiative de sa fille et ouvert en 1995. Expositions et animations sont au rendez-vous, ainsi qu’un salon de thé et de lecture pour les plus littéraires des visiteurs.

Le moulin de Villeneuve ou maison Triolet-Aragon

Construit au XIIe siècle, remanié aux XVIIe et XIXe siècle, classé monument historique depuis le 15 janvier 2017 ainsi que premier lieu labellisé Maison des Illustres en 2021, cet ancien moulin à eau est situé à Saint-Arnoult-en-Yvelines, sur la Rémarde. C’est en 1904 que le moulin se transforme en résidence, avant d’être ensuite racheté en juillet 1951 par Louis Aragon et sa compagne Elsa Triolet, grande autrice éclipsée par la notoriété de son mari. Devenu un musée selon les dernières volontés d’Aragon, l’édifice est légué à l’état suite à la mort de ses occupants tous deux enterrés au cœur même de la propriété, dans une tombe signée d’une phrase d’Elsa Triolet tirée des Œuvres Romanesques Croisées du couple. Aujourd’hui, un magnétophone y joue la Sarabande de Bach, hymne qu’Aragon a voulu faire jouer près du corps de sa femme quelques jours après l’enterrement de cette dernière, parti avant lui. Il est possible de visiter le bâtiment en lui-même, gardien de la collection d’art contemporain du couple, participer à des spectacles ou conférences, déambuler dans les jardins de sculptures, visiter des salles d’expositions d’art en tout genre ou s’attarder au cœur de la bibliothèque de 30 000 volumes consultables. La maison fait enfin la part belle aux artistes contemporains, tout en gardant la mémoire de ses propriétaires en vie, notamment à travers un fond permanent dédié au couple.

Le château des Milandes ou le château de Joséphine Baker

Situé en Dordogne, dans la commune de Castelnaud-la-Chapelle, inscrit monument historique et également labellisé Maison des Illustres en 2021, le château des Milandes, véritable bijou de style Renaissance datant de 1489, fut le domaine emblématique de l’artiste Joséphine Baker de 1937 à 1968. C’est là-bas qu’elle fonda sa fameuse Tribu Arc-en-ciel et y vécut de nombreuses années de bonheur, loin des paillettes de la société parisienne. Plusieurs années plus tard, et ce malgré un élan de solidarité international allant de Brigitte Bardot au roi Hassan 2 du Maroc, madame Baker dû quitter malgré elle sa demeure suite à d’importants problèmes financiers, mais pas sans avoir résisté et tenté d’y demeurer jusqu’au bout. Fort de 200 000 visiteurs par an, cinquième site touristique du département, le château propose en plus de spectacles de rapaces, la visite du parc et de l’édifice en lui-même dans lequel il est possible d’observer les tenues de scène de l’artiste, ainsi que ses différents lieux de vie. Un audio-guide permet d’en apprendre davantage sur Joséphine Baker et vous permet également d’écouter quelques-unes de ses chansons les plus célèbres. Son jardin visible est dessiné par Jules Vacherot est classé Jardins Périgourdins inscrits au titre des Monuments Historiques.

La villa du Mont-Noir, ou la villa Marguerite Yourcenar

Située sur le Mont-Noir, à Saint-Jans-Cappel en Flandre Française, reconnue Maison des Illustres, la villa du Mont-Noir, plus connue sous la dénomination de la villa Marguerite Yourcenar, est un manoir style néo-normand construit en 1930 sur les ruines d’un ancien château détruit durant la Grand Guerre. Domaine de la famille de l’autrice dans lequel elle vécut de sa naissance à sa neuvième année, ce n’est qu’en 1997 que le département du Nord transforme l’édifice en une résidence d’écriture pour écrivains européens émergents ou confirmés. Il en accueille vingt-sept chaque année, à raison de trois par mois. La villa organise également d’autres événements autour de la création littéraire (poésie, théâtre, roman, nouvelle, etc.) auprès du grand public. La villa a aussi intégré le Réseau des maisons d’écrivain et patrimoines littéraires des Hauts-de-France.

Le château de Nohant, ou la maison George Sand

Classé monument historique et Maison des Illustres, le Domaine de George Sand, château de Nohant ou encore tout simplement la maison de George Sand, est situé à Nohant-Vic dans le département de l’Indre. Ce véritable château du XVIIe siècle est devenu propriété de l’État en 1952, deux mois avant que l’ensemble du bâtiment ainsi que son jardin et son cimetière ne soient classés monument historique. Désormais géré par le Centre des monuments nationaux, son parc est quant à lui classé jardin remarquable. Véritable petit paradis sur terre pour l’autrice et source d’inspiration, elle y reçut de nombreux amis célèbres tels qu’Honoré de Balzac ou Eugène Delacroix. George Sand y est d’ailleurs morte et repose aujourd’hui dans le cimetière familial situé à l’intérieur même du domaine. Le jardin et le parc sont visitables librement, ainsi que la maison, et petite particularité : l’exposition permanente de marionnettes, que l’autrice habillait tandis que son fils, Maurice Sand, sculptait les têtes et peignait les décors.

Le château de By ou le musée de l’atelier Rosa Bonheur

Classé Maison des Illustres en 2011, entrée cette année au Patrimoine d’intérêt régional, bénéficiaire du loto du patrimoine suite à son classement Patrimoine en péril en 2019, le musée de l’atelier Rosa Bonheur a vu le jour suite à l’initiative de son héritière Anna Klumpke qui a décidé d’ouvrir son atelier au public après la mort de l’artiste. Situé dans la commune de Thomery en Seine-et-Marne, l’atelier est placé au cœur du château de By, achetée en 1859 par Rosa Bonheur afin de lui servir de cadre de travail serein et en pleine nature, mais surtout au contact des animaux, elle qui aimait particulièrement les peindre jusqu’à sa mort en 1899. Atelier de style néogothique créé par l’architecte Jules Saulnier, il a entre autres été visité par l’impératrice Eugénie qui délivra la légion d’honneur à l’artiste peintre en 1865. Sur son bureau, la composition d’une ode à sa gloire écrite par Georges Bizet est encore visible aujourd’hui. Au cœur de l’atelier laissé dans son état d’origine, sont observables des objets détenus anciennement par la peintre : ses croquis, notes, ses pinceaux, ainsi que ses vêtements, comme un chapeau ou des bottines. Vous pourrez même y retrouver ses mégots de cigarettes ! En plus de l’atelier, se sont développées des expositions temporaires et des festivals, en plus d’un salon de thé et de chambres d’hôtes.

Le fort Sarah Bernhardt

Situé à Belle-Île-en-Mer, en Bretagne, ce petit fort militaire fut la résidence de vacances de la comédienne Sarah Bernhardt de 1894 à 1922. Depuis, le bâtiment a gagné le statut de Maisons des Illustres et de Monument Historique. Ce lieu qui a accueilli une véritable ménagerie au temps de l’actrice (des caméléons, en passant par des singes, et même un crocodile) ainsi que de prestigieux invités amis de Sarah Bernhardt, est devenu un musée visitable suite à son rachat par le Conservatoire du littoral, désormais géré par la Communauté de Communes de Belle-Ile-en-Mer. Tout comme Joséphine Baker, la cession du lieu s’est faite par obligation suite à des difficultés financières, au grand damne de l’actrice qui aurait souhaité être enterrée face à la mer. Ouvert en 2007 et fort de 25 000 visiteurs annuels, il est possible d’y apercevoir des vêtements de la comédienne, des documents d’époques ainsi que des photographies. En plus du fort dont l’intérieur a été aménagé pour restituer l’atmosphère de l’époque, il est possible de visiter le musée de la citadelle de Belle-Île-en-Mer dans lequel sont exposés plus d’objets personnels ayant appartenu à l’actrice : des affiches de ses spectacles, en plus de ses réalisations artistiques telles que des tableaux ou des sculptures. Également visitable, la villa des 5 parties du monde, dans lequel il est possible d’en apprendre davantage sur la vie de Sarah Bernhardt à partir d’une visite guidée par la voix de l’actrice Fanny Ardant dans le rôle de l’une des petites filles de la comédienne.

Samten Dzong, ou la Maison Alexandra David-Néel

Situé à Digne-les-Bains, classée monument historique et Patrimoine du XXe siècle, ainsi que musée de France, participant à la Fédération nationale des maisons d’écrivains et des patrimoines littéraires, Samten Dzong (ou la forteresse de la méditation en langue tibétaine), est achetée en 1928 par l’aventurière Alexandra David-Néel, suite à son expédition au Tibet (après tout, c’était la première femme occidentale à être entrée dans sa capitale, la cité interdite de Lhassa). Au cours de son séjour, elle y fait construire des pièces dans un style à la fois Européen et Tibétain, et elle y résida jusqu’à sa mort en 1969 à plus d’une centaine d’années. Léguée à la ville de Digne-les-Bains en même temps que ses nombreux objets souvent rapportés de ses voyages, des manuscrits, correspondances et photographies, la maison est aujourd’hui un musée à visiter, musée dont les collections sont souvent alimentées grâce à la Fondation Alexandra David-Néel. Pour la petite anecdote, l’un de ses plus fameux visiteurs fut le 14ᵉ Dalaï-Lama, venu plusieurs fois entre 1982 et 1986.

Au cœur de la maison dont certaines pièces ont été laissées à l’identique, on trouve des calligraphies chinoises, une pièce dans laquelle est entreposée une collection d’objets venant du Japon, du Tibet et de Chine, ainsi qu’une chambre accueillant le bureau auquel s’est souvent assise l’exploratrice. Certains de ses ouvrages sont d’ailleurs toujours posés dessus. Dehors, il est possible d’observer le jardin de roses ainsi que le verger-potager d’environ 1 300m² dans lequel Alexandra David-Néel passait beaucoup de temps. Dans d’autres pièces, on retrouve des valises et autres malles rendant hommage à l’incroyable aventurière qui a jadis habité ces lieux, ainsi que des bibliothèques remplies d’ouvrages. Bref, tout est fait pour retracer fidèlement la vie d’Alexandra David-Néel : d’un film de 15 minutes à son sujet, à une salle thématique compte rendu de son dernier voyage en Chine, afin de comprendre les idées et la vision de l’aventurière à travers des supports écrits ou photographiés. Il est également possible, en venant au bon moment, de tomber sur une exposition temporaire autour des objets d’art asiatique légué par cette femme extraordinaire et pionnière au Musée National des Arts Asiatiques.

La bibliothèque Marguerite Durand

Fondée en 1932 par la journaliste féministe et fondatrice du journal La Fronde Marguerite Durand, la bibliothèque réunie de nombreux ouvrages axés sur l’histoire du féminisme et des femmes en général, et est d’ailleurs la seule bibliothèque publique française du genre. Elle se trouve actuellement 79 rue Nationale à Paris, après avoir séjourné entre 1932 et 1989 dans la mairie du 5ᵉ arrondissement de Paris. D’abord conçue comme une petite collection alimentée par les dons des lecteurs au sein des locaux du journal La Fronde, la bibliothèque dans sa version améliorée voit le jour une fois les ouvrages légués au conseil municipal de la ville de Paris en 1932, soit quatre années avant la mort de la journaliste. Fermée sous l’Occupation Allemande, partiellement détruite, la collection renaît en 1964. C’est sous la houlette de Simone Blanc que la bibliothèque déménage ensuite, cette dernière la trouvant trop étroite et vétuste. C’est donc en 1989 qu’elle trouve sa place dans le 13ᵉ arrondissement, dans un bâtiment plus large et moderne.

Maintes fois améliorées, avec de nouvelles acquisitions et dons constants, la bibliothèque est forte de 45 000 ouvrages et brochures, dont les plus vieux remontent au XVIIe siècle, allant des nombreuses œuvres d’Olympe de Gouge à François Poullain de la Barre (écrivain français féministe né en 1647). Les œuvres portent sur des sujets aussi variés que le féminisme, les sciences, le social ou la religion. De nombreux ouvrages de poésie, pièces de théâtre, romans, correspondances, journaux intimes, thèses, mémoires, et correspondances complètent également la collection. Parmi les autres trésors de la bibliothèque : 1200 titres de périodiques féministes, militants, de recherche, mais également des coupures de presses, des tracts, des notices biographiques parmi les 5000 dossiers documentaires. Il est aussi possible de trouver 3500 cartes, 5000 photographies du XIXe et XXe siècle, 1000 affiches issus d’un fond iconographique d’hier et d’aujourd’hui, 4500 lettres, autographes et manuscrits venant de grandes personnalités féminines parmi lesquelles l’exploratrice Alexandra David-Néel, la militante Louise Michel, ou encore l’actrice Sarah Bernhardt, mais également des objets d’arts comme des tableaux, sculptures ou gravures, 80 fonds d’archives d’associations et de personnalités. Outre cela, des colloques, conférences et expositions sont également organisés au sein de la bibliothèque.

Le musée Curie

Situé à deux pas du Panthéon à Paris, là où reposent les époux Curie depuis 1995, ce musée a pris place dans les locaux de l’ancien Institut du radium fondé en 1914 dans l’optique de lutter contre le cancer avant sa fusion avec la fondation Curie qui donna naissance à l’Institut Curie en 1976. Marie Curie y travailla et fut la directrice du laboratoire de physique et de chimie de sa fondation jusqu’à la fin de sa vie en 1934. Le musée permet de se cultiver à la fois sur les sujets de la radioactivité, de la radiothérapie et de la science en général, mais il est également consacré à la vie personnelle de la scientifique ainsi qu’à celle de sa famille. Il est possible de visiter les archives ainsi qu’une exposition permanente constamment enrichie grâce à l’Association Curie et Joliot-Curie ainsi qu’à la contribution de la famille proche de la scientifique. Pour en savoir plus sur Marie Curie, son bureau et son labo de chimie décontaminé en 1981, ses outils de recherches (ainsi que d’autres instruments ayant servi à la recherche sur le radium de 1910 à 1960, en tout plus d’un millier, tous n’étant pas exposés) ont été conservés et sont exposés pour les visiteurs en compagnie de photos et autres documents d’archives. C’est dans ce même laboratoire qu’Irène Joliot-Curie et son époux travaillèrent ensemble sur la radioactivité artificielle avant d’obtenir le Prix Nobel pour leurs recherches. Aussi visitable, le jardin créé par Marie Curie à destination de ses collaborateurs, désormais gardien des portraits de la famille Curie réalisés par l’artiste C215 : Marie et Pierre Curie, leur fille Irène ainsi que son époux Frédéric Joliot-Curie.

La bibliothèque est forte de 5000 documents imprimés et 300 autres sous forme audiovisuels, de biographies françaises et étrangères sur Marie Curie, de thèses, mémoires, de recherche sur l’énergie atomiques et contre le cancer, ainsi que de nombreuses photographies au sujet de l’institut du radium ou des documents plus intimes sur la famille, certains retraçant d’ailleurs les combats et événements dont ils ont été les acteurs (Mouvement de la paix, ou le congrès du Parti Communiste français par exemple). De nombreux témoignages sur la famille, qu’ils proviennent de leurs propres films ou d’interviews et témoignages de leurs collaborateurs, sont également disponibles. D’autres manuscrits, coupures de presse françaises et internationales ou affiches (Notamment pour la prévention anti-cancer fournies par le service iconographique de l’Hôpital de la Fondation Curie) sont également consultables sur rendez-vous. Un fond si riche qu’il fait désormais partie du réseau de l’Agence Bibliographique de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Également disponibles, trois cahiers de bord (dont l’un a été numérisé et mis en ligne après une collaboration avec Paris Sciences Lettres), quatorze rapports d’activité, 19848 articles de presse américaine au sujet des deux mois de voyage du couple Curie au pays de l’oncle Sam en 1921. Aussi présents, des documents relatifs à la Fondation elle-même, des rapports d’activité aux dossiers personnels de ses membres, ainsi que des archives de divers laboratoires ou instituts scientifiques comme le laboratoire Curie, le CNRS, ou l’Institut de physique nucléaire d’Orsay parmi d’autres. Le musée propose également des outils plus modernes, comme des web séries, des capsules vidéos ou encore une visite virtuelle.

Le logis de la Vergne ou la demeure de Maria Casarès

Inscrit au patrimoine historique le 12 décembre 2003 et situé en Charente, dans la commune d’Alloue, le logis de la Vergne est connu pour avoir été lieu d’habitation de Maria Casarès, actrice française d’origine espagnole, dont le travail a été largement effacé par sa relation avec l’auteur Albert Camus. Demeure des seigneurs depuis le XVIe siècle, elle est achetée par l’actrice, en compagnie de son ami André Schlesser, en 1961, puis léguée à la commune d’Alloue à la mort de Maria selon ses souhaits. Domaine du festival théâtral d’été de la demeure Maria Casarès, il reste un lieu de rencontre incontournable pour les acteurs du théâtre, qu’ils soient sur scène ou derrière la création.

La maison de Marie Noël

Située à Auxerre, labellisée Maison des écrivains en janvier 2018 et maison des Illustres en décembre 2019, cette maison du XVIIIe siècle a appartenu à la famille de la poétesse Marie Noël. Elle y vécut jusqu’à la fin de sa vie en 1967, se logeant dans un appartement qu’elle aménagea à l’intérieur même de ces murs. Désormais propriété de la Société des Sciences de l’Yonne, son premier étage, l’appartement de la poétesse, est demeuré intacte selon ses vœux. Parmi les pièces les plus connues, il est intéressant de nommer le Salon de Musique et la Chambre. De récents travaux de rénovations ont été effectués à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur, permettant l’aménagement d’un théâtre de verdure dans l’ancien jardin afin d’accueillir lectures, représentations théâtrales et concerts.

Le musée Camille Claudel

Parmi les musées portant l’empreinte des femmes, on peut noter le musée Camille Claudel, bâtiment conçu par Adelfo Scaranello, et dédié à l’œuvre de l’artiste. Situé dans un village, celui de Nogent-sur-Seine, dans l’Aube, un village emblématique pour l’artiste qui y découvrit sa passion pour la sculpture durant son adolescence, il a été inauguré récemment, le 26 mars 2017, et est le successeur du musée Dubois-Boucher, artiste qui lui-même repéra le talent de Camille Claudel. Composé de plus de 200 œuvres allant du XIXe au début du XXe siècle, le musée contient également la plus importante collection des œuvres de l’artiste. (43, en grande partie grâce aux fonds constitués de collections rassemblées par Reine-Marie Paris et Philippe Cressent et des achats sur le marché de l’art avec l’aide du fonds du Patrimoine) pour 15 salles d’exposition. Vous découvrirez, en plus de l’œuvre de l’artiste, l’histoire de la sculpture, et son évolution au temps de Camille Claudel, en parcours libre, audioguide ou visite guidée. En plus de la visite, le musée organise différentes animations : lectures, conférences, projections, spectacles vivants ou ateliers pour enfants.

Les maisonnettes Nadia et Lili Boulanger

Situé à Gargenville dans les Yvelines, labellisé Maison des Illustres en 2014, ces petites maisons sont devenues la propriété de Raïssa Boulanger en 1926. Mère des célèbres sœurs Boulangers, elle transforma les bâtisses en véritable havre de paix pour créatifs et compositeurs. Également appelées les ‘Maisonnettes, ces trois bâtiments ont accueilli les sœurs Nadia et Lili Boulanger et leur ont permis de développer leur musique en compagnie du pianiste et ami de leur mère, Raoul Pugno. Lauréate du Grand prix de Rome en 1913, Lili décédera précocement cinq années plus tard, dictant une dernière mélodie, ‘Pie Jesu’, à sa sœur sur son lit de mort. Nadia se lancera ensuite dans l’enseignement et se servira des maisonnettes afin de loger ses élèves, des élèves aussi célèbres qu’Aaron Copland ou Michel Legrand, transformant ainsi les bâtiments en véritable temple de l’enseignement musical visité par de nombreux artistes tels que Paul Valéry ou Maurice Gendron. Acquises après le décès de la compositrice par la ville de Gargenville en 1998, l’endroit devient un véritable musée et lieu de mémoire, se situant d’ailleurs place Lili Boulanger. À l’intérieur, le piano de Raoul Pugno sur lequel se sont également entraînés les deux sœurs, ainsi qu’un auditorium de 65 places accueillant de nombreux événements, notamment musicaux ou des expositions. Bien que le premier étage de la maison principale soit fermé au public, d’autres demeures, notamment celle située la plus proche de la route, sont visitables. À l’intérieur, il est possible de voir les meubles d’époque de la cuisine et du salon, ainsi que de nombreux ouvrages et divers autres objets, dont une photo de Nadia Boulanger.

Le château de Cirey, ou la demeure d’Émilie du Châtelet

Situé dans la commune de Cirey-sur-Blaise, dans la Haute-Marne et classé monument historique en 2002, le château est avant tout connu pour deux célèbres occupants, Voltaire, qui y séjourna durant 15 années à partir de 1734, sur invitation de la mathématicienne Émilie du Châtelet suite au scandale de la publication des Lettres Philosophiques pour lesquels l’écrivain risquait l’emprisonnement. L’auteur aidera d’ailleurs à la restauration et à l’expansion de la demeure qui, à l’époque, en avait bien besoin. En plus de ses appartements, il installa un cabinet scientifique et une porte dédiée à la fois aux arts et aux sciences. Il entreprit aussi de redonner des couleurs aux deux jardins en y installant terrasses, orangeries et autres bosquets de tilleuls ainsi que de longues allées. Ce bâtiment construit en 1643 est visitable et contient des lieux de grand intérêt : le petit théâtre de Voltaire, la chapelle, la bibliothèque ou la chambre d’Émilie du Châtelet en plus des différentes pièces habituelles telles qu’une cuisine, les salons, ou la salle à manger. Le château, qui est encore le domaine de propriétaires privés qui l’ont cependant ouvert au public, a également accueilli une autre femme de lettre, Françoise d’Issembourg du Buisson d’Happencourt, connue pour ses ‘Lettres d’une Péruvienne’ publié en 1747, ainsi que le Marquis De La Fayette et Madame Vigée-Lebrun, peintre de la reine Marie Antoinette.

Le château des Rochers-Sévigné

Manoir gothique du XVe siècle connue pour avoir été la demeure de la famille de la célèbre Madame de Sévigné depuis 1410, l’autrice y écrivit nombre de ses correspondances, 294 parmi les 1120 lettres, dont beaucoup furent adressés à la comtesse de Grignan, sa fille. Situé dans un grand parc boisé en Ille-et-Vilaine, vers Vitré, classé monument historique le 20 mars 1995, le château est ouvert au public depuis 1884. L’entrée se fait par l’ancienne orangerie, dans un jardin créé par nul autre qu’André Le Nôtre en 1690, paysagiste de Louis XIV, et restauré en 1982. À l’intérieur, il est possible de voir l’exposition dédiée à la célèbre épistolière, ainsi que son portrait et ceux de ses proches, son nécessaire d’écriture et de toilette trouvables au sein des tours du château. Également présente, une chapelle construite en 1671. Moins historiques, vous trouverez un golf, un restaurant, et des salles de réception.

Le jardin des Tarots (ou Giardina dei Tarrochi) par Niki de Saint Phalle

Une artiste française pour une réalisation italienne en Toscane, plus précisément à Garavicchio dans le village de Prescia Fiorentina. Le jardin a pour thèmes les arcanes de tarot (vingt-deux en tout) représentées à travers des sculptures imposantes et oniriques, parfois exagérées et disproportionnées. Commencé en 1979 et terminé en 1993, il est finalement ouvert au public en 1998. Les sculptures de 12 à 15 mètres de hauteur sont également des habitations dans lesquelles Niki de Saint Phalle elle-même et son mari ont séjourné. Antisismiques, elles sont à base de béton et d’une armature métallique (soudée à la main ! Avec l’aide de son mari Jean Tinguely), recouvertes de mosaïques composées de verre, de miroir, et de céramique. L’entrée se fait par un pavillon fabriqué par l’architecture suisse Mario Botta, révélant ensuite le rêve de jeunesse de la sculptrice, inspirée des œuvres d’Antoni Gaudi et du Parco dei Mostr à Bomarzo, ou encore par le très célèbre Palais Idéal du Facteur Cheval et les Watts Towers. Cet espace est géré par une fondation privée : la Fondation le Jardin des Tarots. Bien que payant afin d’assurer l’entretien du parc, certains jours sont cependant gratuits, un souhait là aussi émit par l’artiste.

Un Musée en 2024

Prévu pour 2024, à Mougins, dans le sud-est de la France, le FAMM, remplaçant du musée antique MACM, dédiera ses galeries aux œuvres réalisées par les femmes. Initiative du collectionneur Christian Levett, il sera alors le premier musée Européen à exposer exclusivement des œuvres réalisées par des artistes féminines. Parmi les premiers noms dévoilés : Louise Bourgeois, Joan Mitchell, Marlene Dumas ou encore Alma Thomas parmi bien d’autres noms.

Sites du matrimoine

Les sans pagEs

Initiative de Natasha Rault, les sans pagEs est un projet visant à mettre en lumière le travail des femmes en leur créant et en remplissant leur fiche sur Wikipédia. Lancé en juillet 2016 suite à la constatation de l’écart entre les biographies masculines et féminines (moins de 20 % étant dédiés à des femmes), le collectif est à l’origine, en 2020, de plus de 5000 pages et ne cesse de continuer à étoffer le site contributif avec de nouvelles biographies.

L’histoire par les femmes

Administré par l’autrice Sophie Muse, l’histoire par les femmes est un site répertoriant de nombreux portraits de femmes d’hier et d’aujourd’hui, le plus souvent oubliées par l’histoire. Des reines en passant par les sportives, les femmes de lettres, les guerrières, les artistes, les activistes ou les scientifiques, tous les domaines, zones géographiques, profils, et périodes historiques y sont représentés.

Le deuxième texte

Site conçu lors du #HackEgalitéFH, le deuxième texte vise à mettre en avant les textes d’autrices oubliées des programmes scolaires. Il est ainsi possible de retrouver des traductions d’œuvres différentes tels que des poèmes, des fables, ou encore des extraits d’œuvres plus larges. Si les auteurs hommes ne sont également pas oubliés, le projet vise avant tout à remettre dans la lumière des textes délaissés à travers les siècles.

Vous connaissez désormais quelques-uns des lieux à voir toute l’année pour honorer le matrimoine français, et bien que l’histoire de la contribution des artistes féminines au patrimoine français et plus largement mondial sort peu à peu de l’ombre, il reste important de montrer son intérêt pour leur héritage, afin de permettre de lancer d’autres initiatives sur le sujet. Car après tout, il n’y aura jamais trop d’art et de culture au pays des lumières.

Kimberley Sanson

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