Renaissance de la thérapie psychédélique

Les psychédéliques sont surtout connus pour leurs états de conscience modifiée grâce à l’ingestion de plantes hallucinogènes. Elles sont actuellement très prisées par le tourisme chamanique avec un cadre plus ou moins réglementé. A contrario, ces substances s’avèrent d’une grande utilité pour traiter des maladies comme la dépression. L’ONU estime que 3,8 % de la population mondiale souffre de cette pathologie. Toujours en cours d’expérimentation, peut-on parler d’une renaissance de la thérapie psychédélique ?

Thérapie psychédélique : de son origine jusqu’aux années 70

• Son commencement

Les psychotropes sont utilisés depuis des millénaires pour leurs vertus thérapeutiques et spirituels : rites de passage, traitement de maladies, soins de l’âme, connexion à l’Univers, etc. Ces cérémonies sont supervisées par les chamanes dans diverses tribus ethniques autour du globe. Pour atteindre un état de conscience modifiée, les guérisseurs se servent de plantes dont les plus connues sont :

• l’ayahuasca en Amazonie ;
• le peyotl au Mexique ;
• la psilocybine (champignon hallucinogène) ;
• le tabac, etc.

• Essais cliniques en masse pour le LSD

Dès le siècle dernier, à travers leurs périples, plusieurs chimistes s’intéressent aux substances psychotropes comme :

• Aldous Houxley avec la mescaline (issue d’un cactus) ;
• les époux Wasson avec la psilocybine ;
• Albert Hofmann avec le LSD (ergot de seigle, champignon parasite des céréales).

Après sa propre expérimentation du LSD en 1938, le chimiste suisse et le laboratoire Sandoz exportent cette nouvelle matière aux chercheurs du monde entier. Des essais cliniques ont été mis en place avec des volontaires. Ces tests ont permis certaines avancées sur la psychiatrie comme le fait :

• de comparer les effets des substances hallucinogènes sur les symptômes de psychose ;
• d’être un support thérapeutique en cas de dépression lors de traitement pour les cancers ;
• de réduire la dépendance à certaines substances (alcool, drogues, etc.)

• Popularisation et bannissement des psychédéliques

Timothy Leary, professeur de psychologie à Harvard, expérimente avec ses étudiants les effets du LSD. Suscitant l’intérêt grandissant de la jeunesse et de la contre-culture américaine pour son usage récréatif, les substances psychédéliques se démocratisent mondialement. Face aux conséquences négatives de ces dernières, la répression et la diabolisation gagnent du terrain. Classés illégal en 1966 en France, les psychotropes sont proscrites par le gouvernement Nixon en 1970. Toutes les substances hallucinogènes appartiennent désormais à la famille des drogues. En 1971, l’ONU entérine leur usage et signe la convention sur les substances psychotropes.

À partir des années 2000, la renaissance de la thérapie psychédélique

Après la ratification de l’ONU, la recherche est quasiment au point mort pour les psychédéliques. The Johns Hopkins Center for Psychedelic and Consciousness Research réussit à obtenir une autorisation légale des États-Unis pour des essais avec les champignons hallucinogènes sur des volontaires. Contrairement aux recherches des années 70, le cadre est plus strict :

• la sécurité (accompagnement du patient durant la thérapie et après un temps imparti) ;
• le dosage précis ;
• les résultats positifs des tests.

Ces arguments permettent de relancer la recherche mondiale.

• Pathologies ciblées

Durant cette période, les études cliniques se focalisent sur certaines maladies à long terme comme l’addiction au tabac. Sur 15 participants, 80 % sont restés abstinents sur les six mois d’essai clinique à l’aide de la psilocybine. Les conclusions sont également positives pour les dépendances à l’alcool et aux drogues dures. Les patients touchés par le cancer voient aussi diminuer leur dépression liée à la fin de vie.

• Recherche avancée

Avec des fonds privés et un temps d’étude élargi négocié auprès des autorités, la recherche continue avec la thérapie psychédélique. Le but est d’obtenir des résultats significatifs sur le fonctionnement du cerveau pour la maladie d’Alzheimer, la maladie de Lyme, les troubles alimentaires comme l’anorexie, ESPT (État de Stress Post-Traumatique), etc.

Thérapie psychédélique de nos jours : un retour en grâce dans certains pays et États

Les substances hallucinogènes voient leurs interdictions s’amenuiser dans le monde entier depuis la fin 2022.

• En Suisse

Ce sont uniquement les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) qui proposent la psychothérapie assistée par psychédéliques (PAP). Le patient doit d’abord candidater pour pouvoir accéder aux traitements. L’équipe soignante vérifie au préalable les antécédents de santé, prise de médicaments et la possibilité de financement. Dès que le dossier est accepté, les professionnels de santé font la demande auprès de l’Office Fédéral de Santé Publique (OFSP) pour obtenir l’autorisation des traitements. Plusieurs séances encadrées sont prévues dans le service d’addictologie selon un protocole strict établi.

• Légalisation de la psilocybine aux États-Unis

Depuis le 1er janvier 2023, l’État de l’Oregon autorise légalement l’utilisation des champignons magiques à toute personne âgée de plus de 21 ans. Le traitement est possible seulement sous la supervision de thérapeutes formés. L’État du Colorado a voté également pour la légalisation de la psilocybine avec la création de centres de soins. Le Connecticut, le New Jersey et la Californie veulent pareillement suivre cette initiative.

•­­ En Australie

À partir du premier juillet 2023, l’Australie sera le premier pays au monde à rendre légale l’utilisation médicale de la psilocybine et MDMA (méthamphétamine) pour le traitement des ESPT (État de Stress Post-Traumatique) et des dépressions sévères. En revanche, ces deux substances restent classifiées comme drogues en tant que telles. La thérapie est réservée aux patients qui supportent mal ou ont des symptômes persistants face aux traitements classiques. La supervision des séances est effectuée par un psychiatre approuvé et formé par le TGA (Australia’s Therapeutic Goods Administration).

Les substances psychotropes sont utilisées depuis des millénaires pour leurs pouvoirs thérapeutiques et spirituels. Elles ont suscité une certaine ambivalence entre intérêt et interdiction depuis le 19ͤ siècle. En 2023, on assiste à la renaissance de la thérapie psychédélique après des années d’expérimentation. L’Australie devient le pays précurseur sur l’utilisation légale de certaines substances psychotropes dans un cadre médical encadré. Avant de pouvoir bénéficier d’une thérapie psychédélique en France, pourquoi ne pas essayer le Griffonia pour le traitement naturel de la dépression ?

Christelle Badel