Environnement

Le retour du loup en France, une nécessité ?

Au siècle dernier, l’homme a chassé le loup du territoire français. Aujourd’hui, le canidé revient et s’installe lentement mais sûrement un peu partout dans l’hexagone. Entre son rôle de régulateur naturel et les dégâts qu’il produit dans les troupeaux, il est légitime de se demander si le retour du loup en France est une nécessité.

Le retour du loup en France, une nécessité ? - Le blog du hérisson

Le loup : un animal fascinant

Afin de mieux appréhender le dilemme actuel, il est intéressant de comprendre le fonctionnement du loup et comment il évolue. Pour rappel, c’est en 1992 qu’un couple de canidés arrive en France par les Alpes en provenance de l’Italie. Peu à peu, des meutes se sont établies, dans plusieurs régions du pays. En 2022, l’Office Français de la Biodiversité (OFB) dénombrait 921 individus.

► Le fonctionnement de la meute

La majorité des loups vivent en meute. Hiérarchisée, celle-ci assure la sécurité de tous ses membres. Les clans sont sédentaires. À ce jour, on les retrouve principalement sur une grande partie de l’est de la France. Quelques groupes sont également installés dans les Pyrénées et le Massif central.

Ils chassent en groupe et s’attaquent généralement aux animaux sauvages, blessés ou vieux. Ils peuvent être charognards lorsque la nourriture vient à manquer. Effrayées par l’homme, les meutes se tiennent éloignées des villes. Abattre l’un des chefs de clan (couple alpha) peut entraîner un désordre au sein du groupe aussi préjudiciable pour les animaux que pour l’homme.

En l’absence du couple dominant, qui sert entre autres de régulateur, les loups de la meute ont la possibilité de se reproduire de façon excessive. Leur nombre trop élevé pour leur territoire les pousserait à attaquer les troupeaux agricoles faute de proies sauvages.

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► Des disperseurs partout en France

Par choix ou par obligation, un individu peut se retrouver exclu du groupe. C’est ainsi qu’il devient un loup solitaire. Il doit alors sortir du territoire de sa meute initiale pour en trouver un sur lequel il pourra former sa propre famille.

Des disperseurs (loup solitaire) sont un peu partout en France. En effet, ils sont capables de parcourir 80 km par jour pour trouver le compagnon ou la compagne avec qui former sa meute. C’est pour cela que des loups solitaires ont été aperçus en Charente-Maritime ou en Île-de-France.

En général, ce sont les disperseurs qui attaquent les troupeaux de moutons et de chèvres. Étant seul, il est plus difficile pour eux de chasser. Ils ne connaissent pas le territoire, alors, un groupe d’ovins coincés dans un champ, c’est du pain béni pour eux.

Un prédateur au service de la biodiversité

Comme vous le savez, le loup attaque en priorité des proies faciles à attraper. Ainsi il peut stopper la propagation d’une maladie dans un groupe de gibier en se nourrissant des individus malades.

Le retour du loup en France est une nécessité, car il est un régulateur naturel. En effet, ce carnivore limite la multiplication de certaines espèces sauvages, telles que les cervidés ou le chien viverrin. Sa présence permet de maintenir un écosystème équilibré.

Le loup n’est pas un danger pour l’homme. C’est en janvier 2023 que l’on a recensé la seule et unique confrontation entre l’homme et le canidé depuis 1992. Il s’agit d’un fait rarissime dû à la configuration des lieux qui ne permettait pas de solution de repli pour la meute. Les bêtes effrayées ont montré les crocs avant de prendre la fuite.

Pour réguler la population de loups sur le territoire français, le préfet coordonnateur du plan national d’action sur le loup établit un quota d’abattage pour l’année. En 2023, il est prévu d’abattre 19 % de la population totale de canis lupus en France, ce qui correspond à 174 individus.

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Un nombre d’attaques stable, mais toujours important

Malgré la mise en place de multiples dispositifs visant à limiter les attaques sur les animaux d’élevage, celles-ci persistent en grand nombre. Selon l’OFB, on estime que 3700 assauts ont eu lieu en 2020.

Le retour du loup impose aux agriculteurs de prendre des mesures pour se protéger des pertes infligées par le canidé. Bien qu’ils soient indemnisés pour cela, c’est à eux de s’adapter en mettant en place :

  • des clôtures électriques,
  • l’intégration de patous dans les troupeaux,
  • les tirs de défense.

Si aucun de ces modes de dissuasion ne réussit à repousser le prédateur, l’agriculteur peut recourir à une autorisation exceptionnelle pour faire abattre l’animal. En attendant, il a déjà perdu une partie de ses bêtes.

La présence du loup conduit aussi à une autre problématique. En effet, la présence des patous dans les troupeaux met en danger la sécurité des randonneurs. Ceux qui sont accompagnés de leurs animaux domestiques sont considérés comme dangereux par les chiens protecteurs.

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La cohabitation entre l’agriculteur et ce canidé sauvage est-elle possible ? Que l’on pense que le retour du loup en France est une nécessité ou pas, elle semble inévitable. Il serait dommage de tomber dans la gueule du loup en prenant des décisions sans concertation entre écologistes et éleveurs.

Hélène Honhon

2 réflexions sur “Le retour du loup en France, une nécessité ?

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