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Ces mal-aimés utiles au jardin

Reconnu et encensé pour ses nombreux bienfaits, le jardinage comporte, aussi, quelques désagréments. Car autant se l’avouer, les corvées de désherbage et la présence de bestioles pas très rassurantes n’incitent guère à pratiquer cette activité. Mais, en y regardant de plus près, l’on s’aperçoit vite que les mauvaises herbes et les insectes disposent d’atouts non négligeables. Envie d’en savoir plus sur ces mal-aimés utiles au jardin ?

Ces mal-aimés utiles au jardin - Le blog du hérisson
Syrphe butinant une fleur de liseron

Les mauvaises herbes : toujours là où il ne faut pas ?

Souvent qualifiées d’opportunistes et increvables, les mauvaises herbes donnent du fil à retordre aux jardinier.e.s. qui aiment voir leur coin de verdure propre et ordonné.
Pourquoi se montrent-elles si omniprésentes et vivaces dans nos jardins ? Composées d’une multitude d’espèces locales, elles sont donc parfaitement adaptées au milieu où elles prospèrent. Milieu qu’elles colonisent allègrement, de surcroît, grâce à une forte production de graines et des racines profondes et traçantes, (très) difficiles à éliminer.
Dès lors, afin d’empêcher leur propagation, désherber s’impose dans certaines situations comme :

  • l’entretien et l’esthétisme des abords de la maison et du voisinage ;
  • écarter toute concurrence déloyale face à des plantations souvent moins robustes, pour l’eau, les nutriments, l’espace et la luminosité ;
  • contenir les herbes abritant ravageurs et maladies néfastes pour les cultures ;
  • éradiquer, en prenant toutes les précautions nécessaires, les plantes toxiques, allergisantes, envahissantes et invasives.

Mis à part ces cas particuliers, apprendre à connaître ces adventices (terme plus approprié, car en botanique les “mauvaises herbes” n’existent pas) qui se sont installées dans notre jardin, peut être riche d’enseignement.

• Elles apportent de nombreux bénéfices au sol

Grâce à un système racinaire vigoureux et une croissance rapide, les adventices recouvrent le sol nu et l’empêchent de s’éroder. En décompactant la terre, ces mêmes racines stimulent la vie souterraine, essentielle à sa bonne santé et participent à sa fertilité.

Une forte présence de plantes ditesbio indicatrices nous livre de précieuses informations sur l’état du sol et les éventuelles corrections à apporter :

  • liseron des champs : sol compact, (trop) riche en azote ;
  • pourpier : sol pauvre, drainant et tassé ;
  • mouron blanc : sol vivant et équilibré ;
  • etc.

Fauchés avant la montée en graine ou arrachés puis séchés, l’on épand ces végétaux, riches en minéraux, comme paillis protecteur et nourricier. Le surplus est déposé au compost. Cet amendement naturel enrichit la terre et nourrit les plantes.

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• Elles renferment des propriétés remarquables

Ces “herbes folles” favorisent la biodiversité en hébergeant  une faune variée qui contribue à maintenir l’équilibre du lieu. Elles lui fournissent les ressources alimentaires dont elle a besoin, même au cœur de l’hiver quand elles se raréfient.

Leur principes actifs employés sous forme de purins, décoctions et infusions soignent bien des maux du jardin. Ces traitements bio jouent un rôle préventif ou répulsif contre maladies et indésirables ou stimulants sur les plantations.

La plupart de ces mauvaise herbes sont aussi :

  • connues et exploitées pour leurs vertus médicinales depuis le Moyen-Âge ;
  • consommées crues ou cuites dans de délicieuses recettes (les chefs les plébiscitent pour leurs saveurs originales) ;
  • d’une qualité nutritionnelle supérieure à celle des légumes traditionnels.

Conseil aux néophytes : avant de récolter quoi que ce soit et afin d’éviter tout risque d’intoxication, consulter un.e herboriste, des ouvrages spécialisés ou suivre une formation à la cueillette sauvage est fortement recommandé.

Les insectes : petits mais costauds !

Reconnaissons-le, peu de personnes apprécient les insectes, volontiers considérés comme insignifiants et nuisibles. À tort. Ils forment un chaînon indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes et s’ils disparaissaient, point de survie pour l’Homme :

  • La pérennité de 90 % des plantes à fleurs de la planète et de 84 % des cultures européennes dépend des pollinisateurs ;
  • Sans eux, les récoltes alimentaires mondiales diminueraient de 35 % ;
  • Les insectes participent à la lutte biologique contre les ravageurs, mais servent aussi de nourriture à de nombreux autres animaux ;
  • En recyclant la matière organique, ils limitent la prolifération de bactéries pathogènes tout en régénérant les sols ;
  • etc.

Menacée par les activités humaines (agriculture intensive, urbanisation galopante, pollution, réchauffement climatique, etc.), la population de ces mal-aimés pourtant si utiles décline dangereusement. En 2019, une étude internationale a constaté que 40 % des espèces d’insectes seraient en voie d’extinction.

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Un carabe, prédateur de plusieurs nuisibles du jardin

• Des auxiliaires efficaces au jardin

Les insectes occupent une place importante dans la biodiversité. L’encourager, c’est tendre vers un jardin autonome et vivant. Ces petites bêtes sont les alliées incontournables des jardinier.e.s.
Les insectes prédateurs régulent les populations de ravageurs qui détruisent les plantations et transmettent des maladies. Observée pour la première fois par C.V. Riley, un entomologiste américain, cette lutte biologique ciblée ne nuit pas à l’environnement. Elle représente une sérieuse alternative  aux produits phytosanitaires, particulièrement nocifs.
Citons notamment, la coccinelle, grosse consommatrice de pucerons, mais aussi la libellule dévoreuse de chenilles et de cochenilles, le forficule (ou perce-oreille), la chrysope verte, la guêpe et le syrphe, dont les larves, elles aussi, se délectent de pucerons.

En butinant les fleurs, les pollinisateurs transportent le pollen des étamines (organe mâle) vers le pistil (organe femelle). La pollinisation permet la reproduction de nombreux végétaux et un meilleur rendement au potager. Optimale, elle favorise l’obtention de fruits et légumes plus volumineux et plus riches en nutriments.
En France,  les espèces sauvages assurent 85 % de la pollinisation (abeilles solitaires, bourdons, papillons, etc.) et les abeilles domestiques, 15 %.

Les décomposeurs comprennent une foule d’insectes, souvent minuscules, se nourrissant de débris végétaux et animaux. En les fractionnant, ils ouvrent la voie aux microorganismes qui achèvent ce travail de décomposition. Primordiaux au compost, ces as du recyclage transforment cette matière organique en humus qui bonifie les sols.
On ne le réalise pas toujours, mais si cloportes, staphylins ou autres mouches n’existaient pas, la planète serait recouverte de détritus.

→ Attention, cela n’inclut pas les insectes invasifs (frelon asiatique, punaise diabolique, pyrale du buis…), responsables de graves dommages sur la biodiversité et délicats à contrôler.

• Des idées simples pour les attirer

Différentes actions destinées à faire de son jardin un petit paradis pour insectes ne semblent pas si compliquées à mettre en place. Il peut s’agir de :

  • créer des zones diversifiées : ombragées, ensoleillées, arborées, en friche, etc. ;
  • semer une prairie composée d’une flore indigène, prisée par la faune locale ;
  • implanter des variétés mellifères, aux floraisons échelonnées, près du potager et du verger ;
  • aménager des habitats divers : tas de bois, de sable, de pierres, de tuiles, de feuilles mortes, de tiges creuses ;
  • creuser une mare ou poser des coupelles d’eau avec quelques cailloux pour éviter les noyades, sur le sol ou un muret ;
  • installer un hôtel à insectes, idéal pour les petits jardins urbains ;
  • réduire les interventions humaines : tonte raisonnée, taille et fauchage tardifs ;
  • adapter ses pratiques : faire un compost, pailler, privilégier l’entretien manuel, bannir les pesticides chimiques ;
  • diminuer l’éclairage nocturne qui perturbe le rythme biologique des animaux ;
  • etc.

Prendre conscience de l’utilité de ces mal-aimés au jardin, découvrir tous les services (gratuits) qu’ils peuvent rendre, doit nous aider à mieux les accepter.
Nous constaterons, alors, que le jardinage ne présente que des avantages. Normal qu’il suscite un tel engouement !

Dominique Guillory

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