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Dyslexie : un trouble qui pénalise l’enfant

« Il manque de motivation », « il n’a pas le niveau », deux phrases que de nombreux élèves, pourtant volontaires, entendent régulièrement. Et si le problème ne découlait pas d’un déficit de travail ou d’intelligence, mais d’une dyslexie, un trouble qui pénalise l’enfant dans ses apprentissages ? Plongez avec nous au cœur du cerveau humain, pour mieux comprendre les difficultés rencontrées par ces jeunes.

Dyslexie : un trouble qui pénalise l’enfant - Le blog du hérisson
©Wikimedia Commons

Un dysfonctionnement aux multiples ramifications

La dyslexie est un trouble spécifique du langage et des apprentissages (TSLA). Elle se manifeste par des difficultés de lecture. Cette dernière reste très hachée, malgré les années. L’enfant confond les lettres entre elles et inverse les sons. On estime que 5 à 7 % des jeunes d’âge scolaire sont concernés.

► Les différents « troubles dys »

Les TSLA peuvent affecter plusieurs domaines d’apprentissage :

  • La lecture (dyslexie) ;
  • L’expression écrite (dysorthographie) ;
  • Les calculs mathématiques (dyscalculie) ;
  • Le langage oral (dysphasie) ;
  • La coordination (dyspraxie) ;
  • L’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH ou TDA).

En France, 6 à 8 % de la population sont concernés par ces dysfonctionnements, et, dans près de 40 % des cas, plusieurs se combinent entre eux. Ainsi, une personne dyslexique a souvent des problèmes d’inattention et des difficultés dans l’acquisition de l’orthographe.

► Une origine encore imprécise

La dyslexie est neurologique. Rien à voir donc avec des problèmes intellectuels, physiques ou psychologiques. Il ne s’agit pas non plus d’une maladie. C’est un « trouble spécifique du développement » de l’enfant. Les tests ont révélé que dans la moitié des cas, elle s’associait à un retard d’acquisition du langage oral avant l’âge de 4 ans.

Les causes sous-jacentes sont pour le moment inconnues, mais un facteur héréditaire existe. Les scientifiques ont réussi à identifier certains gènes de prédisposition, mais les études se poursuivent.

Grâce à l’imagerie cérébrale, les spécialistes observent les aires du cerveau impliquées dans les différentes fonctions cognitives. Ils soupçonnent des désordres neuronaux ou un déficit de connexion d’être à l’origine des troubles des apprentissages.

► Une évolution variable

Les TSLA sont durables et se poursuivent à l’âge adulte. Néanmoins, un diagnostic et un accompagnement précoces permettent d’en atténuer les effets.

De plus, grâce à la plasticité cérébrale, le cerveau se développe tout au long de la vie. L’évolution des capacités d’apprentissage et d’attention varie ainsi d’un individu à l’autre, et exerce une influence sur les TSLA.

La dyslexie n’empêche pas l’enfant d’aimer l’école. Elle peut par contre être source de démotivation, d’anxiété et de manque de confiance, notamment en cas de trouble sévère ou de diagnostic tardif. Les difficultés se sont alors accumulées, menant parfois l’élève dans une situation d’échec scolaire.

Dyslexie : un trouble qui pénalise l’enfant - Le blog du hérisson
Comparaison entre un cerveau fonctionnant normalement et un atteint de dyslexie ©Scientific Animations

Les conséquences de la dyslexie à l’école

Les matières demandant beaucoup de lecture et d’écriture, comme le français ou les langues vivantes, sont très impactées. Mais les incidences se ressentent aussi dans les autres disciplines.

► Un déchiffrage permanent

L’enfant lit très lentement et identifie mal les syllabes. Il éprouve des difficultés à nommer les lettres et peine à distinguer celles qui se ressemblent (h/n, m/w, b/d, etc.). Lorsqu’il fait face à un texte, il a le sentiment que les signes écrits se mélangent.

Il va donc confondre les mots, se tromper dans leur prononciation et n’arrivera pas à les appréhender dans leur globalité.

Lire engendre alors pour lui de la fatigue. Toutes ses facultés se concentrent sur le décodage, ce qui ne lui permet pas de saisir le sens de ce qui est noté.

Il n’a par contre aucun problème pour comprendre le langage oral.

► Un déficit dans la maîtrise de l’orthographe

Un dyslexique peine à associer les signes écrits (lettres, syllabes) aux sons correspondants, et n’arrive pas à retenir la forme visuelle d’un mot. Cela se révèle très pénalisant au quotidien.

Pour l’illustrer, prenons une astuce couramment utilisée pour déterminer la bonne orthographe d’un terme. Elle consiste à noter, sur un bout de papier, les différentes possibilités et à choisir instinctivement celle qui paraît la meilleure.

Cette technique, très empirique, fait appel à notre mémoire, qui a, au préalable, « stocké » en elle l’aspect des mots qu’elle a rencontrés.

Ce processus est altéré en cas de dyslexie. L’enfant ne peut pas piocher dans ses souvenirs pour identifier la forme correcte d’un terme. Cela est d’autant plus problématique dans les langues possédant un système phonétique complexe, comme le français ou l’anglais.

► Des répercussions dans toutes les matières

La dyslexie engendre des problèmes scolaires quotidiens pour les jeunes qui en souffrent :

  • mauvaise compréhension des consignes ;
  • lenteur dans l’exécution des activités ;
  • déficit dans l’expression écrite ;
  • difficultés à trouver le terme juste, à se rappeler le nom des couleurs, des chiffres, etc. ;
  • tendance à inverser l’ordre des sons dans un mot ;
  • manque d’organisation (lecture de l’emploi du temps, gestion de l’agenda et des différents cahiers, etc.).

Toutes ces entraves à la réussite peuvent engendrer du découragement, une faible estime de soi et des soucis de comportement.

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L’accompagnement d’un enfant dyslexique

Diagnostiquer le trouble le plus tôt possible est primordial pour éviter les risques d’échec scolaire. Les premiers signes apparaissent généralement en même temps que l’apprentissage de la lecture. Cependant, certains élèves ne sont détectés qu’au collège.

► Le diagnostic comme premier pas

La famille, l’école et les professionnels de santé sont en première ligne pour reconnaître les enfants dyslexiques. Un élève peine à assimiler la lecture ? Il inverse les sons, confond les lettres ou n’arrive pas à reconstituer un mot à partir de ses syllabes ? On peut suspecter un trouble des apprentissages.

Il convient alors de consulter un médecin. Ce dernier vérifie qu’il n’existe aucun problème au niveau auditif, visuel, intellectuel ou psychoaffectif. Puis il utilise des outils de dépistage spécifiques, afin d’orienter la famille vers le spécialiste adapté.

S’il s’agit bien de dyslexie, l’orthophoniste sera l’expert le plus apte à accompagner l’enfant. Il effectuera un bilan personnalisé et proposera, en cas de nécessité, une rééducation et un suivi régulier.

► La mise en place de dispositifs scolaires adaptés

La prise en charge médicale permet d’améliorer, voire de compenser, les problèmes de dyslexie. Cependant, des adaptations pédagogiques se révèlent souvent inévitables. Elles peuvent revêtir la forme :

  • D’un Plan d’Accompagnement Personnalisé (PAP), élaboré après avis du médecin scolaire ou du thérapeute s’occupant de l’enfant.
  • D’un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS), si une situation de handicap est reconnue par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH).

Les professionnels de santé transmettent ensuite aux enseignants des directives appropriées aux besoins de l’élève. Ces dernières concernent :

  • L’adaptation des supports : aération de la mise en page, emploi de polices et d’interlignes appropriés, raccourcissement des textes étudiés, photocopies de cours, recours aux ordinateurs, etc.
  • Une pédagogie privilégiant l’oral : lecture à voix haute par le professeur, reformulation des consignes, limitation de l’écrit, utilisation de versions audio.
  • L’aménagement des évaluations : exercices moins longs, temps supplémentaire pour les contrôles et examens, absence de prise en compte de l’orthographe dans la notation, dictées personnalisées.
  • Une assistance dans l’organisation : vérification de la bonne compréhension de l’activité à effectuer, emploi de codes couleurs, production de supports facilitant la révision, etc.

Ces aménagements soulagent l’apprenant et rendent sa mémoire de travail plus efficiente. Ils lui enseignent également des procédures et stratégies efficaces pour progresser.

► Le rôle des parents dans l’assistance de l’élève à la maison

La dyslexie engendre un manque de confiance en soi. Épauler l’enfant est donc primordial, particulièrement dans la réalisation de ses devoirs. Pour cela, plusieurs mesures sont envisageables :

  • énoncer les consignes à voix haute ;
  • expliquer de manière simple ce qui est attendu ;
  • écrire la réponse dictée par l’élève ;
  • l’encourager et le féliciter.

Il existe également des outils, notamment informatiques, pour compenser les difficultés. Le recours à certains des dispositifs suivants peut constituer un véritable appui pour surmonter les obstacles :

  • Les guides de lecture : ils permettent de cibler la ligne parcourue, en masquant les autres.
  • Les livres audio : des milliers de références sont accessibles en ligne. Une solution idéale pour pallier le problème des œuvres étudiées en cours de français.
  • L’extension DysAide : elle adapte le visuel des sites Internet. Elle est gratuite et s’ajoute aux moteurs de recherche.
  • Les logiciels de lecture : ils aident à identifier les mots (Lire Couleur, Syllabes et compagnie) ou utilisent des voix de synthèse pour interpréter un texte (Dspeech, Balabooka).
  • Les applications d’assistance à l’écriture : elles transcrivent à l’écran les propos dictés (Dys-Vocal, Dragon, etc.).
Les guides de lecture - Le blog du hérisson
©Canva

La dyslexie est un trouble qui pénalise l’enfant au quotidien. Mais il s’agit également du TSLA le plus étudié par les spécialistes. Comprendre son mécanisme a permis de développer des procédures et outils efficaces pour contrer la spirale de l’échec scolaire. Il est cependant primordial de dépister le dysfonctionnement le plus tôt possible et d’assister les jeunes tout au long de leurs apprentissages.

Vous souhaitez découvrir d’autres moyens pour accompagner un élève dyslexique ? Consultez notre article sur l’orthopédagogie.

Zélia Molinari

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