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Iditarod : une course de traîneaux mythique

L’Iditarod 2021 est partie d’Anchorage, en Alaska, le samedi 6 mars, pour sa 49ème édition. Réputée comme la plus difficile mais aussi la plus belle course de traîneaux au monde, l’Iditarod est plus qu’une compétition, c’est une aventure et un mythe. Découvrez-en plus sur l’Iditarod : une course de traîneaux mythique.

Iditarod : une course de traîneaux mythique - Le blog du hérisson
©Nicolas Vanier 2015

La course

L’Iditarod Trail Sled Dog Race a eu lieu pour la première fois en 1973. Depuis, chaque premier samedi du mois de mars, des dizaines de mushers et leurs attelages de chiens de traîneaux s’élancent pour une course longue de près de 1600 km qui les mène d’Anchorage à Nome, sur la côte ouest de l’Alaska.

Chaque conducteur de traîneau (aussi appelé « musher » par les Canadiens anglophones) doit rassembler un équipage de 12 à 16 chiens de traîneaux qui peuvent se relayer mais dont au moins six doivent avoir couru la totalité du parcours. De race husky sibérien, malamute, samoyède ou groenlandais pour la plupart, ces chiens sont de véritables athlètes, habitués aux conditions extrêmes du Grand Nord.

Les équipes, homme (ou femme) et chiens, se lancent dans une aventure qui leur fera traverser la taïga, des montagnes, des forêts et des rivières gelées sous un climat glaciaire où les températures peuvent avoisiner les -50°C en ce début mars.

L’Iditarod a gagné en notoriété au fil des ans. Elle fait l’admiration d’un public de plus en plus nombreux, fasciné par cette aventure au cœur d’une nature intacte et elle offre la consécration aux meilleurs mushers du monde. Les vainqueurs de la course sont en majorité des équipages américains d’Alaska qui ont atteint l’arrivée en 20 jours pour le premier gagnant de 1973 et en 9 jours et 10 heures pour le gagnant de l’édition 2020. Une prouesse quand on sait qu’ils ne peuvent guère s’accorder plus de deux heures de sommeil toutes les 24 heures. Nicolas Vanier, le célèbre aventurier et cinéaste français a participé à l’Iditarod en 2017 pour sa dernière compétition en tant que musher.

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Un concurrent

L’histoire

Si l’Iditarod n’est pas une course de traîneaux comme les autres, c’est aussi, et surtout, grâce à son histoire. En effet, elle a d’abord été imaginée pour commémorer un exploit autant humanitaire que sportif.

Fin décembre 1924, une épidémie de diphtérie se déclare dans le village de Nome, sur la côte ouest de l’Alaska. La maladie, mortelle (notamment chez les enfants) et très contagieuse, menace de faire des ravages dans la région si la population locale n’est pas rapidement traitée avec un sérum anti-toxine qui pourra à la fois soigner et prévenir l’infection. Or, les stocks de ce sérum se trouvent à Anchorage, la plus grande ville d’Alaska, distante de 870 kilomètres (à vol d’oiseau) de Nome.

En ce mois de janvier, aucun avion ni aucun bateau ne peut atteindre cette ville, isolée par la neige et le blizzard. Les autorités tentent alors une opération de la dernière chance : faire parvenir à Nome toutes les doses de sérum réquisitionnées grâce à un relais par chiens de traîneaux. Le lot de vaccins est avancé par train jusqu’à la ville de Nenana d’où un millier de kilomètres restent à parcourir jusqu’à Nome.

Du 27 janvier au 2 février 1925, 20 équipes de mushers et leurs chiens se relaient jour et nuit en 20 étapes d’une longueur de 30 à 85 kilomètres chacune. Une exception : Leonhard Seppala, un éleveur et musher d’origine norvégienne, va parcourir en tout 424 kilomètres avec son attelage mené par le chien de tête Togo. On considère que ce sont eux les véritables héros de cette course bien que la postérité ait davantage retenu le nom du dernier relais arrivé triomphalement à Nome : Gunnar Kaasen et son chien de tête Balto (qui appartenait aussi à Leonhard Seppala).

En cinq jours et demi, la « course au sérum », aussi appelée « course de la miséricorde » voit donc se relayer 20 hommes et 150 chiens sur plus de 1000 kilomètres, un parcours qui prenait environ 25 jours d’ordinaire. Cet exploit a sauvé la vie de milliers de personnes.

Iditarod : une course de traîneaux mythique - Le blog du hérisson
Gunnar Kaasen et le chien Balto à Nome, 2 février 1925 ©Brown Brothers

Iditarod 2021 et Covid

Et nous voici en 2021 où, par une étrange ironie du sort, c’est encore une épidémie qui fait l’actualité sur l’Iditarod en obligeant les organisateurs à modifier le parcours pour cause de Covid.

La course commence d’habitude par une cérémonie d’ouverture à Anchorage suivie d’un parcours de 11 miles (environ 17 km) à travers la ville. Ensuite la course redémarre à partir de la ville de Willow, au nord d’Anchorage et se poursuit jusqu’à Nome en suivant deux itinéraires légèrement différents selon les années, paires ou impaires, en passant évidemment par la ville étape d’Iditarod qui a donné son nom à la course.

Itinéraire 2021 : le Gold Trail Loop - Le blog du hérisson
Itinéraire de l’Iditarod 2021 : le Gold Trail Loop ©iditarod.com

Cette année, des restrictions rendues nécessaires par la pandémie ont obligé l’organisation de la course à annuler la cérémonie d’ouverture à Anchorage et à modifier le parcours. La course démarrera, sans public, à Deshka Landing, à 8 km du point de départ habituel à Willow. Les concurrents parcourront une boucle jusqu’à Iditarod pour revenir à leur point de départ. Ce trajet inédit, désigné sous l’appellation « Gold Trail Loop », fera 852 miles (1371 km) au lieu des 980 miles (1577 km) habituels.

À circonstances exceptionnelles, course exceptionnelle. Espérons que l’Iditarod 2021 ne perdra rien de sa grandeur et de sa magie en attendant des jours meilleurs.

Véronique Hamon

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