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Impression numérique : une expansion continue

L’imprimerie existe depuis des siècles, le dictionnaire la définit comme l’ensemble des techniques et métiers qui concourent à la fabrication d’ouvrages imprimés. La plupart de ces produits sont imprimés avec des procédés conventionnels assez anciens, une nouvelle technique est apparue après 1990 : l’impression numérique, elle permet de produire un document à partir d’un fichier informatique. Ce processus était initialement assez marginal, mais depuis quelques années l’impression numérique connaît une expansion continue.

Impression numérique : une expansion continue - Le blog du hérisson

L’imprimerie a toujours accompagné le progrès technique

• L’histoire de l’imprimerie est ponctuée de découvertes

La genèse de cette technique

Les traces initiales de l’imprimerie se trouvent en Chine. Les habitants de ce pays ont été les premiers à utiliser des caractères indépendants pour créer des impressions. Des historiens estiment que cette découverte aurait eu lieu vers 860 après Jésus-Christ. La première presse dimprimerie aurait été créée en Chine entre 970 et 1051.

Le premier outil dimpression moderne a été conçu par Johannes Gutenberg, il est considéré comme le fondateur de la typographie. Cette technique sert à réaliser des textes à partir de caractères mobiles en métal. L’assemblage de ces différents éléments permet de constituer des écrits. Gutenberg a imprimé la Bible en 1455 avec ce procédé. Cette initiative a contribué à répandre le savoir et a posé les fondements de la littérature.

La naissance de différents procédés d’impression

  • La sérigraphie est une technique dimpression directe. Elle est effectuée à partir d’un pochoir appliqué sur la surface utilisée. L’encre se pose seulement sur la partie du support à imprimer.
  • La flexographie a la particularité de faire appel à une forme imprimante qui est en relief et souple, cette dernière est appelée le cliché.
  • L’offset : processus indirect. C’est le procédé le plus utilisé dans le monde actuellement. L’impression se fait de manière indirecte. Le document à produire est gravé sur une plaque métallique. Celle-ci passe contre un cylindre muni d’une surface en caoutchouc : le blanchet qui reçoit à l’envers le texte souhaité. Ensuite la feuille passe sur ce support encré et reproduit à l’endroit le document. Le nom offset tire son origine du verbe anglais to set off dont la traduction française est reporter. Une très grande partie des objets présents autour de nous sont liés à ce procédé. Cela concerne les magazines, les livres, les prospectus publicitaires, les emballages, les documents administratifs, etc.
  • L’héliogravure, c’est un procédé analogue. L’encre est restituée par une forme métallique en creux. Elle est utilisée pour les tirages extrêmement importants.
  • La lithographie ressemble à l’offset mais aucun blanchet n’est utilisé. C’est une pierre qui reporte le motif à reproduire. Ce sont surtout des artistes qui s’en servent.

Le Musée de l’imprimerie de Nantes présente tous ces procédés avec des machines datant d’une époque très reculée. Tous ces outils sont assez anciens et ont peu de points communs avec la technologie récente.

• Les fondements de l’impression numérique

Les piliers de ce nouveau mode de production

Comme nous l’avons vu, cette technique permet de produire des documents à partir de données numériques, à savoir, une suite de nombres et de caractères. Elle nécessite deux outils de base : un ordinateur et une presse numérique. Celles-ci apparaissent pour la première fois dans les années 1990, notamment la XEROX 4700 en 1992. En 1993 sont commercialisées la première HP Indigo et la Chrompress d’Agfa.

Le développement de l’impression numérique est étroitement lié aux débuts de la PAO : la publication assistée par ordinateur. Cette méthode vise à préparer des fichiers ayant pour finalité d’être utilisés informatiquement. Plusieurs logiciels ont été conçus dans le but d’effectuer ce travail, les plus connus sont : QuarkXPress, Illustrator, Photoshop, Indesign et Publisher.

Ces outils permettent de concevoir entièrement les documents prévus pour l’impression. Ils servent à structurer la mise en page et à organiser les différents éléments : les polices de caractères, les blocs texte, le foliotage, etc. Avec Photoshop, il est possible de faire un travail sur l’image très approfondi.

Un autre point important a été la création du format PDF : Portable Document Format. Il a été créé en 1992 par l’entreprise Adobe. Ce format permet de fixer la mise en page et l’aspect d’un document, quel que soit le matériel informatique utilisé pour récupérer le fichier concerné. Cette invention majeure s’est accompagnée de la création de la célèbre application Acrobat Reader, qu’Adobe a inventée pour travailler aisément avec le format PDF.

Les deux familles dans l’impression numérique

L’impression numérique laser

Elle aussi connue sous le nom de xérographie, en référence à l’entreprise Xerox qui l’a conçue. Sa caractéristique essentielle est d’avoir recours à l’électricité statique, afin de diriger l’encre constituée de poudre aux endroits précis, permettant ainsi de produire l’impression. L’encre est contenue dans un toner.

L’impression numérique à jet d’encre

Cette technologie permet de diriger un flux d’encre sur un support à partir de buses disposées dans les têtes d’impression. Un courant électrique oriente la direction prise par les couleurs pour produire le document voulu. Le jet d’encre est en train de s’imposer face au numérique laser, il a su accomplir des progrès très significatifs face à son concurrent. Le monde économique se montre très sensible à toutes ces améliorations.

Les exigences actuelles favorisent une expansion continue de l’impression numérique

• La réactivité est de plus en plus demandée

Les industriels doivent répondre rapidement aux demandes

Les fabricants, quel que soit leur domaine d’activité sont bien plus que par le passé, confrontés à un impératif de réactivité. En effet, beaucoup de clients souhaitent obtenir leur commande dans des délais très brefs.

Cette contrainte est particulièrement présente dans le secteur de l’emballage. Les acheteurs d’étiquettes veulent personnaliser leurs produits pour les adapter à un besoin rapide, lié à un impératif marketing. L’entreprise Coca-Cola a recours à ce système depuis déjà plusieurs années. Dans un tel cas de figure, l’impression numérique peut répondre à ce cahier des charges avec efficacité. Le fabricant de presses Konica Minolta sait que ce type de demande va continuer de prendre de l’ampleur. Ses produits font partie de ceux qui sont appropriés pour s’adapter à ce contexte industriel.

Le secteur de l’édition est lui aussi amené à exiger une grande souplesse. Il est tenu de s’accommoder à la baisse des ventes, il doit fournir des tirages plus réduits. Sur ce terrain le numérique passe aisément devant l’offset, qui est tributaire d’un mode de production assez lourd. Ce dernier a le plus grand mal à être réactif. Son processus est très contraignant, il faut ,en effet, graver des plaques métalliques pour chaque tirage. La façon de produire est en train de se transformer profondément.

Un nouveau mode de production : le web to print

Ce terme désigne l’ensemble des applications informatiques qui créent un lien direct entre les internautes qui veulent des documents précis et les imprimeurs. Le concept des données variables VDP (variable data printing) est au cœur de cet enjeu.

La demande porte beaucoup sur les documents administratifs comme les enveloppes, les en-tête de lettre ou encore les cartes de visite. Un logiciel très fonctionnel permet de saisir les différents produits désirés mais aussi et surtout, les critères exigés. De nombreuses procédures contraignantes sont informatisées : les devis, les bons à tirer, les demandes éventuelles de modification. Il va sans dire que les modes de communication et d’échange sont eux aussi largement simplifiés. En outre, les applications offrent généralement la possibilité d’avoir un suivi sur l’avancement de la commande. De surcroît, cette prestation s’effectue à travers l’e-commerce, ce qui élargit le choix des fonctionnalités en termes de suivi et d’archivage des données. Ce service peut être utilisé par des administrations, des grands magasins, des PME et bien sûr des particuliers.

Facilité d’utilisation des imprimantes numériques

Il s’agit d’une technique très accessible et très facile à acquérir. Les opérateurs travaillant avec ce matériel peuvent ainsi être formés très rapidement. Il n’est pas nécessaire de recruter un technicien aussi qualifié qu’un conducteur offset qui a besoin de plusieurs années de formation pour être opérationnel. Ce dernier point permet de réaliser des économies, ce qui est un atout essentiel du numérique.

• La réduction des coûts est un critère décisif dans l’industrie

L’impression numérique permet des gains de productivité énormes

La productivité mesure la quantité de biens produits avec les moyens mis à disposition pour y parvenir. Pour expliquer simplement, dans ce cas de figure, les industriels constatent qu’en utilisant des presses numériques, ils produisent davantage qu’avec le matériel utilisé précédemment.

Nous avons déjà pu constater que pour les petits tirages sur support papier, le procédé offset n’est déjà plus aussi rentable qu’une presse numérique. Plusieurs analystes estiment que dans un avenir proche l’offset pourrait être dépassé par l’impression numérique, même dans le cadre des grands volumes de production. C’est ce que décrit l’étude : The Future Of Digitas vs Offset Printing to 2024 du cabinet Smithers Pira. D’ailleurs la presse AccurioJet KM-1e produite par Konica Minolta rivalise déjà avec le matériel offset, en termes de qualité et de rendement.

Un procédé traditionnel déjà écarté

L’offset a encore une relative avance mais il est un autre savoir-faire, qui lui, a d’ores et déjà été dépassé, il s’agit de la sérigraphie. Des industriels ont fait le choix de renoncer à cette technique pour passer à une production basée entièrement sur le numérique. C’est le cas du groupe Lacroix City dans sa division signalisation basée à Saint-Herblain, en Loire-Atlantique. Cette entreprise est spécialisée dans la fabrication de panneaux routiers. La sérigraphie était le mode d’impression historique dans cette société, mais depuis avril 2021 c’est révolu. Les ingénieurs méthodes ont travaillé longuement, pour observer scrupuleusement quelle était la manière la plus économe de faire. Le procédé initial a longtemps été le plus performant, mais avec les avancées technologiques récentes, le changement de mode de production est devenu inéluctable. Cette tendance est générale, elle concerne la plupart des acteurs de la fabrication de ces produits, cet exemple confirme totalement le fait que l’imprimerie accompagne le progrès technique.

L’impression numérique est garante d’une meilleure protection de l’environnement

De très grandes améliorations ont été apportées dans l’organisation du travail grâce à ce procédé de fabrication. Les industriels peuvent anticiper et gérer leurs approvisionnements beaucoup plus facilement en produisant ainsi. Le soin qu’ils ont pu apporter à leur gestion des commandes leur a permis d’économiser beaucoup de matière première. De ce fait, ils ont pu éviter un certain gaspillage et contribuer ainsi à préserver l’environnement. Par ailleurs, il leur a été possible d’agir en ce sens de manière directe.

D’une part, avec le numérique, il n’est pas requis de changer des plaques comme c’est le cas avec l’offset. Cette façon de faire est indiscutablement plus écologique. D’autre part, l’effacement progressif de la sérigraphie s’accompagne de nombreuses conséquences très bénéfiques pour la nature. Ce procédé nécessite des encres assez difficiles à éliminer du fait de leur composition et de leur épaisseur. Les rejets partiels dans les égouts peuvent être dangereux, il faut avoir à l’esprit cette préoccupation : l’eau, une ressource en danger. Par ailleurs, cette technique requiert pour préparer les pochoirs servant à l’impression, l’utilisation de produits chimiques particulièrement toxiques. De plus, elle implique la mise en place de tunnels de chauffage pour sécher les encres, or ces installations sont extrêmement gourmandes en électricité.

L’impression numérique requiert d’utiliser des produits issus de la chimie, il est vrai, mais leurs composants sont bien plus doux que ceux des processus antérieurs. D’autre part, les quantités de solvants nécessaires pour nettoyer les têtes d’impression sont incomparablement moindres à celles dont il y a besoin pour remettre au propre les écrans de sérigraphie. Par ailleurs, les fabricants de consommables ont accompli de très gros progrès qui leur permettent de mettre sur le marché des encres beaucoup moins agressives que celles utilisées par le passé.

Un changement d’époque est véritablement en train de s’amorcer. L’imprimerie traditionnelle, d’une façon générale, a de plus en plus de difficultés pour conserver un niveau de rentabilité élevé. Le secteur qui progresse le plus dans cette industrie est celui de l’impression numérique. Beaucoup de méthodes sont en train d’être bouleversées. Un autre aspect lié à l’imprimerie est en train de révolutionner l’industrie, il s’agit de l’impression 3D. Les journalistes ont tendance à l’évoquer le plus souvent dans le cadre de la maçonnerie. Ce procédé démarre plutôt discrètement, tout comme l’impression numérique. Cela dit, il va certainement bouleverser plusieurs secteurs de l’économie.

Florent Hée

2 réflexions sur “Impression numérique : une expansion continue

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