Le Prince Noir, terreur de la guerre de Cent Ans
Prince Noir… Son nom sonne comme le titre d’un roman de cape et d’épée ou le surnom d’un conquérant à la fois romantique et inquiétant. Mais le Prince Noir a-t-il réellement existé ? Qui était-il, et pourquoi ce nom est à la fois élégant et intrigant ? Le Prince Noir, terreur de la guerre de Cent Ans pour qui ?
Prince Noir, réalité ou fiction ?
Fils aîné du roi Edouard III d’Angleterre, Edouard de Woodstock est né en 1330. Il reçut une éducation soignée digne du prince qu’il était et partit rejoindre son père en Normandie en 1346.
On est alors en pleine guerre de Cent Ans, qui oppose les Anglais aux Français depuis 1337 suite à la revendication de la couronne de France par le roi d’Angleterre.
Edouard connut sa première victoire en 1346 à la bataille de Crécy. On raconte qu’il fit massacrer tous les blessés et qu’il prit l’habitude de porter une armure noire après ce combat, d’où son surnom de Prince Noir. A moins que ce ne fut à cause de sa noirceur d’âme ?
La Grande Chevauchée
Dès 1355 son père le nomme duc d’Aquitaine, alors province anglaise. Edouard arrive à Bordeaux en 1356 et se lance dans la conquête de la Gascogne. C’est cet épisode que l’on a appelé la Grande Chevauchée.
Toulouse, Carcassonne, Foix… aucune ville n’échappe au rançonnement, aux sièges, aux attaques, aux pillages, et personne n’est épargné. Les soldats et chevaliers qui accompagnent le terrible Prince Noir pillent, brûlent, rançonnent, tuent et terrorisent les populations.
Le but de l’opération n’est pas tant de soumettre mais bien d’affaiblir, de ruiner et de démoraliser la population et les troupes françaises.
Un puissant chevalier
Les chevauchées du Prince Noir et de son armée éclectique sont craintes plus que tout dans tout l’Ouest du royaume de France. Après avoir écumé le Languedoc et le Roussillon, il remonte vers le Poitou et le Centre. Le chevalier bandit amasse ainsi un véritable butin et se voit contraint de se replier momentanément à Bordeaux et près de Poitiers, pour s’alléger de ses trésors et prendre un peu de repos. Lors de la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356, Edouard capture le roi de France Jean II dit Jean le Bon.
Cette prise d’otage lui permet de négocier des conditions plus que avantageuses pour les Anglais !
En effet, le roi Edouard III se voit notamment accorder des terres supplémentaires en 1360 lors du traité de Brétigny-Calais. Il constitue une principauté autonome dès 1362 et nomme son fils Edouard Woodstock, prince d’Aquitaine.
Un prince sans limites
Devenu prince d’Aquitaine en 1362, c’est toutefois son père le roi Edouard III qui gouverne le domaine. Edouard Woodstock est déjà reparti en Espagne afin de prêter main forte au roi de Castille Pierre le Cruel (Pierre I), en conflit pour le trône avec son demi-frère Henri de Trastamare (futur Henri II de Castille).
Il affronte le célèbre Bertrand du Guesclin et son cousin Olivier de Mauny en 1367 et gagne la bataille de Najéra. Edouard de Woodstock s’installe à Burgos mais son armée ne supporte pas le climat et tombe malade. Contraint de rentrer, il se réfugie en Guyenne.
Malade et fatigué de ses excès en tous genres, le Prince Noir regagne l’Angleterre en 1371, non sans avoir signé un dernier fait d’armes avec le sac de Limoges en 1370, tandis que les Français, sous la houlette du duc d’Anjou et du comte d’Armagnac, reconquièrent petit à petit les terres cédées lors du traité de Brétigny-Calais en 1360.
Vie et mort d’Edouard de Woodstock, le Prince Noir
Edouard de Woodstock épouse Jeanne de Kent, sa cousine, à Windsor en octobre 1361, mais tous deux résident à Bordeaux où ils entretiennent une cour, donnent des fêtes somptueuses et organisent des tournois.
Ils ont un premier fils, Edouard, en 1365 mais il meurt en 1370 ; Richard naît en 1367 et succède à son père en devenant le roi Richard II à l’âge de 10 ans, bien trop jeune pour régner sur un royaume…
Le célèbre Prince Noir meurt en 1376 de maladie, un an avant son père Edouard III. Il est enterré dans la cathédrale de Canterbury où l’on peut admirer son gisant.
Marie Jovenet