Les libraires gauchers de Londres
Susan a dix-huit ans et part étudier à Londres. Élevée par sa mère, elle compte en apprendre plus sur son père dans la capitale britannique. Ses recherches l’entraînent dans le monde des légendes. De mystérieux marchands de livres en détiennent les secrets les plus sombres. Elle se lie avec deux d’entre eux aux prénoms évocateurs Merlin et Viviane. Dans les libraires gauchers de Londres, Garth Nix nous enchante grâce à la nostalgie et son sens du merveilleux.
Les libraires gauchers de Londres, un roman envoûtant
Dans ce récit, les libraires jouent un rôle essentiel et unique. Leur tâche première reste de faire cohabiter les créatures des mythes et les humains. Ils sont les gardiens des légendes : une belle métaphore de ce métier. Les droitiers se spécialisent dans la connaissance ou les sorts. Les gauchers s’aventurent volontiers sur le terrain.
Le trio de héros se retrouve aux prises avec les côtés peu agréables, voire effrayants, des sagas. On remarquera les similitudes avec le titre de Raymond Feist : Faërie publié en 1989 en France. Les deux ouvrages décrivent l’univers des fées et êtres fantastiques tel qu’il apparaît dans les contes. C’est à dire ni tout à fait bons, ni complètement méchants, à cent lieues des films de Walt Disney ou autres récits de l’époque.
Une aventure entre mythologies et Doc Marteen
L’auteur mêle les références aux mythes avec celles des années 80 en Grande-Bretagne. Chaussures, vêtements, les musiques du moment, les séries télé, les livres, tout y est. Sans lourdeur, il crée l’atmosphère essentielle au roman.
Vous vivez des aventures entre réel et féerie où tout paraît vraisemblable. En tant qu’adepte de Fantasy, c’est jubilatoire. On s’immerge sans effort dans l’intrigue : ce qu’on attend d’une bonne histoire ! Le lecteur profite pleinement de son expérience grâce aux libraires gauchers de Londres sans oublier les droitiers, bien sûr !
Un récit magique qui se lit d’une traite
Dans ce roman, Garth Nix ne se contente pas de jouer sur l’incrédulité de Susan. L’auteur aurait pu s’amuser comme tant d’autres à exploiter le thème du je n’y crois pas / j’y crois / je n’y crois pas. Or, cela peut devenir gênant et même lassant, ou pire nous sortir de notre lecture. Mais surtout, la ficelle reste caricaturale et facile.
Toutefois rien ne vient s’immiscer dans notre expérience. On peut aussi en remercier le travail des personnages. Leur justesse se remarque dès les premiers chapitres. Ils sont peints tout en nuance avec bienveillance. Le genre, le bien, le mal sont abordés avec tact, sérieux, mais légèreté.
Personnages fantastiques, rebondissements, et doutes
Bien loin de les cajoler, Garth Nix confronte ses héros à des dilemmes moraux. Merlin par exemple devra faire face à des remords. Viviane et lui remettront en outre en question leurs aînés qui dirigent leur organisation. Susan découvrira un père assez particulier.
L’idée de départ de l’auteur vient d’une séance de dédicace en magasin de livres. Garth Nix remarque que son hôte est gaucher. Ce dernier lui précise que tous les libraires présents dans la boutique ce jour-là le sont. Amusé, l’écrivain s’est saisi de cette anecdote pour imaginer son intrigue.
C’est un bel hommage à celles et ceux qui contribuent à diffuser la magie dans notre monde. Après avoir lu ce livre, vous ne verrez plus votre bouquiniste de quartier du même œil. D’ailleurs, est-ce un gaucher ou un droitier ?
Si vous aimez lire, nous vous conseillons également le livre de Sylvain Tesson, « Sur les chemins noirs« .
Prisca Bradu