Marcher sur les pas de Salvador Dalí
Au-delà du personnage extravagant qu’il s’était forgé, Dalí était un homme solitaire et très attaché aux terres de son enfance. Figueres, Portlligat et Púbol : si l’on trace cet itinéraire sur une carte de Catalogne, ces trois communes espagnoles forment Le Triangle Dalinien. Suivre cette figure géométrique c’est marcher sur les pas de Salvador Dalí, comprendre sa trajectoire et son travail… Prêt pour un voyage surréaliste au cœur de l’Empordà ?
Le triangle Dalinien
En 2021 Dalí aurait eu 117 ans, un âge stupéfiant qui nous rappelle à quel point le temps passe vite. Obsédé par la mort, le Maître espagnol la représentait à travers ses célèbres montres molles et ses fourmis – symboles de putréfaction. Une obsession que l’on retrouve également dans son Théâtre-Musée.
• Figueres : Le Théâtre-Musée surréaliste
C’est au cœur de Figueres, sa ville natale, que Dalí avait installé son musée dans l’ancien théâtre de la ville. Ce lieu doit être considéré comme un objet surréaliste, conçu et imaginé sans ordre chronologique ni aucune norme. L’artiste l’avait imaginé pour surprendre le visiteur grâce à « une mise en scène baroque et provocatrice », comme le souligne la Fondation Dalí, chargée de promouvoir son Œuvre.
Visiter le Théâtre-Musée Dalí, c’est aussi suivre l’évolution de l’histoire de l’Art grâce aux hommages rendus à Michel Ange, Picasso ou Velázquez. L’admiration de Dalí pour ce dernier transparaît tout au long de la visite du musée. On peut notamment admirer une reproduction miniature des Ménines sur un buste à l’effigie de Diego Velázquez !
• Portlligat : point d’ancrage du peintre
Après l’extravagance et la cohue du Théâtre-Musée : direction Portlligat, un petit village de pêcheurs où Dalí avait ancré son Œuvre et sa vie. Sa maison, que l’on peut visiter, est considérée comme la seule demeure stable de l’artiste. Dalí y a vécu et travaillé de 1930 à 1982. À la mort de Gala, le peintre quitta brutalement les lieux. Dans son atelier, resté intact depuis son départ, une toile inachevée est posée sur son chevalet.
Cette maison hybride est le fruit d’une mutation commencée dans les années 30. Au début – au début de tout, de sa relation amoureuse avec Gala et de sa carrière – Dalí s’installe dans une cabane de pêcheur de 22 m2 avec sa muse. Il acquerra par la suite les cabanes avoisinantes qu’il assemblera entre elles pour créer une maison unique.
Un magnifique jardin surplombe la maison. Sur les hauteurs du terrain, on peut admirer Le Christ aux déchets, une sculpture de douze mètres, créée à base de débris rejetés sur la plage.
La maison de Portlligat était aussi un lieu de fêtes et où de nombreux convives eurent le plaisir de goûter au
chef-d’œuvre de Paquita, la cuisinière : un homard au chocolat. Dalí connaissait bien l’effet de surprise que ce plat provoquait et le commandait à chaque fois qu’il voulait épater… confiait son amie et modèle Amanda Lear dans son autobiographie1
• Púbol : Le château offert à Gala
Le dernier point du triangle se situe à Púbol, à 13 kilomètres de Gérone. Il s’agit du château de Gala, offert par Dalí, où le peintre s’installa en 1982 après avoir déserté sa résidence principale.
Dans l’entrée du château, une composition grandiloquente de Gala nous accueille. De pièce en pièce, nous découvrons ses objets et ses photos. Dans une vitrine, nous pouvons admirer une œuvre peinte sur une pierre spécialement pour elle.
Cadaquès : une galerie dédiée à Dalí
Le musée de Cadaquès est une galerie dédiée à Dalí. Des expositions de photographies, régulièrement renouvelées, nous permettent de découvrir les multiples facettes de l’artiste.
L’exposition actuelle est consacrée au photographe Joan Véhí. Des clichés nous permettent de mettre un visage sur Isidor Bea. Peu connu du grand public celui que l’on nomme sobrement « assistant de Dali » était en réalité bien plus que cela. En effet, l’homme préparait les toiles du Maître ou, plus justement, peignait de grandes parties de ses toiles.
Dans son livre, Amanda Lear se souvient :
Bea avait mis en place le port imaginaire du Lorrain et Dalí blaireautait minutieusement une femme nue, de dos, dans un magnifique ciel aux tons d’aurore…1
Audrey Denjean
→ Le triangle Dalinien
1Mon Dali d’Amanda Lear, publié aux éditions Michel Lafon