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La médecine chinoise : comment ça marche ?

Quand on parle de médecine, on pense essentiellement au diagnostic de maladie et aux traitements médicamenteux. Mais d’autres approches existent et ont fait leurs preuves. La médecine chinoise, par exemple, est une discipline ancestrale dont les premiers écrits datent d’au moins  2 500 ans. Elle s’est développée pendant toute l’ère impériale, d’abord en Chine bien sûr, puis au Japon, en Corée, au Vietnam, et elle s’est perfectionnée au fil du temps. Depuis le début du XXe siècle, elle s’est peu à peu exportée dans les cinq continents. La prévention y occupe une place importante : si on ne tombe pas malade, on n’a évidemment pas besoin de guérir ! Mais elle s’attache bien entendu elle aussi à corriger les altérations de la santé. Alors, comment ça marche, la médecine chinoise ? Quelles sont les bases sur lesquelles elle s’est construite ? Et comment est-elle pratiquée ? Vous allez découvrir que c’est une spécialité très codifiée. Elle ne cesse de susciter l’intérêt dans les quatre coins du monde, et elle n’a pas dit son dernier mot.

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Quels sont les principes de la médecine chinoise ?

Son approche est totalement différente de celle de la médecine occidentale. Elle est basée sur différents éléments :

1. Le qi

À prononcer “tchi”. C’est le fondement de la médecine chinoise. Une des meilleures traductions pour ce mot serait « souffle de vie ». C’est la « force » créatrice qui anime toutes les formes vivantes. Les manifestations physiques en découlent et n’en sont qu’une conséquence. Le qi peut être perturbé, en qualité et en quantité, par différents facteurs tels que l’alimentation, les saisons, mais aussi par notre état mental et émotionnel. Il peut exister dans ce cas un « vide de qi », ou au contraire une stagnation. C’est fondamentalement de son équilibre que dépend notre santé.

2. Le yin et le yang

Ce sont les deux formes sous lesquelles peut exister le qi.

A l’origine, ces deux termes décrivaient les deux versants d’une montagne : le yang étant la partie ensoleillée, et le yin la partie ombragée. Ils désignent aujourd’hui, de manière plus générale, les deux aspects indissociables d’une même chose : le concept de jour implique celui de nuit, de même pour le chaud et le froid, etc. Le terme yang s’applique à ce qui est externe, actif, chaud, humide, féminin. Le yin quant à lui correspond à tout ce qui est interne, inactif, froid, sec, masculin.

Ces deux facteurs interagissent et se contrôlent mutuellement. Pour ce qui est de la santé comme de tout autre domaine, la situation optimale consiste en un juste équilibre entre l’un et l’autre.

3. Les méridiens

Ce sont les canaux par lesquels circule le qi. Leur réseau ne se superpose que partiellement à celui des vaisseaux sanguins ou des nerfs, et il a son existence propre. Ces dernières années, des scientifiques ont mis en évidence ce système indépendant : en effet, en injectant des produits radioactifs à certains points d’acupuncture, on les retrouve à un autre de ces points. Et le trajet qu’ils effectuent correspond bien à la description des méridiens présentée par la médecine chinoise.

Pour qu’un individu reste en bonne santé, il faut que le qi circule de manière fluide dans tout son corps, le long de ces voies. C’est le rôle de l’acupuncteur et du masseur de rééquilibrer ces flux.

4. La globalité

La médecine chinoise adopte un point de vue holistique, tout comme l’ayurvéda : elle aborde la santé en considérant l’être humain dans son ensemble. La démarche thérapeutique prend en compte son corps, mais aussi son mental, ses émotions, l’individu en tant qu’esprit. Contrairement à la médecine occidentale, elle ne cherche pas juste à traiter des symptômes. Elle ne recherche pas non plus des sources isolées telles que des bactéries ou des virus. Elle considère la personne en tant qu’unité lorsqu’il s’agit d’identifier une pathologie, ou lorsqu’elle cherche à agir en amont pour conserver un état optimal.

Comment se déroule une séance de médecine chinoise ?

L’inspection des phénomènes va du plus général au plus spécifique. Voici concrètement comment se passe une consultation en médecine chinoise et les étapes du diagnostic qu’on appelle « les quatre examens » :

1. L’observation

C’est l’étape la plus évidente. Lorsque le patient entre dans son cabinet, le praticien considère sa morphologie, la posture de son corps, sa démarche, la coloration de sa peau, l’aspect de ses ongles. Il peut aussi avoir une indication de son état émotionnel et de sa vivacité. Puis l’observation se fait plus précise. Elle se porte sur les yeux du patient, leur couleur, leur éclat, et finalement sur sa langue, sa forme, sa texture.

2. L’odorat et l’ouïe

Ce que le praticien entend peut lui donner des informations précieuses et aiguiller son diagnostic. Est-ce que le patient tousse ou se racle la gorge ? Sa respiration est-elle bruyante ? A-t-il le hoquet ? Quelle est la tonalité de sa voix ? Parle-t-il du nez ? Est-ce que ses articulations craquent ?

Puis intervient la perception des odeurs : le patient a-t-il mauvaise haleine ? Sa transpiration est-elle détectable et a-t-elle des caractéristiques particulières ? D’autres émanations du corps sont-elles clairement perceptibles ? Les personnes diabétiques par exemple ont une odeur corporelle très reconnaissable.

3. L’interrogatoire

On pose ensuite au patient des questions spécifiques, basées sur des écrits datant de la dynastie Ming. Elles concernent des paramètres que le médecin ne peut pas observer, ou qui ont un caractère purement subjectif : ses affections antérieures, ses antécédents familiaux, l’évolution du dysfonctionnement. D’autres questions peuvent porter sur son alimentation, ses selles et ses urines, sa sensibilité au froid et au chaud, le ressenti de l’intensité de ses douleurs. Son environnement, son cadre de vie et de travail, ses habitudes (sédentaires ou sportives par exemple) sont aussi des éléments à considérer.

4. La palpation

Elle permet de confirmer les conclusions des trois premières approches. La température, la souplesse et l’humidité de la peau sont des indications de valeur. Mais la palpation concerne essentiellement le pouls. Elle est si cruciale qu’environ quatre cinquième des écrits sur le diagnostic en médecine chinoise traitent de ce sujet. En effet, l’état des organes se traduit par des changements subtils du pouls en différents endroits très précis. Le poignet gauche renseigne sur le cœur, le foie et le yin du rein. Le droit sur les poumons, la rate et le yang du rein.

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Palpation du pouls

A l’issue de ces quatre phases, le praticien est capable d’établir deux choses :

  1. un diagnostic de syndrome qui renseigne sur ce qui s’est passé, l’évolution de l’état. C’est le plus essentiel, et il va être déterminant pour l’établissement du traitement.
  2. un diagnostic de maladie qui va être utile seulement pour préciser les détails de la prescription.

Comment se soigner avec la médecine chinoise ?

La médecine chinoise part du principe que chacun a une aptitude innée à s’autoguérir : si le corps, le mental et l’esprit sont en harmonie, l’individu restera en bonne santé. Les méthodes de « traitement » visent donc à rétablir l’équilibre entre ces différents aspects. Chaque patient est considéré comme une entité unique, nécessitant une approche thérapeutique très personnalisée. L’objectif est d’agir sur les causes profondes grâce à l’un, ou plusieurs, de ces cinq piliers :

1. La pharmacopée

C’est la discipline la plus importante, qui résulte d’une expérience de plus de 3 000 ans. Des milliers d’ingrédients peuvent être utilisés, 400 d’entre eux étant d’usage très courant. Les extraits ne sont pas uniquement d’origine végétale, mais aussi animale ou minérale. C’est donc plus qu’une phytothérapie.

La prescription se fonde toujours sur l’action d’une combinaison de substances. Celle-ci n’a parfois aucun rapport avec la somme des effets de chacune d’elle. Le praticien dispose de certaines formules de base selon les types de problématiques, mais il doit les ajuster de manière totalement individualisée pour chaque patient. C’est là que réside toute sa compétence, tout son « art ».

2. Les massages

Les bienfaits physiques et psychiques du massage thérapeutique sont nombreux. On l’appelle Tui Na. Tui signifie “pousser” et na, “saisir”. Ce sont les 2 types de procédés principaux, mais il existe plus de 300 techniques différentes mêlant pression, roulement, vibration, etc. Celles utilisées sont là aussi adaptées à chaque patient, en fonction de son âge et de son état de santé. Elle vise à aider à l’autoguérison en améliorant la circulation du qi.

3. L’acupuncture

C’est semble-t-il la méthode de soins la plus ancienne en Chine. Les « points d’acupuncture » sont des zones stratégiques sur les méridiens, d’où l’on peut accéder à l’énergie circulante du corps. En y insérant de fines aiguilles en acier inoxydable, l’acupuncteur travaille à la renforcer si elle est insuffisante, ou à la dissiper si elle est en excès.

On peut aussi utiliser des bâtonnets de feuilles d’armoise (moxas), qu’on laisse se consumer sur ces mêmes zones pour les stimuler. C’est la moxibustion. L’emploi des aiguilles et des moxas peut également être couplé.

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Utilisation des moxas sur les points d’acupuncture

4. Exercices énergétiques

Il s’agit essentiellement du taï chi et du qi gong. Ces deux disciplines associent des mouvements lents avec la respiration, la relaxation et le focus mental. Elles travaillent l’une comme l’autre avec le qi, mais leur objectif n’est pas le même.

Le qi gong a pour but la préservation de la santé en tonifiant et en harmonisant le qi. Le taï chi est quant à lui un art martial. C’est une forme complexe du précédent, avec des enchaînements de nombreux mouvements. Pour prendre le contrôle sur son adversaire, on utilise une alternance de gestes lents (yin) et de décharges d’énergie (yang). Il a aussi des bienfaits sur la santé, mais ce n’est pas l’effet recherché.

5. La diététique

Elle s’appuie aussi sur l’équilibre du yin et du yang, et joue un rôle primordial dans la thérapeutique. Les recommandations dans ce domaine sont issues de milliers d’années d’observation. On sait qu’un régime alimentaire inadéquat est toujours une des causes de la maladie. Et on peut observer encore plus simplement qu’une mauvaise alimentation entraîne un manque d’énergie. Par conséquent, on ne peut pas guérir sans modifier sa façon de se nourrir.

Dans l’optique de la globalité, qui est un fondement de la médecine chinoise, il est également important de consommer des produits locaux et de saison. On reste ainsi en harmonie avec son environnement et les rythmes de vie.

La médecine chinoise n’est pas en voie de disparition, bien au contraire. Mais elle s’est modernisée sous un certain nombre d’aspects.
Ainsi, dans les hôpitaux, elle voit les moxas être remplacés par des lampes chauffantes, beaucoup plus pratiques et non odorantes.
De nos jours, elle s’associe de plus en plus avec la
médecine occidentale, arrivée en Chine depuis le XIXe siècle.
Par ailleurs, les universités
chinoises donnent aujourd’hui des cours spécialement destinés aux praticiens européens, qui viennent nombreux pour s’y former.
L’acupuncture, même si elle n’a été reconnue sur le plan international qu’à partir du XXe siècle, est utilisée en Europe depuis le XVIe siècle. Elle est devenue un complément appréciable des techniques allopathiques. Ses bénéfices ont par exemple été observés dans le traitement de l’anxiété et de la dépression, des troubles du sommeil, des douleurs chroniques. Elle peut également soulager les effets secondaires de la chimiothérapie.
Les massages
Tui Na quant à eux ont fait récemment leur apparition dans le paysage européen.
Notre santé étant notre bien le plus précieux, il est important de connaître tous les outils à notre disposition pour la préserver, et de s’ouvrir à d’autres approches. Cependant, ne vous ruez pas sur n’importe qui ! Pour trouver des praticiens formés et fiables, contactez
l’Union Française des Professionnels de Médecine Chinoise (UFPMTC).

Aline Van Kempen

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