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Quels sont les liens réels entre froid et rhume ?

Cette question nous étreint chaque hiver, lorsque les premiers frimas viennent se rappeler à notre attention alanguie par les chaleurs estivales. Le froid rend-il malade ? Y a-t-il un lien avec le rhume ? s’interrogent bien des mères voyant leur progéniture tomber malade lorsque l’hiver survient. Généralement, la réponse à cette question est vite trouvée : il y a un lien ! Du reste, ne dit-on pas « attraper un refroidissement » ? A contrario, nombre de médecins et de sportifs vantent les mérites thérapeutiques du froid. Certains arguent même du fait qu‘une exposition régulière rendrait plus résistant contre les maladies. Cette question a également occupé les médecins depuis toujours. Au XVIIIe siècle notamment, la médecine dite « aériste » ou environnementale tentait de déduire des liens de causalité entre observations météorologiques, et observations de la prévalence de certaines maladies avec parfois des conclusions loufoques. Mais quels sont les liens réels entre froid et rhume ? La science a aujourd’hui un certain nombre de choses à nous apprendre à ce sujet, et les réponses sont plus subtiles qu’il n’y paraît de prime abord.

Quels sont les liens réels entre froid et rhume ? - Le blog du hérisson

1 – Les réactions naturelles du corps humain au froid modéré

Si l’être humain est un « animal » d’origine tropicale comme le rappelle le paléontologue Jean-Claude Gall, il n’est pour autant pas dépourvu de mécanismes de lutte et d’adaptation contre les basses températures. L’homme est dit « homéotherme ». Cela signifie que son corps maintient une température constante et réagit à tout écart thermique.

Pour déterminer si le froid est la cause du rhume de l’hiver et des maladies respiratoires diverses de cette saison, il est important d’indiquer rapidement comment le corps humain réagit.

Les réactions de l’organisme lorsqu’il est exposé à un froid modéré sont de deux sortes :

  • il produit de la chaleur ;
  • il s’assure d’en réduire les déperditions.

 Mais il est aussi capable d’adaptation. Le corps est bien fait non ?

• L’accroissement de la production de chaleur

Lorsqu’il est soumis à des températures basses, le corps humain réagit en augmentant son métabolisme. Il le fait en premier lieu par le frisson si bien connu et si désagréable. Ce réflexe involontaire permet d’augmenter la chaleur du corps en brûlant des sucres présents dans les muscles.

Lorsque ce mécanisme n’est pas suffisant, le corps met en route un second système de production de chaleur appelé thermogenèse métabolique. Schématiquement, il brûle les graisses et notamment les tissus adipeux bruns.

Tous ces mécanismes ont pour effet de consommer des réserves d’énergie et ont tendance à fatiguer l’organisme. Pour un adulte en bonne santé, ils sont sans conséquence véritablement problématique. Les choses peuvent être différentes pour des personnes âgées, de santé déjà fragile ou pour des enfants en bas âge.

• La réduction des pertes de chaleur

La seconde stratégie du corps pour lutter contre le froid est inverse à la première. Il s’agit là de réduire les pertes de chaleur, en abaissant le débit sanguin cutané. On appelle cela la vasoconstriction. La peau devient alors un élément isolant entre l’air et le centre du corps comprenant les organes nobles. Un bon exemple de ce mécanisme est l’onglée que vous pouvez ressentir dans vos doigts lorsque vos mains sont exposées à un air glacé.

Il faut préciser que cette vasoconstriction touche toutes les zones de peau en contact avec le froid, y compris les muqueuses nasales. Ce point aura une importance pour la suite de nos développements.

• L’adaptation du corps humain au froid

Il faut noter pour terminer que le corps humain est capable de développer une meilleure tolérance aux frimas, lorsqu’il y est exposé de manière répétée. Plusieurs mécanismes sont décrits par les scientifiques :

  • l’adaptation de type métabolique, dans laquelle le corps apprend à mieux produire de la chaleur en réaction aux faibles températures ;
  • l’adaptation de type isolatif, dans laquelle le corps apprend à mieux s’isoler des faibles températures par amélioration des mécanismes de vasoconstriction ;
  • l’adaptation de type hypothermique, qui permet au corps de mieux supporter une légère baisse de sa température centrale.

2 – Les liens directs entre froid et maladies respiratoires

Le froid peut clairement avoir un effet délétère direct sur notre santé respiratoire. Nous aborderons ici trois points clés.

• Les effets de la thermogenèse sur la santé

Comme on a pu le voir plus haut, le corps réagit aux basses températures en produisant de la chaleur par divers moyens tels que les frissons.

Mais ces productions ne sont pas gratuites. Elles consomment de l’énergie et ont tendance à nous fragiliser à la longue. Un organisme affaibli est synonyme de défenses immunitaires plus fragiles et plus susceptibles de laisser passer telle ou telle maladie respiratoire. La répétition des agressions et des réponses de l’organisme peut donc affaiblir les personnes déjà fragiles.

Il est donc important en hiver de se protéger correctement des basses températures, surtout lorsqu’on est en petite forme physique.

Il est par ailleurs fondamental de bien se nourrir, pour donner au corps ce dont il a besoin. Une alimentation saine et équilibrée ainsi qu’une supplémentation spécifique aux mois d’hiver sont conseillées généralement. N’hésitez pas à consulter votre médecin ou votre nutritionniste pour en parler.

• Les effets de la vasoconstriction sur la santé

Lorsqu’il fait froid, le corps a tendance à abaisser le débit sanguin de la peau. Cela concerne également les muqueuses nasales qui perdent leur irrigation sanguine et se fragilisent. Les cils qui les tapissent jouent moins bien leur rôle et laissent passer plus d’agents pathogènes. Résultat : des maladies respiratoires plus fréquentes.

Dans le même temps, le froid peut déclencher également des rétrécissements du calibre des bronches qu’on appelle bronchoconstriction. Elle est extrêmement néfaste aux asthmatiques notamment.

• Les effets du froid sur la survie des virus

D’après l’Organisation mondiale de la santé, (Carlos F. Corvalán, World Health Organization 2003. Climate Change and Human Health – Risks and Responses), les climats secs et froids favorisent une survie plus longue de certains virus impliqués dans les infections respiratoires à l’extérieur de l’organisme.

Ce simple fait multiplie les occasions de faire de mauvaises rencontres virales et de tomber malade.

On le voit donc, ces trois facteurs directs augmentent sensiblement les probabilités de tomber malade en hiver. Mais quels sont les liens indirects qui peuvent exister entre froid et maladies respiratoires ?

3 – Les liens indirects entre froid et rhume

Lors de l’hiver, lorsque l‘air glacé nous caresse de ses blanches mains, nous avons fortement tendance à le fuir. Cela signifie généralement éviter de nous trouver au-dehors. Nous nous enfermons chez nous, bien au chaud, toutes fenêtres fermées, pieds de portes colmatés, et chauffage généralement au maximum. Nous préférons par ailleurs les lieux publics confinés et bien chauffés, où nous sommes au contact d’autres fugitifs des frimas de l’hiver. Ce que nous savons peu, c’est que ces comportements sont susceptibles de favoriser chez nous la survenue de maladies respiratoires diverses.

• Le chauffage et la sécheresse de l’air

Le froid par lui-même a tendance à rendre l’air plus sec. Le taux d’humidité dans l’air a tendance généralement à plonger en même temps que la température. Comme le rappelle Michel Gauthier, ingénieur en mécaniques des fluides, sans chauffage, le taux d’humidité relative est fréquemment inférieur à 40 % dans un local quelconque. Mais le fait de chauffer son logement majore encore ce phénomène. Plus un local est chauffé, plus l’air sera sec. On descendra ainsi rapidement sous les 40 % d’humidité relative.

D’après le docteur Stéphanie Taylor, conseillère en contrôle des infections à la Harvard Médical School, le niveau d’humidité relative optimal pour le système immunitaire respiratoire humain se situe entre 40 et 60 %. Il permet de réduire la propagation des maladies respiratoires saisonnières.

En effet, un taux d’humidité trop bas a pour conséquence directe l’assèchement des muqueuses nasales et de la peau. Or, les muqueuses asséchées sont beaucoup plus vulnérables aux virus de l’hiver. Autre effet de bord, un air sec entraîne une augmentation de la quantité de poussières dans l’air ambiant, ce qui peut majorer les allergies et l’inconfort respiratoire.

Pour lutter contre la sécheresse de l’air, on pourra adopter les mesures suivantes :

  • Chauffer moins. Plus l’air est réchauffé, plus il sera sec. Une température de 17° est généralement un bon compromis.
  • Bien s’hydrater soi-même.
  • Investir dans un bon humidificateur d’air.

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• La pollution de l’air domestique

Comme nous l’avons vu, un air trop sec favorise les poussières domestiques sources d’allergies diverses et variées, et pourvoyeuses de virus en tout genre. Qui plus est, sensible à la facture de chauffage qui augmente, nous pouvons être tentés de ne pas aérer suffisamment nos locaux d’habitation. Nous favorisons ainsi encore ce phénomène néfaste à notre santé.

Par ailleurs, d’autres polluants de l’air intérieur sont fréquemment relevés dans les habitations.

Ainsi l’observatoire de la qualité de l’air intérieur rappelle qu’une maison insuffisamment aérée comporte des polluants de type chimique ou physique divers. Le plus souvent, ces pollutions sont causées par les sources suivantes :

  • les matériaux de construction et les produits de décoration ;
  • les désodorisants ;
  • les produits d’entretien.

Ces pollutions ont des effets néfastes divers sur notre santé. Or, nous passons en hiver entre 70 et 90 % de notre temps dans des locaux confinés.

• La promiscuité et les virus

C’est humain, lorsque nous sommes frigorifiés, nous recherchons la compagnie de nos congénères. Nous ne sommes pas très différents en cela des manchots en Antarctique qui se pressent les uns contre les autres pour se protéger du gel.

Pour notre part, nous avons tendance à nous rassembler dans les lieux publics les plus chauds et les plus confinés.

Seulement, de la sorte, nous majorons très largement les probabilités de croiser un porteur de virus virulent et contagieux. Le désastreux épisode de la Covid-19 nous l’a malheureusement montré.

Il est donc important de garder un équilibre entre vie en intérieur et vie en extérieur. C’est d’autant plus vrai que notre corps a besoin de la lumière du jour pour fonctionner correctement. On tâchera donc de ne pas trop « hiberner » en hiver et de conserver une activité extérieure suffisante.

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Finalement la vieille sagesse populaire qu’on observe dans des phrases telles que « tu vas prendre froid », ou en langue anglaise « to catch a cold » a bien un fond de vrai.

Le froid a bien des effets néfastes sur la santé, et peut directement ou indirectement favoriser un rhume ou une autre maladie respiratoire. Heureusement, on peut retenir qu’il existe des moyens de bon sens pour se prémunir de ces effets :

  • bien se couvrir ;
  • ne pas trop chauffer ;
  • aérer son habitation ;
  • conserver un taux d’humidité dans ses locaux.

Néanmoins, et même si cela n’est pas l’objet de cet article, il faut rappeler que les basses températures en elles-mêmes peuvent avoir des effets très positifs sur le corps humain et la santé globale. La cryothérapie n’en est qu’un des nombreux exemples.

Sachez enfin que conserver un corps qui fonctionne bien est aussi une excellente garantie contre les maux de l’hiver. N’hésitez donc pas dès l’automne à appliquer les meilleures méthodes pour rester en forme en cette saison.

Christophe Marchal

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