Environnement

Sport et écologie : ne pas virer schizophrène

Chez les fans de sport, la question n’est plus de savoir où visionner le prochain match de l’équipe de France, mais d’assumer son choix de le regarder… ou pas.   Plus pimentée qu’un bon sujet politique au repas de Noël en famille, la Coupe du monde 2022 de football masculin au Qatar peut vite faire monter la mayonnaise. Pour les fans de sport et d’écologie, ne pas virer schizophrène relève du miracle. Leur conscience les tiraille. Comment trancher entre les deux camps ? Faut-il prendre le parti de l’un d’eux ? Tour d’horizon des arguments pour mieux comprendre le clivage et savoir quoi répondre.

Sport et écologie : ne pas virer schizophrène - Le blog du hérisson

Dans la famille « Mondial de la honte, pas question ! »

Dès 2010, l’attribution de la Coupe du monde 2022 donnée au Qatar fait débat. Les passions se déchaînent et très vite, les soupçons de corruption sont mis sur le tapis.

La crise écologique prend tellement d’ampleur, la décennie suivante, qu’on comprend pourquoi la climatisation des enceintes sportives à usage unique passe si mal. D’autant plus qu’on demande aux Français de mettre un pull et de baisser le chauffage pour diminuer leur consommation d’énergie…

Dans la triste liste des 11 absurdités de cette Coupe du monde au Qatar s’ajoutent les droits de la personne piétinés par l’argent et le pouvoir. Entre des milliers de décès, des personnes LGBT+ maltraitées, et des journalistes traqués, on est bien loin du vœu pieu d’universalité, d’union et d’intégration, porté par la FIFA et les Nations Unies.

Autant d’arguments qui alimentent la famille des « contre ».  Face à un tel degré d’inhumanité et de cynisme, jusqu’où faudra-t-il aller pour stopper cette indécence ? Leur réponse est simple : boycotter l’événement, la meilleure chose à faire, non ?

Du côté des apôtres de Pierre de Coubertin

Boycott diplomatique inenvisageable pour notre président : « Il ne faut pas politiser le sport ». Pourtant, le football et la politique ont toujours fait (bon) ménage. Il est même le reflet des relations politiques internationales à travers l’histoire. Emmanuel Macron tente de rectifier son tir en ajoutant qu’il fallait polémiquer à l’attribution des mondiaux… en 2010. Et ça peut s’entendre.

Les défenseurs des événements valorisent le lien social du sport, parce que l’écologie est aussi une science des relations entre les êtres vivants. Les auteurs de Sport et Écologie, un esprit d’équipe, rappellent que les humains ont besoin de liens sociaux pour vivre.

Le sport de haut niveau est aussi un vecteur de solidarité. Rappelons-nous l’image célèbre de Nelson Mandela en train de serrer la main du capitaine des Springboks, lors de la victoire de la Coupe du monde de rugby en 1995, par l’Afrique du Sud. Ou, plus récemment, celles des nombreux élans de solidarité des joueurs de football envers l’Ukraine.

Dans la famille des « pour », on met en avant toutes les autres valeurs du sport en se disant qu’on ne peut pas être sur tous les fronts, tout le temps.

Pour éviter de dédoubler sa personnalité

Telles les deux facettes d’un seul Gémeaux, comment concilier ce qui semble inconciliable ?

D’un côté, la course au « toujours plus » ne fera qu’accroître le mal-être, le réchauffement climatique et la corruption.
De l’autre, l’arrêt de tous les grands événements sportifs sera synonyme de petite mort du sport, et peut-être même de la culture. Après tout, pourquoi se priver du sport et pas d’autres activités de loisirs si elles sont tout aussi énergivores ?

Trouvons un juste milieu. Arrêtons de culpabiliser celles et ceux qui veulent regarder la Coupe du monde au Qatar ou qui s’y refusent. Écoutons les points de vue, ouvrons nos esprits. Partageons un vrai débat, constructif, pour savoir comment faire moins et mieux pour l’activité physique et l’environnement.

Il s’agit là de s’aligner avec ses valeurs et de se positionner en tenant compte de la représentation du monde de chacune ou chacun. Un ou une maire d’une ville peut tout à fait se passer d’écrans géants pour retransmettre les matchs. Mais comprenez que c’est plus complexe pour les cafetiers et restaurateurs dont les diffusions des événements sont source de revenus.

En résumé, si vous ne souhaitez pas organiser de soirées pizzas devant une Coupe du monde synonyme d’horreur, ça s’entend. Mais si l’occasion de revoir vos amis se fait à travers la retransmission d’un match, allez-y, foncez ! La vie est courte, non ? Alors, profitez ! Tout dépend où vous placez le curseur et ce curseur vous appartient.

Pour finir sur une bonne note, sachez qu’il est tout à fait possible d’aimer se dépenser et être écolo. Encore faut-il conscientiser et adapter, peu à peu, sa pratique aux nouveaux enjeux qui apparaissent. Et plutôt que de jeter la pierre aux personnes qui n’ont pas compris, tournez-vous vers celles et ceux qui mettent en place des solutions quotidiennement. Ressourceries sportives, sensibilisations des instances fédérales, plogging, écotrail et autres nouvelles pratiques écoresponsables… Des solutions sportives pour le climat sont déjà là. Partagez-les pour ouvrir plus d’esprits et faire bouger les lignes !

Julie Mascart

2 réflexions sur “Sport et écologie : ne pas virer schizophrène

  • thym romarin

    Merci pour cet article très bien écrit et intéressant. Pas du tout adepte du foot et complétement détachée des enjeux de la Coupe du Monde, je me suis surprise à la regarder, surtout les derniers matches. Mais pour ma défense, c’était dans la chambre d’hôpital de mon mari en décembre, alors qu’il tentait de se remettre d’une grave maladie, et n’avait pas d’autres activités que de regarder la TV. En plus nous vivons à l’étranger, et cela nous a donné l’occasion de nos sentir plus proche de chez nous en supportant notre équipe nationale. Malgré tout, j’avais un petit sentiment de « c’est pas bien »…

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *