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Le syndrome prémenstruel, trouble incompris

Le syndrome prémenstruel, trouble incompris depuis des siècles, possède cependant de super pouvoirs. En effet, il est responsable, chaque mois, de dépression, d’hystérie ou de douleurs physiologiques chez de nombreuses femmes. Ces symptômes surviennent avant l’arrivée des règles et peuvent être désagréables, franchement insupportables ou carrément handicapants. Toutefois, il existe des solutions pour les soulager et éviter ainsi les crimes passionnels à la Hitchcock ou les défenestrations. Coup de projecteur sur ce véritable calvaire au féminin !

Le syndrome prémenstruel, trouble incompris - Le blog du hérisson

Le syndrome prémenstruel : définition d’une souffrance universelle incomprise

Le syndrome prémenstruel (SPM) se définit par l’apparition de symptômes physiques et d’un déséquilibre psychologique avant les règles. C’est un trouble psycho-pathologique qui regroupe des bouleversements somatiques, psychoaffectifs et comportementaux. Sa spécificité réside dans son caractère périodique. En effet, les signes surviennent de manière récurrente lors de la phase lutéale qui commence après l’ovulation pendant environ 14 jours et se termine peu avant le cycle menstruel.

• Les symptômes

Les troubles psychologiques sont aussi nombreux que pénibles : irritabilité, anxiété, agitation, colère, insomnie, difficultés de concentration, léthargie, dépression ou fatigue intense. Les signes physiques se caractérisent par un gonflement et une tension mammaire, des œdèmes, une prise de poids transitoire. Mais d’autres désagréments peuvent être au rendez-vous : céphalées, vertiges, palpitations, constipation, nausées et vomissements !

Le diagnostic du syndrome prémenstruel est réalisé grâce à la description quotidienne des symptômes par les patientes elles-mêmes. L’intensité varie en fonction de chacune d’entre elles.

On estime que 20 à 50 % des femmes en âge de procréer souffrent de ce syndrome. Par conséquent, la sensibilisation du grand public sur l’existence de cette pathologie semble essentielle afin de permettre une meilleure prise en charge d’un diagnostic et d’un traitement thérapeutique.

• Les causes

Les causes du SPM sont encore vagues et méconnues. Il semble néanmoins que de nombreux facteurs soient liés au système neurobiologique et hormonal, à une prédisposition génétique et à une carence en sérotonine. Enfin, l’environnement et les habitudes de vie ainsi qu’un régime alimentaire de mauvaise qualité pourraient également influencer.

Le trouble dysphorique prémenstruel : le fardeau de 5 % des femmes

Le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) est une forme sévère du syndrome prémenstruel. Il concerne 5 % des femmes et représente une altération marquée des activités de la vie personnelle et professionnelle. Ses symptômes sont semblables en gravité, mais pas en durée, à un état dépressif majeur.

Je sombrais dans une noirceur, dans un gouffre. J’avais peine à aller à l’école, et plus tard, à travailler (…) à me réveiller, à me lever, à m’occuper de moi-même et des gens que j’aime, raconte Sarah Rodrigue dans son livre intitulé Maudites hormones aux éditions Prisma

Le TDPM est considéré comme un trouble de l’humeur depuis 2013 par le DSM-5 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, ouvrage de référence en psychiatrie.

Pour établir un diagnostic, les signes doivent être notés par la patiente pendant 2 cycles menstruels consécutifs. Cela permet également de confirmer le moment où ils apparaissent et exclure d’autres manifestations. Pour répondre aux critères et approuver ce phénomène de bouleversements, il faut relever au moins 5 éléments parmi les suivants :

  • Humeur dépressive marquée, sentiments de désespoir ou autodépréciation ;
  • Anxiété accentuée, tensions, sensation d’être nouée, nerveuse ;
  • Instabilité émotionnelle accrue (impression de tristesse soudaine, envie de pleurer) ;
  • Colère ou irritabilité prononcée et persistance ou augmentation des conflits interpersonnels ;
  • Diminution de l’intérêt pour les activités habituelles ;
  • Difficulté à se concentrer ;
  • Léthargie, fatigabilité excessive ;
  • Modification de l’appétit ;
  • Hypersomnie ou insomnie ;
  • Sentiment d’être débordée ou perte de contrôle ;
  • Gonflement de la poitrine, céphalées, douleurs articulaires, prise de poids.

La symptomatologie doit apparaître dans la semaine qui précède les règles et disparaître lorsqu’elles commencent. L’ensemble de ces signes doit être présent presque à chaque cycle de l’année et doit être handicapant au point de perturber le quotidien des patientes. Les femmes qui présentent des manifestations de dépression peuvent se tourner vers un médecin psychiatre ou tout autre professionnel de la santé mentale.

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©Anthony Tran

Les traitements pour soulager les symptômes prémenstruels

En France, il n’existe pas de prise en charge thérapeutique pour traiter le SPM. Cependant, on peut réduire l’impact des symptômes de plusieurs manières en améliorant son style de vie, en prenant certains médicaments ou en se tournant vers des remèdes plus naturels.

• Améliorer son style de vie

Pour atténuer les symptômes dus au syndrome prémenstruel, il faut commencer par s’occuper de soi-même et adopter une bonne hygiène de vie. Par conséquent, il est important de bien dormir et de pratiquer une activité physique régulière pour éviter les ballonnements, l’irritabilité, l’anxiété et les insomnies. Une alimentation saine et équilibrée est également le meilleur allié. Pendant ces périodes, il est recommandé de réduire l’apport en sel, sucre, alcool et caféine et d’augmenter la prise d’hydrates de carbone.

Enfin, les activités relaxantes, comme le yoga, sont aussi conseillées pour aider à gérer le stress de ce moment déplaisant. De même, la thérapie cognitivo-comportementale ainsi que les approches psychothérapeutiques sont utiles si les problèmes d’humeur sont préoccupants, y compris chez les femmes atteintes de trouble dysphorique prémenstruel.

• Opter pour des médicaments ou des contraceptifs

Les médecins peuvent prescrire certains médicaments en continu ou seulement pendant la deuxième moitié du cycle menstruel. Pour atténuer les douleurs et la dysménorrhée : paracétamol et anti-inflammatoires non stéroïdiens. Pour diminuer les symptômes et réduire l’irritabilité et la dépression : les antidépresseurs tels que le citalopram, la fluoxétine, la paroxétine, la sertraline, la clomipramine et la néfazodone. Enfin certains anxiolytiques peuvent être utiles, comme la buspirone, mais ils sont moins souhaitables, car ils créent une forte dépendance ou addiction. Ils comportent également des effets indésirables comme des nausées, des céphalées, de l’anxiété et des vertiges.

De même, le traitement hormonal peut être efficace pour corriger le déséquilibre chez certaines femmes. On en distingue plusieurs :

  • Les contraceptifs oraux avec une prise en parallèle de drospirénone et d’éthinylœstradiol (attention au risque de thromboembolie veineuse) ;
  • La progestérone en ovule vaginal ;
  • Un progestatif oral, pendant 10 à 12 jours avant les règles ;
  • Un progestatif à longue durée d’action tous les 2 à 3 mois.

• Se tourner vers des traitements naturels

On peut également s’orienter vers des remèdes simples autres que les médicaments pour atténuer les maux liés au syndrome prémenstruel.

En s’intéressant de plus près à la phytothérapie, on découvre qu’il existe un grand nombre de plantes qui aident à soulager les douleurs. Chacune d’entre elles possède des propriétés différentes qui ciblent les symptômes ressentis, permettant ainsi de bien mieux supporter cette période.

Le gattilier fait partie des solutions naturelles. Cette plante méditerranéenne soulage les troubles comme les ballonnements, les œdèmes ou les douleurs mammaires. Néanmoins, l’automédication est à éviter et mieux vaut en faire un usage contrôlé par un médecin, car la plante intervient sur le système hormonal. Elle comprend aussi quelques contre-indications comme les antécédents familiaux de cancer du sein. Par conséquent, la durée du traitement doit être limitée.

Certains compléments alimentaires peuvent également aider à apaiser, mais leur efficacité n’a pas été prouvée. Parmi eux, on trouve le magnésium et la vitamine B6 qui semblent agir bien mieux lorsqu’ils sont pris ensemble. Les extraits de feuilles de ginkgo calment les douleurs mammaires. Les acides gras oméga-6 comme les huiles de bourrache et d’onagre évitent la sensation de lourdeurs et de ballonnements.

Enfin, vous l’aurez compris, le syndrome prémenstruel n’est pas une maladie, mais il se caractérise par une souffrance corporelle et mentale qui diminue la qualité de vie de certaines femmes. Même si les causes sont encore inconnues, les conséquences psychosociales et économiques sont bien réelles. Tout comme les règles, ce phénomène devient aujourd’hui de moins en moins tabou. L’Espagne est d’ailleurs le premier pays d’Europe à avoir adopté le 16 février 2023 une loi créant un « congé menstruel » ! Preuve que les mœurs évoluent et que les troubles gynécologiques ne sont plus banalisés.

Émilie Diaz

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